LOBI
Vigan Gradica, porte-parole de l'AKSh : « pour un État ethnique albanais unifié »
TRADUIT PAR BELGZIM KAMBERI

Publié dans la presse : 8 septembre 2003
Mise en ligne : jeudi 11 septembre 2003

Sur la Toile

Le porte-parole de l'Armée nationale albanaise (AKSh - ANA), Vigan Gradica, exprime les positions radicales de la nouvelle guérilla, qui dénonce les accords de paix d'Ohrid, et réclame un « État ethnique » unifié pour tous les Albanais des Balkans.

Propos recueillis par Naser Pajaziti

Lobi : Quelles sont les dernières décisions prises par l'AKSh et sur quoi ses forces vont-elles se concentrer ? Est-il vrai qu'il y a déjà eu des combats entre vous et les forces de sécurité macédoniennes ?

Vigan Gradica : Notre ultimatum a produit ses effets. Après que les forces macédoniennes se sont confrontées à notre résistance et à nos forces sur le terrain, elles ont été obligées de négocier avec les Albanais et les populations habitant dans les zones de crise, sous l'égide de la communauté internationale. Nous estimons positivement l'objectivité d'une partie de la communauté internationale qui, prenant au sérieux la force des combattants de la liberté de l'AKSh, ont déclaré ouvertement aux dirigeants gouvernementaux macédoniens qu'ils pourraient de nouveau devoir se confronter à une « tempête albanaise », comme ce fut le cas en 2001. Et les Macédoniens ont choisi le chemin de la raison, en retirant les troupes armées de la base militaire qui attaquaient la population albanaise. Les forces armées macédoniennes nous ont provoqués par les armes, et lorsqu'elle ont vu notre contre-réaction, elles ont tout interrompu et ont attendu les ordres, qui sont venus plus tard, demandant leur retrait.

Lobi : On dit que différentes factions albanaises contestent votre formation. Quelle est l'importance de vos forces ?

Vigan Gradica : Il existe encore des facteurs irresponsables qui veulent injustement minimiser la force de l'AKSh. Sur le terrain, il n'y a pas d'autres forces organisées, excepté l'AKSh, qui est dirigée politiquement par le Front de l'unité nationale Albanaise (FBKSh). Ceux qui nomment les combattants de la liberté « ex-membres de l'UCK » ou autrement sont irresponsables et peuvent causer des dommages. Il n'y a pas de factions opposées dans nos rangs. Nous sommes structurés au sein de l'AKSh pour mettre en place la plate-forme du FBKSh, plate-forme qui ne reconnaît pas les Accords d'Ohrid et qui demande que les Albanais rejettent la solution colonisatrice et se réunifient aux territoires et aux populations albanophones dans un seul État, l'Albanie. Nous avons des structures armées dans tous les territoires albanais occupés.

Lobi : En peu de temps, il y a eu de la part de l'AKSh différents ordres et décisions, un ultimatum, puis après un ordre de guerre, puis un retrait de ces positions…

Vigan Gradica : Les décisions et les ordres n'étaient pas différents. Ils étaient tous sur la même ligne. L'ultimatum a été donné au moment voulu. Il a été proclamé après avoir bien évalué notre rapport de force face au pouvoir macédonien. Et nous étions prêts à affronter celui-ci efficacement, comme nous l'avons fait après la décision du pouvoir macédonien. Après l'ultimatum, nous aurions lancé une mobilisation générale. Certains nous demandent pourquoi nous rendons publiques nos informations sur Internet, mais nous avons assuré nos liaisons à travers ce moyen ! Nous nous sommes assuré de ne pas avoir des problèmes d'électricité et nous avons connu un succès certain. Nous ne nous sommes pas retirés. La communauté internationale nous a demandé de donner du temps aux discussions. Alors que les forces militaires macédoniennes avaient proclamé une « détente », nous avons fait de même pour donner une chance aux moyens pacifiques de résoudre le conflit créé par les forces génocidaires macédoniennes. Nous n'avons pas retiré nos forces, ni celles à l'intérieur des zones de crises, ni les autres que l'on avait envoyé en renforcement.

