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carte du Kosovo |
23 décembre – Poursuivant le mouvement de
transfert des compétences de la Mission de l'ONU au gouvernement du Kosovo,
l'Envoyé de l'ONU a annoncé des mesures dans le domaine de l'économie afin de
« kosovariser » les organes de gestion, c'est-à-dire obtenir une majorité de
Kosovars au lieu du personnel international.
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, Søren
Jessen-Petersen, et le Premier Ministre du Kosovo, Ramush Haradinaj, se sont
rencontrés pour débattre de la poursuite des transferts de souveraineté de la
Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) au
gouvernement dans le domaine de l'économie, indique un communiqué de la
Mission paru le 22 décembre.
Søren Jessen-Petersen a annoncé que la présidence du Conseil économique
et fiscal serait désormais sous la responsabilité du Premier Ministre au lieu
de la MINUK, ajoutant que la composition d'autres organes, tels que le conseil
d'administration de l'Office des services bancaires et des paiements du Kosovo
pourrait être modifiée à l'avenir.
« Nous changerons la composition au fur et à mesure afin de « kosovariser
» les institutions économiques, a-t-il déclaré, précisant que par «
kosovarisation » il entendait que « les Kosovars seraient en majorité et le
personnel international en minorité ».
Ces mesures s'inscrivent dans le mouvement amorcé par le Représentant spécial,
pour définir des normes prioritaires pour le Kosovo (voir notre dépêche
du 17 décembre 2004), dans le cadre des recommandations de l'ambassadeur Kai
Eide, de la Norvège, dans son rapport
la situation politique au Kosovo.
Le Représentant spécial a par ailleurs annoncé le transfert de la gestion
des forêts appartenant à la collectivité au gouvernement, qui revêtent une
importance économique substantielle puisqu'elles couvrent un quart du
territoire.
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dépêche du 17 décembre 2004
Des Normes prioritaires définies pour le Kosovo
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carte du Kosovo |
17 décembre – La Mission de l'ONU au Kosovo et
le Gouvernement récemment élu ont défini des Normes prioritaires, conditions
qui devront être remplies avant le débat sur le futur statut, ainsi que le
recommandait l'ambassadeur Kai Eide, dont le rapport commandité par le Secrétaire
général a été rendu public le 16 décembre.
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, Søren
Jessen-Petersen, et le Premier Ministre du Kosovo, Ramush Haradinaj, ont annoncé
ce matin un accord entre le Gouvernement du Kosovo et la Mission
d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) sur l'établissement
de Normes prioritaires et de mesures destinées à leur mise en oeuvre, informe
un communiqué paru aujourd'hui.
Ces priorités ont été déterminées conjointement par les Autorités
provisoires d'administration autonome et la MINUK comme étant les plus urgentes
et les plus essentielles pour permettre le « développement durable d'un Kosovo
multi-ethnique où chacun puisse vivre, travailler, voyager et prospérer dans
la paix et la sécurité », indique le communiqué.
Les « Normes pour le Kosovo » sont un ensemble de critères politiques,
sociaux et économiques définis par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui
doivent être remplis avant d'entamer un débat sur le statut final de la
province.
« Le Représentant spécial a salué l'engagement du Premier Ministre à la
réalisation des Normes et des mesures prises alors que le Gouvernement a été
formé il y a deux semaines de cela seulement », précise la MINUK.
L'établissement de Normes prioritaires avait été recommandée par le Secrétaire
général en novembre dernier (voir notre dépêche
du 24 novembre 2004), sur la base du rapport
de Kai Eide, ambassadeur de la Norvège, sur la situation politique au Kosovo.
Kai Eide avait été nommé par Kofi Annan à la tête d'une mission d'enquête
sur la vague de violences au Kosovo qui, entre les 17 et 20 mars derniers, avait
fait 19 morts, des centaines de blessés et endommagé ou détruit de nombreuses
maisons serbes ainsi que des sites culturels et religieux (voir notre dépêche
du 11 juin 2004).
Dans son rapport,
rendu public hier, l'ambassadeur de la Norvège préconise un ensemble de
mesures, dont plusieurs ont déjà été mises en oeuvre ou évoquées par la
MINUK, notamment le transfert de compétences au gouvernement du Kosovo et la
possibilité de recourir aux sanctions contre ceux qui entendrait bloquer le
processus de réformes.
