Texte destiné au « Courrier des lecteurs » du Figaro le 12/10/2004
L’entrée
de la Turquie dans l’Union européenne une chance pour les valeurs
occidentales
La controverse pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne bat son plein. Mais elle est faussée par des prises de positions intransigeantes et des critiques pas toujours fondées. En effet la « dimension historique »est pratiquement absente du débat. L’on ne peut occulter la part historique qu’a eue cette partie du monde antique (Asie Mineure occidentale) dans la constitution de la « civilisation européenne » : les Etrusques sont partis de Lydie et les Pélasges y ont précédé les Grecs ! Dès le IIIe millénaire cette région fut occupée par des populations thraco-phrygo-illyriennes d’origine balkano-danubienne (Troyens, Phrygiens, Dardanes, Thraces, Mosques, Mysiens, Lyciens, Lydiens, etc) de souche pélasgique alors que l’Est est resté entre les mains des royaumes hittites respectifs jusqu’à leur défaite à Kadesh (-1296) par les Egyptiens. Puis l’Asie Mineure occidentale fut occupée par les premiers hellènes au VIIe s avant JC (Eolide, Ionie et Doride). Ensuite ce fut le tour de l’Empire romain d’Orient jusqu’en 395 après JC (avec Constantinople comme capitale), occupation suivie par celle de l’Empire byzantin jusqu’en 1453 (avec Byzance comme capitale). Les Ottomans ne se sont véritablement installés dans cette région qu’avec l’avènement d’Othman 1er en 1299 et après y avoir chassé les Seldjoukides qui sévissaient dans toute la région depuis le XIe siècle. N’oublions pas que les chefs ottomans étaient issus de tribus (minoritaires dans le pays) arrivées d’Asie centrale. A cette époque tardive l’Asie Mineure était composée, en majorité, de populations disparates comprenant des Thraco-illyriens, Grecs, Arméniens, Circassiens, Caucasiens, juifs, etc.
Donc on le voit bien le destin de l’Asie Mineure occidentale était étroitement lié à celui de l’Europe. Par conséquent admettre la Turquie au sein de sa mère patrie ne constitue absolument pas une hérésie. Son appartenance actuelle à la communauté musulmane ainsi que sa situation géographique (majeure partie en Asie) ne peuvent être une raison valable pour une éventuelle exclusion. D’autant plus qu’elle peut devenir un rempart naturel et efficace voire une zone tampon contre toute tentative islamique de déstabilisation de l’Europe.
Mathieu AREF (Paris)