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Harri Holkeri lors de la
conférence de presse |
22 mars – « Quelque chose manquait », a
expliqué le Représentant spécial pour le Kosovo, Harri Holkeri. « J'ai
entendu de nombreuses explications sur les événements de la semaine dernière.
Mais à mon grand étonnement et désappointement, à une exception près, aucun
remords, aucune condamnation des violences contre les Serbes du Kosovo n'a été
exprimée par les Institutions autonomes et les partis albanais du Kosovo. »
Harri Holkeri, qui s'exprimait dans le cadre d'une Conférence conjointe à
laquelle participaient également le Secrétaire général de l'OTAN
(l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), Jaap de Hoop Scheffer et
l'actuel Président de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe), Solomon Passy, a réitéré son extrême déception et a demandé
instamment aux institutions provisoires et aux parties albanais du Kosovo
d'assumer leurs responsabilités.
« Alors que nous avons été éprouvés comme jamais auparavant, l'OTAN et
la KFOR (la Force international pour la paix au Kosovo) ont traversé des épreuves
pour nous. Ces soldats, qui viennent de toute l'Europe et de l'Amérique du Nord
ont mis, à plusieurs reprises, leur vie en danger - et plusieurs d'entre eux,
ont été blessés - pour rétablir l'ordre. Et j'ai le plaisir de dire que
l'aide que nous avons reçu de l'OTAN nous permet de reprendre l'ensemble de nos
activités en faveur de la population du Kosovo », a ajouté M. Holkeri.
Indiquant que « notre priorité absolue est de rétablir la primauté de la
loi et l'ordre, de stabiliser la situation et de traduire les auteurs [des actes
de violence] en justice, en coopération avec l'OTAN et la KFOR », il a affirmé
que « la communauté internationale ne peut tolérer l'impunité », indique un
communiqué de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au
Kosovo (MINUK) diffusé aujourd'hui.
« J'insiste pour que les autorités provisoires et les Albanais du Kosovo
tendent la main aux autres communautés », a déclaré M. Holkeri. « Ils
doivent faire en sorte que la confiance renaisse. C'est leur responsabilité. »
Le représentant spécial a indiqué qu'il appréciait la décision du
Gouvernement du Kosovo de mettre en place un Fonds spécial destiné à réparer
les dégâts causés par les récentes émeutes. L'argent peut être rapidement
mis à disposition et doit satisfaire toutes les demandes justifiées.
« Les médias ont relevé mes remarques sur la question du nettoyage
ethnique. N'en restons pas aux étiquettes », a poursuivi le Représentant spécial.
« Environ 28 personnes sont mortes, 30 sites religieux ont été détruits par
le feu et les explosions. Onze sites religieux supplémentaires ont été
endommagés. 286 maisons, une école et un hôpital ont été ou brûlés ou
endommagés. La perte de chaque vie est une perte de trop. L'incendie de chaque
maison est un incendie de trop. »
M. Holkeri a indiqué que l'urgence actuelle était de venir en aide à ceux
qui avaient fui leurs foyers et que la MINUK, le Haut Commissariat pour les réfugiés
(HCR) et la KFOR fournissaient des matelas, des couvertures, de la nourriture et
des soins médicaux aux personnes déplacées.
« La MINUK est une mission des droits de l'homme, a-t-il conclu. C'est notre
tâche et nous sommes décidés à la remplir.
Lors de son intervention
devant le Conseil de sécurité, vendredi dernier, le Secrétaire général de
l'ONU, Kofi Annan avait rappelé avec insistance « aux dirigeants de la
communauté albanaise du Kosovo qu'en tant que principal groupe ethnique, il
leur incomba de protéger et de défendre les droits de tous les habitants du
Kosovo, en particulier de ses minorités. »
22/03/2004
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LE
SECRETAIRE GENERAL INVITE LES DIRIGEANTS KOSOVARS A COLLABORER AVEC LA
COMMUNAUTE INTERNATIONALE AU RETABLISSEMENT DU CALME DANS LA PROVINCE
On trouvera ci-après le texte
de l’intervention du Secrétaire général, Kofi Annan,
au Conseil de sécurité à l’occasion de l’examen de la situation au
Kosovo, le 18 mars:
Ce matin,
le Secrétariat a informé le Conseil des événements déplorables survenus
ces deux derniers jours au Kosovo. La situation d’ensemble en matière
de sécurité au Kosovo est encore extrêmement instable. On compte
actuellement 31 morts. Je ne saurais trop souligner à quel point je
suis déçu et attristé face à ce regain de violence qui a déjà fait de
nombreux morts et des centaines de blessés.