Kai Eide recommande aussi d'intégrer davantage Belgrade au débat et de
commencer sans plus attendre une réflexion sur le futur statut du Kosovo (voir,
sur le débat lancé par Søren Jessen-Petersen, notre dépêche
du 8 décembre 2004).
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RFI - 20 déc 2004
Kosovo : Vers
une nouvelle vague de violence ?
La nomination de Ramush Haradinaj au poste de
Premier ministre du Kosovo a aiguisé toutes les tensions. Les
Serbes et le gouvernement de Belgrade refusent de parler avec
l’ancien guérillero qu’ils considèrent comme un criminel de
guerre, et l’inculpation attendue de Ramush Haradinaj par le
tribunal de La Haye pourrait provoquer une nouvelle explosion dans
le protectorat international.
De notre envoyé spécial à Pristina.
Carla del Ponte, la procureure générale du Tribunal pénal
international de La Haye ne dispose plus que de deux semaines pour
transmettre ses dossiers d’accusation à la présidence du
tribunal. Son travail d’enquête doit en effet s’achever le 31 décembre
2004, et quatre actes d’accusation sont encore attendus. L’un au
moins devrait frapper d’anciens combattants de la guérilla
albanaise de l’UCK, dont probablement le Premier ministre
Haradinaj, qui est accusé de crimes de guerre contre les civils
serbes durant la guerre de 1998-1999.
Après la remise des dossiers, les juges du TPI disposent encore
d’un délai discrétionnaire pour prononcer les inculpations
formelles, si bien que celle de Ramush Haradinaj pourrait ne pas être
rendue publique avant plusieurs semaines. Toute la vie politique du
Kosovo se focalise pourtant autour de cette question.
Dirigeant de l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK), un
petit parti qui ne pèse que 8% des voix, Ramush Haradinaj a formé
un gouvernement en coalition avec la Ligue démocratique du Kosovo (LDK),
le parti d’Ibrahim Rugova. Soren Jessen Petersen a félicité
publiquement le nouveau Premier ministre pour l’efficacité de son
travail. En moins de deux semaines, Ramush Haradinaj a en effet
multiplié les effets d’annonce en enjoignant l’administration
et le gouvernement du Kosovo de se mettre au travail. Il s’est également
déclaré prêt à discuter avec la Serbie et même à se rendre à
Belgrade.
Ambiance de veillée d’armes
Alors que les négociations sur le statut final du Kosovo doivent
théoriquement s’ouvrir en mai 2005, la nomination de Ramush
Haradinaj a pourtant totalement bloqué le processus de discussions
avec Belgrade. « Les Serbes du Kosovo perçoivent le choix
de Ramush Haradinaj comme les New Yorkais pourraient ressentir l’élection
de Ben Laden à la mairie de la ville », n’hésite pas
à dire Rada Trajkovic, l’ancienne présidente du groupe
parlementaire serbe à l’assemblée du Kosovo.
Malgré la présence de deux listes serbes, les Serbes du Kosovo
ont boycotté à 99,7% les élections du 23 octobre dernier, et
connaissent désormais une sérieuse crise de leadership, puisque
aucun dirigeant ne dispose plus de la moindre légitimité. Pour
leur part, les autorités de Belgrade excluent catégoriquement
toute discussion avec Ramush Haradinaj, et promettent d’arrêter
celui-ci, en vertu d’un acte d’accusation serbe remontant aux
années 1990, si jamais il se rendait en Serbie.
L’ambiance au Kosovo ressemble de plus en plus à une veillée
d’armes, notamment à Decani. Cette commune de l’ouest du
Kosovo, frontalière avec l’Albanie, correspond en effet au
bastion familial des Haradinaj. Ramush était commandant de l’UCK
dans la zone, et son frère Daut a été tué alors qu’il
traversait la frontière avec une cargaison d’armes.
La KFOR a placé ses forces en état d’alerte maximum
Les anciens combattants de Decani assurent qu’ils sont prêts
à reprendre les armes si jamais leur ancien chef est arrêté.
« En 24 heures, nous pouvons mobiliser 1 000 hommes armés »,
jure l’un deux, qui ajoute : « et notre ennemi sera
la Mission des Nations Unies au Kosovo, qui est la seule à vouloir
coopérer avec le Tribunal de La Haye et arrêter des patriotes
albanais qui ont résisté contre les forces serbes ».
