Conseil de sécurité
4928e séance – après-midi
LE
CONSEIL DE SECURITE CONDAMNE LES VIOLENCES AU KOSOVO ET INVITE LES
AUTORITES DE LA PROVINCE A RESTAURER LE CALME
Le Conseil de sécurité
a fermement condamné ce soir -dans une déclaration présidentielle-
la flambée de violence interethnique à grande échelle qui
s’est déclenchée hier au Kosovo et qui a fait de nombreux
morts et des centaines de blessés. Réuni sous la présidence
de Jean-Marc de la Sablière (France) -en présence du Secrétaire
général des Nations Unies, Kofi Annan,
du Ministre des affaires étrangères de Serbie-et-Monténégro,
Goran Svilanovic, et du Vice-Chancelier
allemand et Ministre des affaires étrangères, Joschka
Fischer-, le Conseil a également condamné fermement les attaques
perpétrées contre les troupes de la Force de paix au Kosovo (KFOR)
et contre le personnel et les sites de la Mission
d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).
Les responsables de ces violences doivent être traduits en
justice et comprendre qu’une attaque contre la présence
internationale est une attaque contre la communauté
internationale tout entière et que l’extrémisme n’a pas sa
place dans l’avenir du Kosovo, affirme également le Conseil.
Cette violence à
motivation ethnique doit être fermement condamnée, avait déclaré
Kofi Annan
en début de séance, avant de juger choquant que des lieux de
culte, des cimetières et des habitations aient été attaqués de
manière très ciblée tant au Kosovo que dans d’autres régions
de Serbie-et-Monténégro. Suite
aux attaques perpétrées contre le personnel de la MINUK et les
troupes de la KFOR, en particulier dans la région de Mitrovica,
le Secrétaire général a annoncé un redéploiement du personnel
international en un lieu plus sûr. Tout comme le Conseil de
sécurité, dans sa déclaration, Kofi
Annan a jugé que la violence devait
cesser immédiatement et que les responsables des communautés
ainsi que les représentants des institutions transitoires
devaient travailler étroitement avec la communauté
internationale, le peuple du Kosovo et tous les autres afin de
restaurer le calme. Pour sa part, Joschka
Fischer a exhorté les dirigeants politiques locaux à soutenir
les autorités judiciaires lorsqu’il s’agira d’appréhender
et de juger les responsables de ces violences.
Le Ministre allemand des affaires étrangères a par ailleurs
appelé les dirigeants de Belgrade à faire face à leurs
responsabilités et à prévenir toute escalade de la violence,
laquelle ne pourrait que servir les intérêts des extrémistes.
Les évènements qui se sont produits hier remettent en question
la Mission des Nations Unies même, ainsi que les efforts de résolution
pacifique des problèmes auxquels se heurte cette province, a
affirmé pour sa par son homologue de Serbie-et-Monténégro.
La population serbe est victime de nettoyage ethnique que la KFOR
et la MINUK n’ont pas réussi à endiguer cinq ans après
l’arrivée de la communauté internationale au Kosovo, a protesté
Goran Svilanovic, et cette crise aura
des conséquences très graves. Il a invité la communauté
internationale à reprendre le contrôle de la situation sur le
terrain et jugé que le Conseil de sécurité devait définir des
lignes directrices en matière politique, compte tenu de la
violence organisée qui constitue la menace la plus importante à
la paix et à la sécurité. Le représentant du Royaume-Uni
a annoncé quant à lui que les premières unités militaires dépêchées
par son Gouvernement au Kosovo, à la demande de l’OTAN, étaient
arrivées aujourd’hui dans la soirée.
Outre
les personnalités déjà mentionnées, tous les membres du
Conseil et les représentants des pays suivants se sont exprimés
au cours de ce débat : Albanie, Irlande (au nom de l’Union
européenne, des pays associés et des pays candidats), Japon,
ex-République yougoslave de Macédoine et Jordanie.
RESOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998),
1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SECURITE
Le
Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a
relevé que 31 personnes avaient trouvé la mort suite à la résurgence
de la violence au Kosovo au cours des deux derniers jours.
Une violence à motivation ethnique qui doit être fermement
condamnée, a dit M. Annan, déplorant
que des communautés s’attaquent à d’autres communautés.