Lobi : Abdyl « Çakalla » Jakupi dit qu'il est le représentant de la vraie AKSh et vous accuse de commettre des activités anti-albanaises…

Vigan Gradica : Nous avons expliqué notre position envers Abdyl Jakupi. Il n'est pas dans les rangs de l'AKSh. Il y a quelques personnes qui prétendent être la « vraie AKSh ». Le peuple a bien vu que les « vrais » ne sont là que pour piller le peuple avec des masques ou jouer le jeu des serbo-macédoniens contre les forces de l'AKSh. Nous avons déclaré ne pas être liés avec des criminels ou avec tous ceux qui veulent empêcher notre noble combat pour la réunification nationale en lançant des accusations fausses et sans fondement. Pourquoi serions-nous « anti-albanais » en faisant la guerre pour un seul pays ethniquement albanais ? Nous ne sommes plus une énigme, aux yeux de la population ni des médias. Tous ceux qui sont objectifs dans leur analyse des différents mouvements politiques nationaux ne peuvent pas négliger la présentation positive de l'AKSh. Du moins, ils peuvent s'en convaincre en lisant nos 29 communiqués.

Lobi : Une grande partie des habitants de la région de Likovo disent qu'ils ne soutiennent pas vos forces ni une nouvelle guerre...

Vigan Gradica : Personnellement, je ne connaissais pas cette enquête d'opinion où l'on aurait évalué l'opinion de la population de la région de Likovo. J'ai souvent été dans cette zone, j'y étais lors de la crise et la population avait justement appuyé notre force de combat, le seul espoir de salut, qui avait promptement réussi à mettre en place un système d'équilibre entre les forces de l'ennemi, les empêchant de se venger comme en 2001. Nous avons aussi interpellé tous les acteurs internationaux et nous les avons emmenés dans les zones de crise, pour protéger la population des risques d' exaction. La réponse à la deuxième partie de votre question est évidente : aucun peuple n'aime la guerre, encore moins un peuple épris de paix comme le peuple albanais. Et l'AKSh n'aime pas davantage la guerre, mais elle nous est imposée. L'état des choses colonial nous l'impose. Cet état de misère du peuple albanais dans cinq pays limitrophes nous l'a imposé. Tant que cette injustice existera, si la logique de la raison des colonisateurs et de la communauté internationale ne marche pas, la guerre est inévitable.

Lobi : Quelle sont vos objectifs pour la région de Lipkovo et Aracinovo ? Comment estimez-vous la dernière rencontre de Vaksince avec les députés du BDI ?

Vigan Gradica : Malheureusement, nous avons constaté que les forces militaires macédoniennes ont déclenché leurs expéditions anti-albanaises avec le feu vert d'Ali Ahmeti et de Buxhaku. Les discussions ont été un succès parce que la population était déterminée à ne pas accepter sur son territoire les forces militaires macédoniennes et certains « clowns » de la « multiethnicité ».

Lobi : Y avait-il des représentants de l'AKSh lors de ces discussions ?

Vigan Gradica : Dans toutes les discussions qui ont eu lieu, les représentants politiques du FBKSh étaient présents. De même que lors de la rencontre avec la population, les représentants locaux de l'AKSh étaient également présents.

Lobi : Avez-vous le soutien de la communauté internationale, quand on sait que vous figurez sur les listes noires des plus importantes institutions internationales ?

