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JAVA
Kosovo : Hashim Thaçi et le dialogue Pristina-Belgrade
TRADUIT PAR BELGZIM KAMBERI

Publié dans la presse : 30 janvier 2003
Mise en ligne : vendredi 31 janvier 2003

Sur la Toile
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Le statut du Kosovo n'est pas seulement une question qui concerne Pristina, et encore moins Belgrade, mais une question internationale. Les différences entre Pristina et Belgrade touchent au contenu et ne sont pas seulement techniques. Interview de l'ancien dirigeant de l'UCK et actuel président du Parti démocratique du Kosovo, Hashim Thaçi.

 

Propos recueillis par Arlinda Desku

Java (J) : Est-il vrai que vous avez convié le Premier ministre serbe Zoran Djindjic à des entretiens ?

Hashim Thaçi (HT) : Je n'ai rien à ajouter à l'explication publique que j'ai donnée. Je répète qu'il n'y a pas et qu'il n'y a jamais eu de ma part de telle initiative. Il y a plus d'un an, le Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic avait demandé une rencontre avec moi, par une invitation officielle, dont l'opinion publique a été informée. Je n'avais pas accepté l'offre pour des raisons d'agenda. Le Kosovo a ses institutions légitimes et ses représentants. Le PDK participe et codirige ces institutions. Le Kosovo et ses voisins ont besoin de coopération et de compréhension. Cette coopération doit être transparente et responsable envers l'opinion publique. Je respecte les initiatives visant à créer de bonnes conditions pour l'ouverture d'un processus de compréhension et de collaboration régionale.

J : Est-ce qu'une telle rencontre aurait un sens, alors que le Kosovo a ses institutions ?

HT : Les représentants élus par des scrutins libres et démocratiques sont légitimes, et leurs rencontres sont donc à mes yeux légitimes et constructives. Évidemment, parmi ces représentants, ceux qui ont une légitimité morale, politique et juridique ont le plus poids. Les institutions locales du Kosovo sont le résultat d'un accord entre les trois plus grands partis politiques kosovars.

J : Vous disiez que vous respectiez les initiatives visant à favoriser l'ouverture d'un processus de compréhension et de collaboration. Est-ce que cela veut dire que vous êtes prêt à discuter avec des représentants serbes ?

HT : Il est indispensable que nous travaillions en dans le sens d'une paix durable et du début d'un processus de compréhension et de collaboration régionale. Le Kosovo doit établire des relations normales avec tous ses voisins. L'ordre démocratique ne se construit pas avec des préjugés, nous ne devons pas rester otages de nos paranoïas historiques.

J : Accepteriez-vous de rencontrer Djindjic, si c'est vous qui demandez cette rencontre ?

HT : Si je le demande, alors je le rencontrerais.

J : Pourquoi dit-on que les négociations avec Belgrade doivent s'orienter vers des questions pratiques et techniques, mais pas sur le statut du Kosovo ?

HT : Les questions qui se posent doivent être traitées sur la base des standards occidentaux, qui doivent être identiques pour tous les peuples et tous les pays. En cas de collaboration bi, tri ou multilatérale, il ne s'agit pas de questions techniques, mais de questions de principe. Les relations entre des pays voisins ne doivent pas être réduite à un niveau logistique.

J : Pensez-vous que le dialogue avec Belgrade sur le statut du Kosovo soit incontournable ?

HT : Il est connu que Pristina et Belgrade ont combattu entre elles, que la communauté internationale est intervenue, qu'a été convoquée la conférence de Rambouillet, durant laquelle le Kosovo a accepté l'offre de l'Occident, que la Serbie a refusé. Aujourd'hui, le Kosovo est libre, mais avec un statut encore indéfini. Le statut du Kosovo n'est pas seulement l'affaire de Pristina, encore moins de Belgrade, mais une question internationale. Les différences entre Pristina et Belgrade touchent au contenu et ne sont pas seulement techniques. Au Kosovo, une réalité démocratique est en train de se créer, qui représente une garantie de sécurité pour toute la région. Ici, au Kosovo, nous devons promouvoir un dialogue intérieur, à la fois un dialogue inter-albanais et un dialogue kosovar général. Si nous ne nous reconnaissons pas et ne nous respectons pas les uns les autres, l'occident ne nous reconnaîtra pas non plus. Le monde démocratique ne reconnaît pas ceux qui ne se respectent pas entre eux. La période la plus propice sera celle où nous aurons un consensus interne, et où la communauté internationale manifestera une attention soutenue et une compréhension pour le Kosovo et les revendications de ses citoyens.

J : Les discussions avec Belgrade font partie des obligations avancées par l'administrateur Michael Steiner. Êtes-vous d'accord avec ceci ?

HT : Mon raisonnement est que les obligations qui sont en phase avec les règles du monde démocratique font partie de nos engagements avant et après l'adoption du statut. Certaines obligations aideront à définir ce statut, de même que le statut aidera à respecter ces obligations.