Le Secrétaire général a jugé choquant que des sites religieux,
des cimetières et des habitations aient été attaqués de manière
très ciblée tant au Kosovo que dans d’autres régions de la Serbie-et-Monténégro.
Il a également déploré les attaques perpétrées contre le
personnel de la MINUK et les troupes de la KFOR, en particulier
dans la région de Mitrovica,
justifiant ainsi un redéploiement du personnel international en
un lieu plus sûr. Soulignant que ces événements
traduisent la fragilité des institutions et des relations au
Kosovo en dépit des progrès depuis 1999, M. Annan
a jugé que la priorité devait être aujourd’hui le
renforcement de la sécurité. Il a dans ce cadre salué la
décision de l’OTAN de renforcer ses troupes. La violence
doit cesser immédiatement, a poursuivi le Secrétaire général,
et les responsables des communautés ainsi que les représentants
des institutions transitoires doivent travailler étroitement avec
la communauté internationale, le peuple du Kosovo et tous les
autres afin de restaurer le calme. M. Annan
a enfin rappelé aux dirigeants de la communauté albanaise du
Kosovo qu’ils avaient la responsabilité de protéger les autres
minorités au Kosovo dans la mesure où ils constituent la
communauté ethnique la plus importante.
M. GORAN
SVILANOVIC, (Ministre des affaires étrangères de la Serbie-et-Monténégro)
a estimé que les évènements qui se sont produits hier remettent
en question la mission des Nations Unies même et les efforts de résolution
pacifique des problèmes auxquels se heurte cette province.
La population serbe est victime de nettoyage ethnique que la KFOR
et la MINUK n’ont pas permis d’endiguer cinq ans après
l’arrivée de la communauté internationale. Ces attaques
constituent un message à l’intention des Serbes leur disant
qu’ils doivent partir. Il s’agit d’une manière de
dire à la KFOR et à la MINUK qu’ils n’ont aucun pouvoir.
Il s’agit également d’une fronde face à l’autorité du
Conseil de sécurité. Cette crise aura des conséquences très
graves, a estimé le Ministre qui a demandé à la communauté
internationale d’adopter une attitude responsable et de définir
de nouvelles modalités d’intervention. Il a également
demandé un renforcement de la présence internationale pour protéger
la population serbe qui est prête à fuir. La présence
internationale doit reprendre le contrôle des évènements sur le
terrain et il faut sécuriser la frontière entre la Serbie et
l’ex-République yougoslave de Macédoine. Nous sommes
clairement en présence d’un extrémisme politique. Le
Conseil doit définir ses lignes directrices en matière politique
compte tenu de la violence organisée qui constitue la menace la
plus grave à la paix et à la sécurité. Les déclarations
de bonnes intentions ne suffisent pas mais des initiatives doivent
être prises pour mettre un terme à cette vague de violence.
M. JOSCHKA
FISCHER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne,
s’est dit choqué par les récents événements au Kosovo.
Il a salué les efforts du Représentant spécial du Secrétaire général,
M. Holkeri, du personnel de la Mission
des Nations Unies au Kosovo (MINUK), de la KFOR ainsi que de la
police pour garder le contrôle de la situation. Il a déclaré
que la communauté internationale ainsi que les dirigeants du
Kosovo, qu’ils soient serbes ou albanais, allaient devoir faire
face à de lourdes responsabilités dans les jours à venir, le
plus urgent étant de rétablir l’ordre. Il s’est dit
particulièrement inquiet d’apprendre que des troupes de la KFOR
avaient été prises à partie. Notant que la violence
politique se nourrissait avant tout de désinformation, il a
souligné l’importance d’un comportement responsable des médias.
La violence interethnique est absolument inacceptable, a-t-il
insisté, en exhortant les dirigeants politiques à soutenir les
autorités judiciaires lorsqu’il s’agira d’appréhender et
de juger les responsables de ces violences. Il faudra
expliquer que ces personnes ne sont pas seulement des ennemis de
l’ordre public mais aussi des ennemis des aspirations légitimes
du peuple du Kosovo à la démocratie. Il n’y aura pas
d’impunité pour les auteurs de ces violences, a-t-il encore
insisté, en exhortant les dirigeants politiques albanais et
serbes du Kosovo à apparaître ensemble devant le peuple kosovar
pour défendre de concert les valeurs de la démocratie contre
l’anarchie.