Hormis des trafics avec l’Albanie et le Monténégro voisins,
la région de Decani ne connaît guère d’activités économiques,
et aucune perspective ne s’offre à la pléthorique jeunesse de la
commune. « Chaque année, 1 000 jeunes sortent des écoles
secondaires de la ville, et seulement une centaine peuvent entrer à
l’Université de Pristina. Les autres restent ici, sans rien
faire, ou bien tentent d’émigrer clandestinement en Occident »,
explique Ibrahim Selmanaj, le maire de Decani. Ces jeunes, bercés
par les mythes et les récits de la geste de l’UCK, pourraient être
tentés de vouloir faire « leur » guerre, comme leurs frères
aînés, et cultivent tous la même hostilité envers
l’administration internationale de la province.
Traumatisée par les émeutes et les pogroms anti-serbes de mars
1999, la MINUK redoute désormais un scénario catastrophe, où ce
seraient les forces internationales et non plus les Serbes qui
seraient les cibles du radicalisme albanais. La KFOR, la mission de
l’OTAN au Kosovo, multiplie les communiqués rassurants, mais elle
a placé depuis plusieurs semaines toutes ses forces en état
d’alerte maximum.
« L’inculpation d’Haradinaj est certaine »,
estime un journaliste albanais de Pristina. « Pour la MINUK,
la seule question est d’essayer de gagner du temps, et de faire en
sorte que le départ du Premier ministre pour La Haye se produise
pacifiquement, sans émeutes ». Ramush Haradinaj a
plusieurs fois affirmé que, s’il était inculpé, il se rendrait
immédiatement à La Haye. La marge de manœuvre d’un Premier
ministre accusé de crimes de guerre dans un territoire administré
par les Nations unies serait en effet nulle, mais un départ
volontaire ne garantit pas l’absence de violence. Le Kosovo entre
dans une période d’incertitude majeure, et une nouvelle explosion
de violence semble prévisible dès le début de l’année 2005.
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Jean-Arnault Dérens |
Article publié le
20/12/2004 |
Dernière mise à
jour le 20/12/2004 à 11:41 (heure de Paris) |
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IWPR http://www.balkans.eu.org/article4904.html
L’inculpation de Ramush Haradinaj pourrait provoquer une
nouvelle vague de violence au Kosovo
TRADUIT PAR PIERRE DÉRENS
Publié dans la presse : 15 décembre 2004
Mise en ligne : samedi 18 décembre 2004
À deux semaines du 31 décembre, date limite fixée au Tribunal de La
Haye pour lancer les dernières inculpations pour crimes de guerre dans
l’ex-Yougoslavie, la situation est de plus en plus tendue au Kosovo,
notamment dans l’ouest de la province, la région dont est originaire le
nouveau Premier ministre Ramush Haradinaj.
Par Zana Limani et Muhamet Hajrullahu
Beaucoup de gens de la région de Decani, dans
l’ouest du Kosovo, d’où vient Ramush Haradinaj, nouveau Premier ministre
du territoire, prédisent des temps très agités s’il était inculpé dans
les trois prochaines semaines.
Des responsables du Tribunal en visite à
Pristina ont déjà interrogé Ramush Haradinaj à deux reprises, les 10 et 11
novembre, sur son rôle en tant que commandant de l’UCK, en 1998 et 1999
dans la région de Dukagjini.
L’éventualité d’une accusation n’a pas
empêché Ramush Haradinaj d’être nommé au second poste le plus important
du gouvernement du Kosovo, après celui de Président.
Il a pris ses fonctions de Premier ministre le
3 décembre, avec le soutien du plus grand parti du Kosovo, la Ligue démocratique
du Kosovo (LDK), et celui de sa propre formation, l’Alliance pour l’Avenir
du Kosovo (AAK).
Même si Ramush Haradinaj se dit convaincu de
continuer à diriger le gouvernement, certains, parmi ses plus chauds
supporters de la région de Decani, se préparent au pire.
Ibrahim Selmanaj, le maire de Decani, affirme
que les responsables locaux s’attendent à de l’agitation : « Connaissant
mes administrés, et sachant que la famille de Haradinaj est très respectée
pour les sacrifices auxquels elle a consenti pendant la guerre, les gens vont
très mal réagir à son arrestation. Cette réaction sera dirigée contre
tout et contre tous, y compris ce que je représente ».
