http://www.balkans.eu.org/article5860.html

Danas
Kosovo : il est temps d’ouvrir les négociations
Traduit par Jean-Arnault Dérens


Mise en ligne : lundi 10 octobre 2005

« Il n’y aura jamais de moment idéal pour ouvrir les négociations sur l’avenir du Kosovo, mais il est temps de passer à cette phase »... Telle est la conclusion que Kofi Anan a tiré du rapport de son envoyé spécial Kai Eide. Danas présente les points essentiels de ce rapport.

Par Jelena Bjelica

« Ainsi qu’il est indiqué dans son rapport, M.Eide conclut que, bien la mise en œuvre des standards a rencontré de nombreuses difficultés, le temps est venu depasser à laphase suivante du processus politique. Sur la base des éléments fournis par cerapport et d’autres consultations, notamment avec mon envoyé spécial, M.Soren Jessen-Petersen, j’accepte la conclusion de M.Eide. J’entends également commencer les préparatifs pour la nomination d’un nouvel Envoyé spécial chargé de diriger le processus du statut futur, dans la ligne qui sera définie par le Conseil de Sécurité »...Tels sont les termes qui figurent dans la lettre signée par Kofi Anan, et qui a été transmise, avec le rapport de Kai Eide, vendredi vers midi, heure de New York, aux membres permanents du Conseil de Sécurité.

Ambassadeur de Norvège auprès de l’OTAN,Kai Eide a été nommé le 13 juin Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies chargé d’évaluer la situation au Kosovo. Durant près de près de quatre mois de travail sur ce rapport, qui a été remis le 4 octobre à Kofi Anan, Kai Eide a rencontré de très nombreux représentants du Kosovo et de Belgrade, ainsi que des pays membres du groupe de contact sur le Kosovo.

« Il n’y aura jamais de bon moment, comme je l’avais déjà dit dans un rapport l’an dernier, pour commencer la résolution du statut futur du Kosovo. La détermination de ce statut demeure et demeurera une question politique très sensible avec de sérieuses implications régionales et internationales. Cependant, toute analyse de la situation mène à la conclusion que le temps est venu d’entamer ce processus », conclut Kai Eide dans les recommandations de son rapport.

Dans ce rapport, qui ne compte qu’une vingtaine de pages,et qui est parvenu à la rédaction de Danas, Kai Eide fait un tour d’horizon de la situation au Kosovo, en examinant lesprogrès effectués à propos des huit standards. Finalement, sous le titre « Une voie pour avancer », Kai Eide émet des recommandations sur la façon dont il faudra mener le processus de détermination du statut futur, tout en poursuivant dans le même temps la mise en œuvre des standards.

« Les Serbes du Kosovo ont décidé de rester en-dehors des institutions politiques centrales et de conserver des institutions parallèles de santé et d’éducation... Les intérêts des Serbes du Kosovo auraient été mieux protégés si leurs représentants étaient revenus à l’assemblée. Les partis politiques albanais aurait dû favoriser un tel processus. Il est également temps que Belgrade renonce à sa position négative sur la participation des Serbes aux institutions du Kosovo », déclare Kai Eide dans son rapport.

Plus loin, parlant de l’économie, il estime que de grands progrès ont été réalisés pour construire des infrastructures économiques, mais que la situation économique demeure sombre.

« Le taux de chômage est extrêmement élevé et la pauvreté est partout visible...Pour que la situation s’améliore, des engagements sérieux doivent être pris. Si le processus de définition du statut futur commence, cela aura de toute façon des effets positifs sur l’économie du Kosovo », conclut Eide.

Selon ses conclusions, le crime organisé et la corruption sont définis comme les deux plus grandes menaces pour la stabilité et la viabilité des institutions du Kosovo.

« Ce sont des problèmes largement répandus, mais il difficile d’apprécier le niveau qu’ils ont atteints. La police du Kosovo et la justice sont des institutions fragiles, d’ultérieurs transferts de compétences dans ces domaines doivent être menés avec une grande prudence », note le rapport.

Parlant de l’établissement d’une société multi-ethnique, Kai Eide estime que la situation est scandaleuse, d’autant plus que souvent, on ne signale pas les cas de violence et d’agression, ce qui entrave dans une très large mesure la liberté de circulation des minorités, et ce qui amène les Albanais kosovars à poursuivre de telles violences car elles ne sont pas sanctionnées. « Il faut que les leaders kosovars et la communauté internationale fasse des gestes urgents pour améliorer cette situation », recommande Kai Eide.

À propos de l’Église orthodoxe serbe et de la protection des monuments religieux et culturels, que Kai Eide définit comme un élément essentiel de l’identité spirituelle du peuple serbe, il recommande la création d’un « espace protégé », qui permettrait à ces monuments de moins être utilisés pour des manipulations politiques.