Par ailleurs, il a
appelé le pouvoir politique de Belgrade à faire face à ses
responsabilités afin de prévenir toute escalade de la violence
laquelle ne pourrait que servir les intérêts des extrémistes.
Nous exhortons Belgrade à tout mettre en œuvre pour éviter des
attaques de sites religieux à l’instar de celles qui ont eu
lieu hier à Belgrade et Nis. Nous exhortons également
Belgrade à poursuivre le dialogue direct avec Pristina entamé ce
mois dans le cadre des groupes de travail sur l’énergie et les
personnes disparues. Les événements survenus hier nous
montrent que la seule alternative au chaos et à la misère est la
mise en place d’une société basée sur la tolérance et les
valeurs démocratiques. Il a souhaité que ces actes
n’entravent en rien le processus en cours au Kosovo. Dès
le calme revenu, a-t-il souhaité, il faut que les efforts pour la
mise en place de normes démocratiques au Kosovo se poursuivent et
que le plan de mise en œuvre soit finalisé. Ce n’est
qu’en se concentrant sur la mise en œuvre de ces normes, a-t-il
conclut, que nous pourrons laisser derrière nous ces tragiques événements
et avancer en direction des aspirations européennes du Kosovo.
M. HERALDO MUNOZ (
Chili) a condamné fermement les récents
actes de violence, les pires qui aient été commis depuis 1999
entre
Albano-Kosovars et
Serbo-Kosovars,
qui ont fait des morts, des centaines de blessés –dont des
agents de la MINUK- et des dégâts matériels sérieux.
Leurs responsables doivent être poursuivis en justice, a-t-il
dit, avant d’exhorter le Conseil de sécurité à ne pas se
pencher trop longuement sur les causes de cette violence et de
demander plutôt aux parties de faire taire les armes et de
reprendre le dialogue. Sans dialogue constructif entre
Belgrade et Pristina, entre la MINUK et les institutions
provisoires, il sera difficile de faire progresser le processus de
normalisation dans la province du Kosovo, a-t-il dit, avant de réaffirmer
la pertinence du principe des normes avant le statut.
M.
ZHANG YISHAN (Chine) s’est dit choqué par les
affrontements sanglants au Kosovo et a condamné ces violences
dans les termes les plus vifs. Il a exhorté les diverses
communautés ethniques à faire preuve de la plus grande retenue.
Cinq ans après l’adoption de la résolution ayant établi une
présence internationale dans la province, il reste encore
beaucoup à faire pour que la coexistence pacifique des communautés
serbe et albanaise soit une réalité.
M. MIHNEA IOAN
MOTOC (Roumanie) s’est félicité de la décision de l’OTAN
d’envoyer des renforts au Kosovo, démontrant ainsi la volonté
et la capacité de cette Organisation de mener à bien sa mission
au Kosovo. Il a déclaré que toute attaque contre la MINUK
ou la KFOR était inacceptable et a souhaité que les auteurs de
ces violences soient traduits en justice dès que possible.
La Roumanie, a-t-il ajouté, est atterrée par cette démonstration
de haine ethnique. Ces événements démontrent la nécessité
pour la communauté internationale de rester impliquée au Kosovo
en accordant une priorité au renforcement de l’état de droit
et la protection de toutes les minorités ethniques. Nous ne
pouvons accepter que cinq années d’efforts soient réduites à
néant par ces événements et la communauté internationale doit
être déterminée à poursuivre ses efforts en vue d’un Kosovo
démocratique, stable et multiethnique conformément à la résolution
1244 du Conseil de sécurité. Il a appelé les dirigeants
politiques kosovars à user de toute
leur influence pour protéger les minorités et leur patrimoine
culturel et historique. Témoignant de l’implication de
son pays au Kosovo, il a indiqué que la Roumanie avait hier envoyé
un détachement de gendarmes à Mitrovica,
aux côtés des collègues de la KFOR et de la MINUK.