Vigan Gradica : Notre direction politique, le FBKSh, a déclaré plusieurs fois, notamment à la communauté internationale, que la question albanaise est d'abord la question des Albanais ! Nous avons décidé de vivre ensemble, comme l'a voulu la nature, dans un pays unique, avec un territoire réunifié. Personne ne peut nous convaincre qu'il serait mieux de nous unir avec les Serbes et les Macédoniens plutôt qu'avec nous-même, les Albanais ! La communauté internationale commence à être convaincue que l'on mérite de disparaître de leurs listes noires, puisque nous ne sommes pas des forces terroristes. Il y a eu 29 actions de l'AKSh. Dites-moi combien de civils ont été touchés par ces actions ? Combattre pour la liberté du peuple, pour sa réunification en un seul État, pour éliminer définitivement la source des plaies génocidaires des Balkans en mettant en place une paix réelle, tout ceci nous permet de mériter une place sur les « listes blanches ». Pour les vrais Albanais patriotes, la soi-disant « liste noire » est donc considérée comme une liste blanche.

Lobi : Comment évaluez-vous les activités des partis politiques albanais (BDI, PDSh et PPD) en Macédoine à propos des derniers événements ?

Vigan Gradica : Les partis politiques albanais en ex-République yougoslave de Macédoine sont loin de représenter l'âme et de la vision du peuple albanais. Il est temps de devenir raisonnable et d'arrêter de mentir au peuple avec la « multiethnicité » ! C'est un chemin qu'ont emprunté d'autres personnalités dans le passé, plus intelligentes qu'eux ! Et dire qu'ils ont vu une simple « querelle » dans ces guerres sanglantes ! Un État ethnique albanais dans les Balkans, c'est la seule solution. Il ne faut pas qu'ils tardent à s'aligner sur cette position.

Lobi : Le FBKSh a estimé comme positive l'initiative des acteurs internationaux sous la direction de l'OSCE pour dialoguer avec les partis politiques albanais, les forces parlementaires de Macédoine, les représentants de l'AKSh et le pouvoir macédonien pour trouver une solution acceptable pour la crise. Comment estimez-vous ceci, quand on sait que votre plate-forme politico-militaire est favorable à une Albanie réunifiée ?

Vigan Gradica : Nous avons une stratégie unifiée : nous alignerons nos décisions sur la stratégie du FBKSh. La déclaration du FBKSh est cohérente avec notre stratégie. Nous voulons développer notre guerre de libération et de réunification nationale, la gagner, la célébrer et qu'elle soit reconnue par toute la communauté internationale. C'est dans ce cadre que nous agissons et nous le ferons de toutes nos forces et de toute notre âme.

(Mise en forme : Étienne Dubé)

© Tous droits réservés Lobi
© Le Courrier des Balkans pour la traduction

Les opinions exprimées sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les opinions du Courrier des Balkans

http://www.balkans.eu.org/article3573.html


 
5 septembre 2003 
  10:10   Le chef de l'Armée nationale albanaise interdit de séjour en Suisse
Berne (AP) Le terroriste Gafurr Adili, chef de l'Armée nationale albanaise, est interdit de séjour en Suisse. Le Conseil fédéral a prononcé son expulsion, a annoncé vendredi le Département fédéral de justice et police (DFJP). Emprisonné depuis juillet dernier en Albanie, Gafurr Adili avait obtenu l'asile en Suisse, où il avait créé une base logistique pour financer ses activités terroristes.
L'Office fédéral des réfugiés avait déjà révoqué l'asile de Gafurr Adili en juillet dernier. En prononçant son expulsion, le Conseil fédéral lui ôte toute possibilité de séjourner légalement en Suisse.
D'origine macédonienne, Gafurr Adili est le dirigeant politique et militaire du groupe terroriste «Armata Kombëtare Shhqiptare» (AKSh), qui appelle à la lutte armée contre la Macédoine, la République fédérale de Yougoslavie et le Monténégro dans le but de créer une grande Albanie dans les Balkans. Elle a revendiqué une série d'attentats dans lesquels 25 membres des forces de sécurité macédoniennes et serbes ont péri depuis 2001. Ses dirigeants sont sur la liste noire du gouvernement américain. AP
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