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PANORAMA
La question de la minorité cham au Parlement albanais
TRADUIT PAR MANDI GUEGUEN
Publié dans la presse : 20 février 2004
Mise en ligne : mercredi 25 février 2004
Un projet de résolution sur le problème de la minorité cham était en
discussion au Parlement albanais. Le projet a été signé par 53 députés de
toutes allégeances politiques, exception faite des Démocrates de Sali
Berisha.
Par Elisabeta Ilnica
Contrairement à ce qui était prévu, les Socialistes (PS, au pouvoir) ont
rejoint l'initiative de l'ensemble des partis de droite, sauf qu'en fin de
compte, ce sont les démocrates (PD, principale force d'opposition) qui ont
refusé de signer la résolution sur le problème de la minorité cham [1] en
Albanie. La résolution contenait les signatures de deux ministres du cabinet
de Fatos Nano, Agron Duka et Engjell Bejtaj. Il se pourrait que « les
démocrates n'aient pas pu étudier ce document, puisqu'au moment où il a été
élaboré, en septembre dernier, ils étaient tous partis en campagne
électorale dans leurs régions. Nous sommes tous très concernés par la
question cham », a affirmé un député démocrate, Fatos Beja, en ajoutant que
lui-même n'avait toujours pas eu en main ledit projet de résolution. Le
vice-directeur du PD, Bamir Topi, accusait la majorité de négliger cette
question.
Cette résolution est la seule, depuis douze ans, à exprimer l'inquiétude du
parlement albanais sur le l'absence de réponses sérieuses à la question
cham, et de leur droit inaliénable à la propriété.
Les Chams entre 1992 et 2004
Même si dans ses déclarations de chef de l'opposition, Sali Berisha s'est
érigé en défenseur de cette question, il n'a pas effectué de déclarations
publiques contre la Grèce lors de son mandat. Des sources proches de la
direction démocrate font savoir que « Berisha a exigé des Grecs le respect
des droits des Chams et la résolution des problèmes, sous condition de ne
pas rendre la chose publique ». Le gouvernement socialiste a, lui, soulevé
la question cham, du point de vue de la propriété mais non pas de celui de
la réinstallation territoriale, comme le soulignaient les commentaires des
extrémistes grecs. Le premier à avoir rompu la glace de la question cham
était l'ex-Premier Ministre, Ilir Meta, lors de sa première visite
officielle en Grèce, et sa rencontre avec son homologue grec, Simitis,
lequel a eu cette réponse : « Cette question n'existe pas pour nous ». Suite
à cela, la question revenait à l'actualité par intermittence, jusqu'au
moment où, en septembre dernier, le chef des libéraux Ekrem Spahia, rejoint
par Uran Metko (du Front National), ont élaboré ce projet de résolution.
Entre-temps, six députés européens ont envoyé au chef de la Commission des
Affaires étrangères, Chris Patten, un mémorandum intitulé « Les Chams en
Grèce doivent jouir des mêmes droits dont jouit la minorité grecque en
Albanie ». La commission en question a rejeté la demande sous prétexte que
« la question cham est une question intrinsèque aux relations bilatérales
entre l'Albanie et la Grèce ».
Le contenu de la Résolution
Faire appel au Parlement de la République de la Grèce pour exercer ses
compétences dans la solution du problème de la population cham.
Faire appel au Parlement Européen, le Congrès Américain, les Parlementaires
des pays signataires de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme,
pour se servir de leur pleine autorité afin de corriger l'injustice
historique subie par la population cham martyrisée, et de respecter les
droits de l'Homme.
Charger le Président du Parlement à transmettre officiellement cette
résolution, aux instances susmentionnées.
La valeur des propriétés cham atteint 340 millions USD
Un des textes de l'International Crisis Group soulignait que la valeur
totale des propriétés des Chams, à la fin de la deuxième guerre mondiale,
était de 340 millions $US, et que l'échange est aujourd'hui estimé à 2.5
milliard $US. En 1940, on avait compté, outre les maisons et les terrains,
65 000 hectares de forêt, 108 000 hectares de prairie et 30 000 hectares de
terres agricoles.
L'initiateur de la résolution, Spahia, demandait à ce que soit abrogée l'
état de guerre entre les deux pays. Il demandait également au Président
Moisiu de ne pas adopter les décrets militaires belliqueux concernant les
relations gréco-albanaises, qui ont été approuvés lors de la séance plénière
du jeudi dernier.
Les légalistes exigent de meilleures relations entre les deux Etats voisins,
mais celles-ci auront lieu seulement si l'intérêt est réciproque. Un accord
sur les Forces Armées ne pourra pas être de mise tant qu'il existera un état
de guerre entre la Grèce et l'Albanie, et la question cham est une des
raisons de l'existence de cette loi.
Le gouvernement doit demander au Parlement Grec d'abroger la loi de la
guerre et non pas d'accroître la collaboration militaire.
Le Premier ministre Fatos Nano affirme que l'état de guerre n'a qu'une
existence formelle après l'Accord d'Amitié signé en 1996 ; pourquoi n'
est-elle pas alors abrogée ? Cette loi retient en otage les propriétés chams
sur nos territoires. Depuis la création de leur Parti, les Libéraux ont
privilégié les questions nationales. Le projet de la résolution n'a fait que
donner corps à leur appel et ils demandent désormais qu'elle soit signée par
tous les députés, car la question est d'intérêt général.
[1] Albanais du nord de la Grèce, chassés après la fin de la deuxième guerre
mondiale.