M. JAMES B.
CUNNINGHAM (Etats-Unis), condamnant les événements
intervenus au Kosovo ces deux derniers jours et qui menacent la
stabilité du processus dans la province, a apporté son appui à
la KFOR et à l’OTAN. Jugeant inacceptable que plus de 30
civils aient été tués, que des centaines de civils aient été
blessés, que des sites religieux aient été attaqués et que la
communauté internationale ait été touchée, M. Cunningham a déclaré
que les responsables de ces actes devaient être traduits en
justice. Il a appelé les dirigeants des institutions
provisoires de la province du Kosovo à restaurer la primauté du
droit et a coopérer pleinement avec la KFOR et la MINUK, avant de
réaffirmer que la violence n’aiderait pas les dirigeants des
institutions provisoires à passer aux étapes suivantes du
processus de normalisation.
M.
ISMAEL ABRAAO GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que les
évènements qui ont eu lieu au Kosovo ont pris la communauté
internationale par surprise et menacent de compromettre les
efforts humains et financiers importants consentis par la
communauté internationale depuis cinq ans. En dépit des
difficultés que la mission des Nations Unies et la KFOR
rencontraient, nous étions réconfortés par les assurances de réels
progrès dans un avenir prévisible. Les derniers évènements
doivent être condamnés dans les termes les plus fermes. La
communauté internationale doit maintenir son engagement et la
politique des “normes avant le statut”doit être pleinement
mise en oeuvre.
M. EMYR JONES
PARRY (Royaume-Uni) a demandé la cessation immédiate de
la violence interethnique au Kosovo, violence qui est une régression
du processus. Pourtant, le Kosovo n’a pas d’autre choix
que d’aller de l’avant, a-t-il dit, exhortant les dirigeants
des institutions provisoires à ramener l’ordre en encourageant
les communautés à la solidarité et en renforçant les valeurs démocratiques
par le dialogue. Le dialogue entre Belgrade et Pristina doit
être renforcé, a déclaré ensuite M. Jones Parry, avant
d’annoncer que le Royaume-Uni avait envoyé à la demande de
l’OTAN une unité qui sera déployée dès ce soir. La
communauté internationale a investi énormément au Kosovo,
a-t-il dit ensuite, et ceux qui tentent de faire dérailler le
processus de paix échoueront. Il a de nouveau invité les
dirigeants de la province à tout faire pour restaurer le calme et
démontrer leur réel engagement en faveur de la paix et d’un
Kosovo multiethnique.
M. Joël
W. ADECHI (Bénin) a déclaré que les événements actuels
prouvaient que le processus de réconciliation des communautés
ethniques vivant au Kosovo avait encore du chemin à faire. Le
moins que l’on puisse dire, a-t-il précisé, est que la
confiance entre les deux communautés n’est pas encore établie,
et que bien au contraire la méfiance est si profonde que le
moindre incident est susceptible de provoquer une éruption de
violence, avec des conséquences incalculables pour l’avenir du
processus de construction de l’Etat de droit au Kosovo. Le Bénin
condamne énergiquement les actes de violence et les pratiques
d’épuration ethniques, de même que les atteintes à l’intégrité
des missions internationales opérant au Kosovo. M. Adechi
a qualifié d’inacceptables les dommages subis par la MINUK et
la KFOR, tout comme les pertes en vies humaines enregistrées par
les deux communautés. Selon lui, le Conseil de sécurité
doit envisager les dispositions à prendre si l’escalade de la
violence devait se poursuivre, et il y a lieu de mettre davantage
l’accent sur les mesures de nature à renforcer la confiance
entre les deux communautés et les institutions démocratiques.
M. RONALDO MOTA
SARDENBERG (Brésil) a dit partager l’indignation de la
communauté internationale face à la violence qui s’est
produite hier dans la ville de Mitrovica
et dans d’autres villes du Kosovo. Nous demandons
que les auteurs de ces actes de haine soient traduits en justice
et que l’on mette sur pied, comme cela a été annoncé, le déploiement
de trois unités supplémentaires de maintien de la paix qui
renforceront la capacité de la KFOR et la MINUK à prévenir
d’autres actes de violence, a-t-il lancé. A son avis, il
s’agit sans aucun doute de l’évènement le plus grave depuis
la fin du conflit en 1999. Le représentant a fait part du
soutien de son pays à la résolution 1244 du Conseil de sécurité
qui a établi la présence internationale dans la province.
Il a par ailleurs condamné les actes de violence ethnique et
demandé à toutes les minorités ethniques de participer à l’édification
d’une société multiethnique.