Kai Eide ajoute encore qu’il faut sérieusement poursuivre et élargir la décentralisation. Selon le rapport, dans cette perspective on peut envisager de créer quelques nouvelles municipalités où les Serbes du Kosovo auraient une majorité confortable.

« On peut déléguer des compétences accrues à ces organes, dans des domaines comme la police, la justice, l’éducation, la culture, les médias, l’économie, y compris le droit de nommer les responsables. On pourrait permettre des liens horizontaux entre les communes du Kosovo à majorité serbe, et même des liens spéciaux avec Belgrade, mais sans donner à Belgrade de droit d’ingérence dans ces communautés », explique Kai Eide.

Dans la partie consacrée aux taches à venir, Kai Eide conseille, à propos de la méthode de définition du futur statut, que les deux parties soient impliquées à toutes les étapes du processus.

« Le résultat doit être stable et durable. On ne doit pas se fixer d’échéances irréalistes. Par contre, dès que le processus aura commencé, il ne doit pas s’arrêter et doit être mené à son terme ».

Le rapport évoque la possibilité que les Nations Unies renoncent à certains de leurs engagements actuels, qui seraient pris par d’autres acteurs. « On doit envisager l’hypothèse d’un Haut représentant ou d’une formule de ce type. Cette solution devrait être portée par l’Union européenne, tandis qu’un engagement plus large de la communauté internationale serait maintenu (notamment de la part des USA). Cependant, copier le modèle bosniaque serait une mauvaise solution au problème », estime Kai Eide.

« La définition du statut futur du Kosovo est attendue par beaucoup de gens. La communauté internationale doit s’engager jusqu’au bout pour que, quel que soit ce statut, ce ne soit pas un échec. Le Kosovo ne peut pas rester sous administration internationale. Cependant, il poursuivra sa route à condition d’un fort engagement des acteurs internationaux sur le terrain », conclut Kai Eide.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit se prononcer d’ici la fin du mois d’octobre sur l’ouverture des négiocations sur le statut futur du Kosovo.


Koha Ditore
Kofi Anan donne son feu vert à l’ouverture des négociations sur le statut du Kosovo
Traduit par Belgzim Kamberi

Publié dans la presse : 8 octobre 2005
Mise en ligne : dimanche 9 octobre 2005

Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a recommandé vendredi au Conseil de Sécurité de l’ONU l’ouverture des négociations sur le statut final du Kosovo. Le rapport de Kei Aide note que les « standards » n’ont pas été totalement atteints, et que le moment n’est pas idéal, mais « la prolongation du processus mènera à des résultats encore moins favorables ».

 

Par Enver Robelli

Comme il a été fait savoir par des cercles proches du Secrétaire général de l’ONU, qui se trouve en visite officielle à Berne, Kofi Annan a envoyé une lettre officielle aux 15 membres du Conseil de Sécurité où il annonce entre autre « le très proche début » des négociations sur le statut final du Kosovo ». « Je ne peut pas dire quel sera le résultat des négociations », a dit Kofi Annan aux journalistes à Berne. « La question de l’indépendance est sur la table. L’autonomie est aussi sur la table. Pour ceci, on discutera avec Belgrade et avec Prishtina ».

Kofi Annan a fait ses recommandations au Conseil de Sécurité en se basant sur le raport présenté le 4 octobre par l’Envoyé spécial pour l’évaluation des standards, Kai Eide. « Monsieur Eide a conclu que, bien que la mise en oeuvre des standards ne soit pas encore totale, le temps est venu pour continuer la prochaine phase du processus... J’accepte cette conclusion », a déclaré Annan.

Les diplomates estiment que le Conseil ne votera pas au sujet de la recommandation d’Annan, mais qu’il émettra simplement une déclaration, par laquelle il fera savoir que la recommandation du Secrétaire général a été accepté. Mais cette déclaration ne sera pas faite avant le 24 octobre.

La recommandantion de Kofi Annan a été saluée par le Représentant spécialdu Ssecrétaire Général à Pristina, Soren Jessen-Petersen. « Aujourd’hui, le Secrétaire général a récommandé au Conseil de Sécurité de débuter les discussions pour le statut du Kosovo. Naturellement, le Secrétaire général m’a consulté pour ceci et je salue sa recommandation », a déclaré Jessen-Petersen, à travers un communiqué qui a été livré par le bureau de presse de la MINUK à Pristina.

« Le chemin devant nous est clair. J’attends que les institutions provisoires de l’auto-administration travaillent pour assurer que le Kosovo progresse encore et plus vite vers la mise en oeuvre des standards, surtout dans les domaines où il existe toujours des enjeux à surmonter... Nous, à la MINUK, nous restons disponibles pour soutenir les institutions provisoires de l’autogestion et le peuple du Kosovo avec tous les moyens disponible ».