Nous ne
pouvons pas ignorer que ces actes de violence ont des mobiles ethniques et que
des communautés s’attaquent les unes aux autres. Ces actes doivent être
condamnés dans les termes les plus vifs. Le ciblage délibéré de
maisons et de sites religieux – églises, cimetières et monastères – est
honteux et inexcusable, tout comme les attaques subséquentes perpétrées
contre des mosquées dans d’autres parties de la Serbie-et-Monténégro.
Nous
devons également condamner avec la plus grande fermeté possible les attaques
délibérées perpétrées contre des représentants de la communauté
internationale, en particulier le personnel de la Mission d’administration
intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et les soldats de la Force de
paix au Kosovo (KFOR). La situation à Mitrovica
est devenue assez grave pour justifier que l’on en déplace les
fonctionnaires internationaux vers un lieu plus sûr de la région.
Ces récents
événements ont mis en lumière la fragilité des structures et des relations
au Kosovo. Ils montrent qu’en dépit des progrès réalisés depuis 1999,
nous n’avons pas parcouru assez de chemin. Le respect mutuel entre les
différentes communautés n’est pas encore la norme. Il est clair que
nous devons examiner en détail les implications de ces événements sur
l’avenir du Kosovo.
Nous
devons d’abord rétablir la sûreté et la sécurité. Je remercie
l’OTAN d’avoir décidé de renforcer ses contingents au Kosovo.
La
violence doit cesser. Les dirigeants des communautés du Kosovo et les
représentants de ses institutions provisoires doivent collaborer avec la
communauté internationale et doivent oeuvrer ensemble ainsi qu’avec la
population du Kosovo pour rétablir le calme. Je voudrais tout particulièrement
rappeler aux dirigeants de la communauté albanaise du Kosovo qu’en tant que
principal groupe ethnique, il leur incombe de protéger et de défendre les
droits de tous les habitants du Kosovo, en particulier de ses minorités.
J’espère
que le Conseil de sécurité accordera à cette question urgente toute
l’attention requise.
*
*** *
RADIO FREE EUROPE/RADIO LIBERTY, PRAGUE, CZECH REPUBLIC
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RFE/RL NEWSLINE Vol. 8, No. 54, Part II, 22 March 2004
A DAY OF MOURNING IN KOSOVA... The internationally administered
province of Kosova is observing a day of mourning on 22 March for the
24 victims of recent interethnic clashes between ethnic Albanians and
members of the Serbian minority, international and regional media
reported, citing UN sources on casualties (see "RFE/RL Newsline," 19
March 2004, and "RFE/RL Balkan Report," 19 March 2004). About 850
people were injured, 22 of them seriously. Among the injured are 55
KFOR peacekeepers and over 100 police. About 3,226 people, mostly
Serbs, were forced to flee their homes. The Kosovar government has
promised to reconstruct the 116 homes and 17 Serbian religious
buildings affected by the violence. RFE/RL's Albanian-language
broadcasters said the violence appears to have begun spontaneously
but was quickly spread and exploited by extremists not connected to
any mainstream political party or organization. Deutsche Welle's
Albanian Service noted the role played in the violence by unemployed
young toughs. PM
...AFTER A FUNERAL... On 21 March amid tight security, about 8,000
Albanians attended the funeral in Cabra of two Albanian boys, whose
still-not-fully-explained deaths sparked the recent violence,
international and regional media reported. A third boy is missing and
presumed dead. Kosova's Prime Minister Bajram Rexhepi told the boys'
families: "Your dignified stand makes us proud, and we share your