M.
INOCENCIO F. ARIAS (Espagne), condamnant les affrontements
qui ont éclaté au Kosovo depuis deux jours, a lancé un appel à
toutes les communautés de la province afin que soit mis un terme
à la violence. Il a réaffirmé la pertinence de la résolution
1244 qui, selon lui, définit clairement le cadre de la
transition.
M.
MUNIR AKRAM (Pakistan) a demandé la cessation de la
violence au Kosovo et condamné fermement ces actes. Des
enquêtes devront être menées pour déterminer l’origine de
tels événements, a-t-il dit, avant de rappeler aux dirigeants du
Kosovo qu’ils devaient restaurer le calme et faire respecter les
droits des minorités. L’établissement d’une société
pacifique, démocratique et multiethnique doit demeurer une
priorité, a-t-il dit, exhortant la communauté internationale à
soutenir la prise de mesures en ce sens. Il faut exhorter
toutes les parties à modérer leur extrémisme, intensifier les
efforts de sécurité, paver le terrain pour l’établissement
d’un cadre démocratique pour la négociation sur le statut
final de la province.
M. LAURO L. BAJA (Philippines)
a condamné les actes de violence ayant fait 22 morts et de
nombreux blessés, notamment parmi les membres de la communauté
internationale. Cette flambée de violence ethnique remet en
cause l’avenir même du Kosovo, a-t-il dit, estimant regrettable
que ces violences interviennent quelques jours après l’annonce
faite par la Représentant spécial quant à la tenue d’élections
en octobre. Un coup a été porté aux efforts de paix au
Kosovo, a-t-il souligné. Le plus important maintenant, à
son avis, est le rétablissement de l’ordre public et
l’arrestation des auteurs de ces crimes.
M. Abdallah
BAALI (Algérie) a condamné, au nom de son pays, les
affrontements interethniques entre Albanais du Kosovo et Serbes du
Kosovo. Ces actes de violence risquent, si on n’y prend
garde, d’attiser les rivalités interethniques, d’aggraver le
sentiment de coupure et de brisure entre les communautés kosovares
et de relancer la logique de l’affrontement qui avait conduit le
pays au bord de la catastrophe, tout comme ils risquent de
compromettre tout ce qui a été patiemment et laborieusement réalisé
au Kosovo. Appelant les parties à mettre fin à ces
affrontements, M. Baali a précisé
que le maintien de l’ordre et le retour à la normalité au
Kosovo relevaient aussi de la responsabilité de la MINUK et de la
KFOR. Le représentant a déploré
cette flambée de violence, notamment au lendemain des
remarquables progrès réalisés et de l’amélioration notable
des conditions politiques et opérationnelles au Kosovo. Ces
douloureux incidents sont venus révéler la persistance des
clivages ethniques et renforcer, dans le même temps, notre
profonde conviction qu’il n’y a pas d’alternative à une
société multiethnique et tolérante au Kosovo, a-t-il déclaré.
M. GENNADY M.
GATILOV (Fédération de Russie) a fait part de son inquiétude
face à la flambée de violence communautaire. L’ampleur
de la violence de la part de la communauté albanaise du Kosovo
permet de dire qu’il s’agit d’une action concertée en vue
d’expulser les non-Albanais de
souche de la province. Nous craignons que les contingents de
la KFOR ne soient pas en mesure d’éviter le pire, a-t-il déclaré,
estimant que des mesures de retour à l’ordre n’étaient pas
prises, il y aurait une remise en question du processus de
stabilisation. L’ampleur et la rapidité avec lesquelles
s’est propagée cette violence témoignent du chemin qui reste
à parcourir pour que la confiance règne entre toutes les
provinces, a-t-il poursuivi. Il a estimé que la MINUK et la
KFOR devaient prendre d’urgence des mesures visant à garantir
la primauté du droit et la sécurité de tous les habitants de la
province.