Actuellement, Jessen-Petersen est à Belgrade, en visite officielle, d’où il a recommandé, selon les agences étrangères de presse, que les discussions débutent « avant la fin de l’année ». Entre temps, Belgrade a critiqué la recommandation de Kofi Annan. Vojislav Kostunica, Premier ministre de Serbie, a déclaré que les standards aurait du être une « précondition décisive » pour les négociations. Mais Annan et Eide ont déclaré que les standards, quoi que très importants, ne doivent pas bloquer tout le processus. « Il n’y aura jamais de moment parfaitement favorable pour commencer les discussions pour le futur statut du Kosovo », est-il écrit dans le raport d’Eide, selon l’agence Reuters. « La prolongation du processus mènera à des résultats encore moins favorables ».

La recomandation de Kofi Annan a été toute de suite saluée vendredi par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Le haut représentant du Département d’État Nicholas Burns a déclaré que les Etats-Unis soutenait la décision d’Annan et qu’il seront « au centre » des negociations. Il a ajouté qu’il visitera dans les prochains jours Belgrade et Pristina, afin d’aider les préparations du début des négociations.

Dans le même temps, le ministre britannique des Affaires européennes, Douglas Alexander, qui avait visité le Kosovo il y a quelques temps, a salué la recomandation d’Annan en espèrant que celui-ci va nommer très bientôt un Envoyé spécial qui fera la médiation entre Belgrade et Pristina. Dès le mois de septembre, Koha Ditore avait rapporté que les grandes puissances mondiales avait proposé le diplomate et ancien Président finlandais Marti Ahtisaari comme candidat pour ce poste de médiateur des négociations.


RADIO FREE EUROPE/RADIO LIBERTY, PRAGUE, CZECH REPUBLIC
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RFE/RL NEWSLINE Vol. 9, No. 191, Part II, 11 October 2005

UN CHIEF GIVES GREEN LIGHT TO KOSOVA STATUS TALKS... On 7 October, UN
Secretary-General Kofi Annan endorsed a report by his special envoy
for Kosova, Kai Eide, recommending that talks on Kosova's final
status begin soon even though the international community's standards
have not been completely met, international and regional media
reported (see "RFE/RL Newsline," 27 September and 6 October 2005 and
"RFE/RL Balkan Report," 20 May 2005). The study stated that "there
will not be any good moment for addressing Kosovo's future status. It
will continue to be a highly sensitive political issue. [But] it is
unlikely that postponing the future status process will lead to
further tangible results." Annan said that "while standards
implementation in Kosovo has been uneven, the time has come to move
to the next phase of the political process." Soren Jessen-Petersen,
who heads the UN's civilian administration in Kosova (UNMIK), told
reporters that he expects the talks to begin before the end of 2005.
The Security Council will discuss Eide's report on 24 October, and
Russia or any other permanent member has the power to block the start
of talks. In his report, Eide called the present status untenable,
but expressed understanding for Serbian demands for decentralization
and parallel administrative structures. He urged a strong role for
the EU, which might name a high representative for Kosova, and for a
continuing U.S. military presence through KFOR. PM

..TRIGGERING PREDICTABLE REACTIONS IN THE REGION... Kosova's
President Ibrahim Rugova and Prime Minister Bajram Kosumi warmly
endorsed UN Secretary-General Annan's statement on Eide's report on 7
October, RFE/RL's South Slavic and Albanian Languages Service
reported. Kosumi called it the start "of the most important phase in
Kosova's history...[and] of a process that opens a perspective for
establishing a state of Kosova." In Kosovska Mitrovica, local Serbian
leader Oliver Ivanovic said that Belgrade has not prepared for status
talks even though it was clear that negotiations were in the offing.
In Paris, Serbia and Montenegro's Foreign Minister Vuk Draskovic told
RFE/RL that Annan's decision came as no surprise. In Belgrade,
Serbian President Boris Tadic and Prime Minister Vojislav Kostunica
cautioned against starting status talks before the standards are met.
PM

..AS THE U.S. PREPARES FOR A STRONGER ROLE. U.S. Undersecretary of
State for Political Affairs R. Nicholas Burns said in Washington that
the United States plans to be "centrally involved" in the upcoming
Kosova status talks, adding that he will soon visit the region, the
"Frankfurter Allgemeine Zeitung" reported on 10 October. Burns
stressed that it is ultimately up to the residents of Kosova and not
to outsiders to determine its future. Burns promised that the United
States will "block any move" to bring Croatia or Serbia closer to
NATO, including joining the alliance, until those two countries
arrest and extradite their remaining prominent fugitive war crimes
indictees. PM