pride. You have set an example for all Kosovars of how to show
dignity at a difficult time." About 200 Serbs watched the funeral
from the other side of the Ibar River. PM
...AMID WARNINGS AGAINST VIOLENCE... Kosova's President Ibrahim
Rugova said in a statement on 20 March that "attacks on civilians and
foreign soldiers are completely unacceptable and contrary to Kosova's
vital interests," RFE/RL reported. "Once again, we would like to
[stress] that the destruction of religious, cultural, and public
buildings and houses is unacceptable to the people of Kosova, and
again I would like to say that we condemn it," Rugova said. Prime
Minister Rexhepi denied recent charges by Serbian Prime Minister
Vojislav Kostunica that local Serbs are victims of a deliberate
"pogrom," Reuters reported. Rexhepi stressed that Kostunica has
contributed to the explosive atmosphere by his talk in recent weeks
of partitioning Kosova (see "RFE/RL Newsline," 5 March 2004; and
"RFE/RL Balkan Report," 19 December 2003, and 13 and 20 February
2004). Elsewhere, NATO Secretary-General Jaap de Hoop Scheffer said
that "nobody in Kosovo should think -- and that goes more
specifically for the majority community in Kosovo, the Albanians --
that by inciting violence they will bring their political ambitions
closer," dpa reported. PM
...TOUGH TALK FROM SERBIA... On 19 March, about 15,000 people
participated in a Belgrade march led by Serbian Orthodox Patriarch
Pavle, Prime Minister Kostunica, and members of the government to
protest what they described as deliberate violence against Kosova's
remaining 100,000 Serbs, international and regional media reported.
Some banners called for equality in Kosova and the right of all
refugees and displaced persons to go home. Some other signs, however,
read: "Let's go to Kosovo" and "Kill Albanians." In a
message
apparently for domestic consumption, Serbia and Montenegro's Defense
Minister Boris Tadic said Belgrade does not want to respond to
"violence with violence" but might be forced to "review its
policy"
on sending troops into Kosova. He previously noted that his country
has only a limited right under the terms set down in UN Security
Council Resolution 1244 to send troops into the province. In August
2003, he called suggestions of sending the Serbian military into
Kosova "playing with fire" (see "RFE/RL Balkan Report," 29
August
2003). Several top Russian officials recently gave strong diplomatic
support to Serbia, blaming the Albanians and the Western powers for
the violence (see "RFE/RL Newsline Part 1). President Vladimir Putin
called the attacks "ethnic cleansing." PM
...MILITARY MOVES... Unnamed European diplomats told the "Financial
Times" of 20 March that unspecified U.S. and German intelligence
experts warned NATO "weeks ago" that violence could be imminent in
Kosova. The diplomats added that France is "highly embarrassed" by
the clashes in its northern sector of the province. German Defense
Minister Peter Struck told "Bild am Sonntag" of 21 March that
peacekeepers will have to remain in Kosova for "significantly longer"
that originally planned. German Lieutenant General Holger Kammerhoff,
who commands KFOR, told the "Frankfurter Allgemeine Zeitung" of 22
March that probably everyone was surprised by the violence, adding,
however, that KFOR reacted quickly and professionally. He suggested
that former ethnic Albanian guerrilla networks of the Kosova
Liberation Army (UCK) had much to do with the spread of the violence.
He stressed that the ultimate solution to Kosova's problems will be
political, and not military, in nature. Germany's 3,800-strong
contingent is based in Prizren and is the largest single one in KFOR.