M. JEAN-MARC DE LA
SABLIERE (France) a condamné avec la plus grande fermeté
les affrontements meurtriers qui ont eu lieu hier au Kosovo entre
les communautés serbe et albanaise. Ces violences ont aussi
visé la présence internationale au Kosovo qui œuvre au service
de la paix, de la stabilisation et de la reconstruction, a-t-il
ajouté, avant de noter qu’une douzaine de soldats de la KFOR
avaient été blessés et que la MINUK avait également été
prise à partie. Cette flambée de violence représente le
plus grand défi à la communauté internationale depuis 1999, a déclaré
M. de La Sablière, avant de juger que quelles qu’en soient les
causes, le recours à de tels actes de violence était intolérable
et devait cesser immédiatement. Leurs responsables doivent
être arrêtés et traduits en justice, a-t-il ajouté, avant de
demander instamment à tous les responsables politiques du Kosovo,
albanais et serbes, de faire preuve de responsabilité et
d’appeler la population à la cessation immédiate des violences
et au retour au calme.
M. AGIM NESHO (Albanie)
a condamné les actes de violence qui, à son avis, vont à
l’encontre de la volonté du peuple du Kosovo d’édifier une
société multiethnique où règne la primauté du droit. Nous
appelons tous les citoyens du Kosovo à garder le calme et à
maintenir leur confiance aux autorités locales légitimes que
sont la MINUK et la KFOR, a-t-il lancé. Le représentant
albanais a affirmé que les membres de la communauté
internationale avaient accompli une tâche admirable dans la
province et que l’application des normes avant le statut avait
montré la voie à suivre. Ces tristes évènements ne
signifient pas la fin du processus ou l’échec de la communauté
internationale, a-t-il indiqué, en réaffirmant le soutien de son
gouvernement à la résolution 1244 ayant établi une présence
internationale dans la province.
S’exprimant au
nom de l’Union européenne, M. RICHARD RYAN (Irlande) a
condamné les violences qui ont coûté des vies humaines et fait
de nombreux blessés. La priorité immédiate est de
restaurer le calme au Kosovo, a-t-il insisté en ajoutant qu’il
n’y avait pas de place pour ceux qui brûlent des églises et
des mosquées, des écoles et des hôpitaux et qui détruisent des
biens culturels ou religieux qui font partie de notre
patrimoine commun. L’Union
européenne exhorte tous les dirigeants locaux à agir de façon
responsable et à’user de toute leur influence pour mettre un
terme à la violence et restaurer le calme. Il a fait part
de tout son soutien aux efforts du Représentant spécial du Secrétaire
général pour la mise en œuvre de la résolution 1244 du Conseil
de sécurité et de la politique « les normes avant le
statut » qui constituent les fondements de
l’engagement de la communauté international au Kosovo. Le
défi qui se présente à nous consiste à mettre en œuvre les
normes et les récents actes de violence risquent de nuire aux
progrès difficilement réalisés jusqu’à présent en ce
domaine. Il est indispensable que les responsables
soient traduits en justice. Ceux qui par leurs actions
hypothèquent la construction d’un Kosovo multiethnique stable
et démocratique portent une lourde responsabilité, a-t-il
conclu..
M. koichi
haraguchi (Japon) a condamné la nouvelle vague de
violence au Kosovo et a demandé que ces agissements cessent.
Il a exhorté les parties concernées à mettre en oeuvre la
politique des “normes avant le statut” comme le prévoit la résolution
1244. La communauté internationale de son côté doit
poursuivre ses efforts de développement économique et de
consolidation de la paix qui constituent une condition préalable
à la paix durable, dans la province, a-t-il dit. Nous
souhaitons que la tenue de la conférence ministérielle qui se
tiendra en avril à Tokyo sur le thème de la consolidation de la
paix et le développement économique des Balkans permette un échange
de vues utile, a poursuivi M. Haraguchi.
M. dimce
nikolov (ex-République yougoslave de Macédoine) a
regretté la flambée de violence qui risque d’anéantir les
efforts que déploie la communauté internationale pour mettre en
oeuvre les normes avant le statut de la province. Nous
exhortons les Kosovars à faire preuve
de sagesse et de calme, a-t-il lancé. La déstabilisation
du Kosovo risque de déséquilibrer l’ensemble de la région.
Reprenant la
parole, le Ministre des affaires étrangères de la Serbie-et-Monténégro
a précisé que la violence contre les Serbes était permanente.
Ceux-ci qui représentent 5% de la population vivent dans des
enclaves et villages qui sont pris constamment pour cible.
