http://www.balkans.eu.org/article4365.html
IWPR
Le chemin européen des Balkans occidentaux
TRADUIT PAR JACQUELINE DÉRENS
Publié dans la presse : 22 avril 2004
Mise en ligne : dimanche 25 avril 2004
Le Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité de l'Union
européenne Javier Solana s'exprime sur le chemin européen des pays des
Balkans occidentaux, à quelques jours d'un élargissement historique de l'
Union, et alors que la Commission européenne vient de donner un avis
favorable à l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Croatie. Javier
Solana déclare que l'UE fera tout pour favoriser la marche européenne des
autres pays de la région.
Par Javier Solana [1]
Les pays des Balkans occidentaux se rapprochent de l'Union européenne.
Depuis bientôt près de cinq ans que l'UE a ouvert une perspective européenne
pour nos voisins du sud-est de l'Europe par le processus d'Association et de
Stabilisation, et depuis près de cinq ans que j'occupe le poste de Haut
Représentant pour la politique étrangère et la politique de sécurité de l'
Union européenne, les progrès sont remarquables.
La récente éruption de violence au Kosovo ne doit pas cacher le fait que l'
intensité de la violence est beaucoup plus faible qu'auparavant. Les régimes
autoritaires ont disparu et des dirigeants élus démocratiquement collaborent
les uns avec les autres. Au lieu de rester englués dans les politiques
passées, les gouvernements et les Parlements ont commencé à travailler sur
des programmes de réformes pour l'avenir, permettant de progresser dans le
processus d'intégration à l'UE.
Mais là où il y a de la lumière, il y a aussi de l'ombre. Tous n'ont pas
encore tourné le dos aux vieilles divisions ethniques et politiques Les
réformes ne sont pas toutes menées avec énergie et rapidité. Le crime
organisé reste tout puissant. En moins d'un an, la région a perdu d'une
manière tragique deux de ses dirigeants visionnaires : Zoran Djindjic et
Boris Trajkovski, deux amis personnels et deux amis de l'agenda européen
pour leurs pays respectifs.
Aujourd'hui le choix offert aux peuples et aux dirigeants de toute la région
est de savoir s'ils sont sérieux dans leurs aspirations européennes, si les
défis de l'agenda européen peuvent être relevés, et s'ils peuvent rassembler
la détermination et le courage nécessaires pour commencer à combler le fossé
en termes de réformes et de réconciliation avec le reste de l'Europe.
La Croatie est le précurseur. Un Accord d'Association et de Stabilisation
avec l'UE est sur le pont d'être ratifié et le 20 avril, la Commission
européenne, en réponse à la demande d'adhésion de la Croatie à l'Union, a
recommandé que s'ouvrent les négociations. Toutefois, il reste encore des
défis à relever pour la Croatie si elle veut répondre aux critères de
Copenhague. Entre autres, elle doit faire des efforts supplémentaires pour
les droits des minorités, maintenir une pleine coopération avec le Tribunal
pour les crimes de guerre de La Haye et s'assurer que sa législation s'
approche des « acquis » de l'UE.
Pour la Serbie et le Monténégro la situation est plus complexe. À Belgrade,
le nouveau gouvernement serbe doit rouvrir l'agenda européen d'une manière
décisive. La pleine coopération avec le Tribunal de La Haye est une
condition importante. Le potentiel est grand mais toutes les forces
démocratiques doivent contribuer d'une manière constructive pour que le plus
grand pays de la région fasse des progrès sensibles sur le chemin de l'UE.
La prochaine étape sera l'ouverture de négociations pour un Accord d'
Association et de Stabilité.
Au Kosovo, la violence récente a été un revers pour tout le monde. Les
priorités immédiates doivent être d'assurer la sécurité, de reconstruire
les
propriétés détruites et de traduire les responsables des violences devant la
justice. Les dirigeants politiques doivent montrer leur responsabilité et
leur engagement pour atteindre les standards. L'UE reste fortement engagée
dans tous ses efforts pour assurer la stabilité, apporter la prospérité et
construire un Kosovo démocratique et multiethnique, en accord avec la
résolution 1244 des Nations Unies.
En Bosnie-Herzégovine, nous avons vu d'importants progrès dans le domaine
des réformes, mais l'allure doit s'accélérer sérieusement si le pays veut
remplir les conditions pour l'ouverture des négociations d'un Accord d'
Association et de Stabilisation dès cette année. Les dirigeants politiques
doivent vivre au temps de la période de Bruxelles qui remplace peu à peu la
période de Dayton. Le centre d'intérêt doit être l'avenir, pas le passé.
Dans l'Ancienne république yougoslave de Macédoine, les développements de la
situation sont positifs depuis la crise de 2001. La stabilité est revenue,
et bien des conditions des Accord d'Ohrid sont remplies, Le premier Accord d
'Association et de Stabilisation signé avec l'UE est entré en vigueur après
ratification du 1er avril... Une semaine auparavant, le 22 mars, le pays
avait officiellement déposé da demande d'adhésion à l'UE Le défi sera de s'
assurer que cette demande se transforme en un fort mouvement en faveur des
réformes. Cela sera le meilleur hommage que le pays puisse rendre à son
ancien Président .
En Albanie, qui est en discussion pour un accord d'Association et de
Stabilité avec l'UE, le gouvernement doit réactiver son engagement pour des
réformes pour faire en sorte que la progression de l'agenda européen ne soit
pas entravée.
Le chemin vers l'Europe sera long. Beaucoup de travail et des choix
difficiles attendent ces pays qui aspirent sérieusement à l'Europe. Mais
leurs voisins en Europe centrale et orientale ont clairement montré qu'il
était possible d'atteindre la destination finale et que le processus de
rapprochement est aussi important que l'événement de l'adhésion lui-même.
Alors que seuls les pays de la région peuvent déterminer l'allure de ce
voyage, l'UE fera tout son possible pour les aider par les missions de
police européenne à Sarajevo et à Skopje et aussi par notre empressement à
déployer une force militaire à la suite de la SFOR, nous avons accéléré nos
efforts pour traiter les problèmes du passé. Avec un processus renforcé d'
Association et de la Stabilisation qui a été décidé l'an dernier au sommet
de Thessalonique, nous renforçons et nous concentrons notre attention sur la
maîtrise des défis de l'avenir.
L'UE met tous ses instruments au service des pays des Balkans occidentaux,
dans le but de leur adhésion à l'Europe. L'avenir de ces pays se trouve au
sein d'une Europe élargie, comme l'a reconnu le sommet de Thessalonique.
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[1] Haut Représentant pour la politique étrangère et la politique de
sécurité de l'Union européenne