ONU (Communiqués de presse) - 11 mai 2004


L'Envoyé de l'ONU au Kosovo engage à réfléchir aux difficiles choix de la
mi-2005



11 mai - Le Représentant spécial pour le Kosovo a effectué aujourd'hui son
premier bilan devant le Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation dans
la province après la vague de violences de mars. Il a annoncé qu'un examen
des procédures de la Mission de l'ONU était en cours et a engagé le Conseil
à commencer à réfléchir aux choix à venir.


Présentant son premier rapport au Conseil de sécurité depuis ce qu'il a
qualifié de « revers le plus sérieux rencontré par la MINUK (Mission
d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo) en cinq ans
d'efforts », le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo a
aussi indiqué qu'il avait « secoué la mission jusqu'à ses fondations. »


Il a affirmé que la MINUK ferait tout ce qu'elle pourrait pour traduire en
justice ceux qui ont provoqué ou ont pris part à la vague de violence qui a
submergé le Kosovo à la mi-mars.

« 270 arrestations ont été effectuées à ce jour », a-t-il indiqué, ajoutant
cependant que « la priorité était de cibler les organisateurs ainsi que les
auteurs d'homicides et les incendiaires. »


Pour y parvenir, la MINUK a requis le déploiement de 100 inspecteurs de
police supplémentaires, de six procureurs internationaux et de trois juges
également internationaux.


« Jusqu'à présent, 14 inspecteurs sont arrivés au Kosovo et nous en
attendons 20 supplémentaires prochainement », a indiqué M. Holkeri qui a
exprimé sa gratitude pour l'aide ainsi apportée mais a toutefois demandé «
une implication plus déterminée de la part des Etats membres pour nous
permettre de faire progresser les investigations. »


Il a également rappelé que la Mission avait subi un nouveau choc quand, le
17 avril, trois gardiens ont été tués et onze blessé quand une unité de la
police spéciale jordanienne avait ouvert le feu sur eux sans qu'il y ait eu
de leur part aucune provocation préalable. Un des policier jordanien a été
tué quand les gardiens américains ont riposté. « Une enquête est ouverte sur
le rôle de ses quatre collègues dans l'affaire et l'un d'eux reste en
détention », a indiqué M. Holkéri.


« La violence nous a forcé à nous regarder dans la glace » et à « nous
demander si la réponse que nous apportions était adéquate », a poursuivi le
Représentant spécial qui a également indiqué que « la Mission avait passé en
revue ses procédures opérationnelles et sa coordination en cas de crise » et
qu'à cette fin, il avait nommé un conseil d'évaluation et qu'il agirait en
fonction de ses recommandations.


Rappelant que 4 100 personnes avaient déplacées en deux jours, il a estimé
que « la viabilité des retours en 2004 dépendait d'une variété de facteurs
et notamment des initiatives prises par les Institutions provisoires
d'administration autonome pour rétablir la confiance et améliorer la
sécurité. »


La décision du Gouvernement du Kosovo de reconstruire les maisons
endommagées est une initiative bienvenue à condition qu'il ne s'agisse pas
d'un effort superficiel et mené à contrecoeur, a fait observer Harri Holkeri
qui a par réaffirmé que les droits de toutes les communautés pouvaient être
garanties, surtout si les Normes pour le Kosovo étaient mises en ouvre.

Ces « normes restent pour la MINUK en tête de ses priorités », a-t-il
déclaré.


L'engagement des Institutions autonomes et de toute la population du Kosovo
en faveur de la mise en ouvre de leur plan d'application est un élément
crucial de leur succès, a poursuivi le Représentant spécial qui a estimé que
les prochaines élections allaient constituer un test à cet égard.


« Il reste beaucoup à faire et nous avons peu de temps pour cela », a
souligné Harri Holkeri qui a indiqué, sur les questions des retours, des
communautés et de la liberté de mouvement, que les retards pris par rapport
au calendrier fixé le préoccupaient.


« Je sais que le Premier Ministre partage mon point de vue », a-t-il ajouté.

Il a de nouveau déploré que la communauté serbe ait décidé de ne pas
participer au processus et a indiqué qu'il allait continuer à s'efforcer de
la faire changer d'avis.


Quant au dialogue direct entre Pristina et Belgrade, lancé avec succès au
niveau de deux groupes de travail, peu de temps avant l'éruption de
violence, il a depuis été différé. « Dans les semaines qui sont suivi les
manifestations de la violence, les dirigeants de Belgrade et de Pristina
m'ont indiqué que compte tenu de la situation politique, le dialogue était
suspendu », a indiqué Harri Holkeri qui a toutefois fait remarquer que, dans
la mesure où le dialogue en direct constituait l'une des Normes, il ne
pourrait être repoussé indéfiniment.


Il a également indiqué avoir pris note du plan proposé le Premier Ministre
serbe Kostunica et approuvé par l'Assemblée nationale et « partager les
préoccupations de Belgrade concernant la sécurité et la viabilité économique
de la communauté serbe au Kosovo. »


Le Représentant spécial a conclu en rappelant que le Conseil de sécurité
avait endossé le mécanisme débouchant sur l'étude du futur statut du Kosovo.
« Il ne m'incombe pas de prendre cette décision même si je donnerai sans
aucun doute mon point de vue, le moment venu. Mais, à un plus d'un an de la
mi-2005, il faudrait réfléchir dès à présent à la façon de gérer les choix
difficiles qui se préparent », a-t-il déclaré.