Les attaques commises contre la KFOR et la MINUK le sont
exclusivement par les Albanais, a-t-il fait valoir. Nous
sommes déterminés cependant à poursuivre le dialogue avec
Pristina et sommes prêts à mettre en oeuvre nos engagements
internationaux, a conclu le Ministre.
M. Bisher
AL-KHASAWNEH (Jordanie) s’est
déclaré vivement préoccupé par l’éclatement récent de la
violence dans tout le Kosovo - la plus grave depuis 1999. Nous
condamnons toutes ces actes, et en particulier la prise pour cible
de lieux de culte, a-t-il déclaré. La reprise des
affrontements nous force à reconsidérer l’opportunité des
plans visant à réduire la présence de la MINUK, a-t-il dit.
En tant que contributeur de personnel à cette force, la
Jordanie exprime sa préoccupation face aux agressions dont ses
membres de la Mission ont été la cible, a-t-il indiqué
affirmant que le maintien de la protection et la sauvegarde de la
MINUK et du reste du personnel humanitaire était d’une
importance capitale. M. Al-Khasawneh
a appelé également toutes les parties à mettre fin immédiatement
aux affrontements.
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité
condamne fermement les actes de violence interethnique qui se
multiplient depuis hier au Kosovo (Serbie-et-Monténégro)
et ont fait de nombreux morts et des centaines de blessés. Il
condamne aussi fermement les attaques perpétrées contre les
troupes de la Force de paix au Kosovo (KFOR) et le personnel et
les sites de la Mission d’administration intérimaire des
Nations Unies au Kosovo (MINUK). Cette violence est inacceptable
et doit cesser immédiatement. Les responsables doivent être
traduits en justice. Ils doivent comprendre que s’en prendre à
la présence internationale c’est attaquer la communauté
internationale tout entière et que l’extrémisme n’a pas sa
place dans l’avenir du Kosovo.
Le Conseil de sécurité
demande à toutes les communautés du Kosovo, compte tenu de leurs
responsabilités respectives, de mettre un terme à tous actes de
violence, d’éviter toute nouvelle escalade et de ramener le
calme. Il exhorte les parties à s’abstenir de toute déclaration
ou accusation irresponsable et provocatrice. Il réaffirme que la
population du Kosovo doit régler ses griefs en recourant à des
moyens pacifiques et démocratiques et en empruntant les voies légitimes
et reconnues, notamment l’ONU et les institutions provisoires
d’administration autonome. Il souligne que les autorités du
Kosovo ont ouvert des enquêtes judiciaires, en particulier sur
les incidents au cours desquels un adolescent serbe du Kosovo a été
blessé par balles à Pristina et trois enfants albanais du Kosovo
ont trouvé la mort à Mitrovica; il
demande que tous les autres incidents fassent l’objet d’enquêtes
approfondies.
Le Conseil de sécurité
déplore qu’il y ait eu des morts et des blessés parmi la
population du Kosovo, ainsi que des victimes parmi les membres de
la Police du Kosovo, de la police civile internationale de la
MINUK et des forces de la KFOR. Il présente
ses condoléances aux familles de toutes les victimes.
Le Conseil de sécurité
réaffirme que les autorités du Kosovo doivent d’urgence
prendre les mesures nécessaires pour faire respecter la légalité,
garantir la sécurité de toutes les communautés ethniques et
traduire en justice tous les auteurs d’actes criminels. La création
d’une société multiethnique, tolérante et démocratique dans
un Kosovo stable demeure l’objectif fondamental de la communauté
internationale, dans le cadre de l’application de la résolution
1244 (1999) du Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité
suivra de près la manière dont les parties s’acquittent des
obligations que leur imposent les « Normes pour le Kosovo ».
Le Conseil de sécurité
exprime son plein appui aux efforts que déploient le Représentant
spécial du Secrétaire général, la MINUK et la KFOR, et se félicite
que la présence sécuritaire internationale continue de prendre
les mesures supplémentaires jugées nécessaires pour stabiliser
la situation dans l’ensemble du Kosovo. Il demande aux
institutions provisoires d’administration autonome, aux autorités
de Belgrade et à tous les intéressés de leur apporter leur entière
coopération. Il prend note de la déclaration commune, en date du
17 mars 2004, du Représentant spécial, des institutions
provisoires d’administration autonome, des dirigeants politiques
et d’autres parties.
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