PM
...AND A LOT OF QUESTIONS. Speaking to Reuters on 20 March, former
U.S. Ambassador to the UN Richard Holbrooke said that putting off
resolving the question of Kosova's final status was a big mistake
that ultimately led to violence. He called for status talks to begin
soon. German General Klaus Reinhardt, who is a former commander of
KFOR, said that there can be no privatization, foreign investment, or
new jobs without a decision on Kosova's political future. Wolfgang
Petritsch, who is the international community's former high
representative in Bosnia and a trained Balkans expert, said he was
not surprised by the violence, adding that "decisive steps must be
taken now" to resolve the status question. Unidentified diplomats in
Prishtina told the news agency that the "once taboo" talk of dividing
Kosova into Albanian and Serbian regions is "now very much in the
air." The diplomats suggested that extremists on both sides could be
trying to force a partition through faits accomplis. U.S. expert
Morton Abramowitz wrote in "The Washington Post" of 19 March that the
recent violence shows that the concept of a multiethnic Kosova has
failed, as have the ideas of leaving important Balkan political
matters to the EU and of promoting a united state of Serbia,
Montenegro, and Kosova. PM
Kosovo : l'Envoyé de l'ONU fait un premier
bilan des violences d'hier
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Harri Holkeri |
18 mars – Alors que des manifestations ont
encore lieu aujourd'hui, le Représentant spécial de l'ONU pour la province a déclaré
que les violences d'hier, « les pires que le Kosovo ait jamais connues »
depuis l'arrivée de la Mission de l'ONU et de la KFOR (la Force
internationale), il y a de cela cinq ans, détruisent l'image et l'avenir du
Kosovo.
Les données disponibles ce matin au Kosovo font état de 22 morts confirmées,
d'environ 500 blessés, dont 61 policiers et 11 soldats de la KFOR, indique le
Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la Mission de l'ONU
au Kosovo, Harri Holkeri, dans une déclaration communiquée aujourd'hui.
« Nous en sommes encore à établir le décompte final des pertes en vies
humaines et des blessés de même que nous sommes en train d'évaluer les dégâts
en ce qui concerne les bâtiments, les véhicules et les logements », a-t-il
ajouté.
Tout en exprimant le choc, la tristesse et le bouleversement éprouvés par
tous ceux impliqués dans le redressement du Kosovo, Harri Holkeri a lancé un
nouvel appel à l'arrêt immédiat de toute violence et des manifestations dont
certaines sont en cours aujourd'hui.
Cette violence « était le pire message que le Kosovo pouvait adresser à la
communauté internationale » alors que « le monde entier observe comment se
comportent les populations du Kosovo, les unes vis à vis des autres mais aussi
vis à vis de la communauté internationale » laquelle « a payé un prix élevé
en intervenant pour mettre fin à la violence », se désole le Représentant spécial
dans sa déclaration.
« Les politiciens qui ont soutenu ou justifié les violences d'hier ont fait
preuve de leur irresponsabilité et de leur incapacité à juger des situations
», a ajouté Harri Holkeri qui juge également « totalement inacceptable »
l'huile sur le feu jetée par certains médias.
A ceux qui pensent que la communauté internationale n'a rien fait, M.
Holkeri a demandé de se souvenir « où ils en étaient il y a cinq ans. »
Néanmoins, déclare-t-il aujourd'hui, la Mission d'administration intérimaire
des Nations Unies au Kosovo, la MUNIK, comme la KFOR sont « ouvertes » et en
état de fonctionnement.
« Malgré quelques dégâts subis par les biens de l'ONU, notre mission est
complètement prête à relever les défis que représentent les prochains jours
», a poursuivi M. Holkeri.
Il a toutefois conseillé « de réfléchir une nouvelle fois à la manière
dont la violence est perçue à travers le monde. Pour la première fois depuis
longtemps, le Kosovo est à la Une des plus grands médias du monde et cela,
pour de mauvaises raisons. Je répète que ces actes détruisent l'image du
Kosovo et envoient au monde le pire des messages sur son peuple et son avenir.
»
Appelant une nouvelle fois la population du Kosovo à se calmer, à rentrer
chez elle et à laisser la police et la KFOR en charge de la situation, M.
Holkeri a affirmé que « le violence est en train de détruire le Kosovo et que
chaque jour de violence supplémentaire fait perdre au Kosovo des amis de
valeur. »