Catastrophale situation économique
D’autres craignent aussi que l’arrestation
d’Haradinaj déclenche le chaos dans une ville où le chômage des jeunes
est pesant, ainsi que l’absence de services sociaux.
Naim Rashili, chercheur auprès de l’International
Crisis Group au Kosovo, après deux jours passés à l’ouest de la province,
conclut que les manques économiques et les problèmes démographiques
pourraient conduire à des troubles graves si Haradinaj était arrêté.
Naim Rashili poursuit : « Chaque
année 600 jeunes quittent les écoles secondaires de Decani, mais 100
seulement vont à l’Université. Les jeunes sans emploi restent sur place,
écoutant des histoires et des légendes sur la guerre de 1998 et 1999. La
violence ne leur posera pas de problème, si quelqu’un d’héroïque comme
Haradinaj était arrêté. Il y aura certainement des émeutes comme en mars
dernier ».
C’est aussi ce que pense Rexhë Kukalaj qui
tient une station d’essence à Decani. « Une fois qu’ils auront démarré,
qui peut prédire la suite ? » Il ajoute : « S’ils
avaient voulu l’arrêter, ils n’auraient pas dû le laisser devenir
Premier ministre ».
Naim Haxhosaj, 25 ans, étudiant à Decani, se
dit prêt à descendre dans la rue si Haradinaj est accusé, ajoutant qu’il
s’en prendrait à la MINUK. « Je manifesterai contre la MINUK parce
que ce sont les seuls qui coopèrent avec le Tribunal sur ces arrestations
scandaleuses ».
La MINUK en ligne de mire
Les vétérans de la guerre du Kosovo ont
aussi proclamé que la MINUK est responsable. « Nous accusons la MINUK
de toutes les arrestations jusqu’à maintenant et c’est eux qui nous en
veulent », affirme Sheriff Krasniqi, le président de l’Association
des vétérans de guerre, créée en défense des valeurs de l’UCK. « Au
Kosovo, c’est la MINUK qui mène l’enquête, pas le Tribunal de La Haye ».
La colère qui s’exprime contre la MINUK
prend tout son poids quand on sait que Carla Dal Ponte, la Procureure en chef
du Tribunal de La Haye, a publiquement critiqué la MINUK au sommet de l’OTAN
du 3 décembre, pour sa faible coopération dans les enquêtes sur les crimes
de guerre au Kosovo.
Malgré l’hostilité montante, la KFOR, la
force de maintien de la paix de l’OTAN au Kosovo, dément qu’il y ait un réel
problème pour l’instant. Pour le porte-parole de la KFOR, le colonel Yves
Kermorvan, qui s’est exprimé devant les médias à Pristina le 10 décembre,
tout est calme et tranquille.
Un millier de combattants mobilisables en 24 heures
Un ancien membre de l’UCK, vivant à Decani,
nous explique toutefois qu’il est possible que la MINUK rencontre des
paramilitaires sur son chemin si Haradinaj était inculpé. « Personne
n’a vraiment rendu toutes ses armes, en cas de guerre. En une nuit, nous
pourrions rassembler un millier de combattants armés ».
Naim Rashili ajoute : « Ces gens
n’ont rien à perdre. Ils ne sont pas nécessairement membres de l’UCK,
ils peuvent le devenir, ou bien rejoindre d’autres organisations plus
militantes, comme celles qui ont été impliquées dans la vallée de Presevo
et en Macédoine ».
D’autres combattants potentiels, selon Naim
Rashili, seraient des jeunes qui ne se sont pas encore battus, mais qui
veulent maintenant donner libre cours à leur colère.
Soren Jessen-Petersen, le chef de la MINUK,
n’ignore certainement pas qu’il aura du sang sur les mains si la violence
éclate en réponse à l’arrestation d’Haradinaj. Le 13 décembre, il
confiait à la BBC qu’il avait demandé à la KFOR que les troupes au sol
soient plus mobiles, plus flexibles et plus visibles.
Mais la crainte demeure qu’il faudra plus
qu’un déploiement efficace de troupes pour contrôler le Kosovo, si la
violence se déchaîne, ce qui est imminent aux yeux de beaucoup
d’observateurs.