13 avril 2005 
  12:47   Les grandes familles albanaises ont un nouveau code de la vendetta
KUSHË - Les chefs des familles les plus connues dans le nord de l'Albanie ont adopté un nouveau «code d'honneur». Il doit remplacer celui établi il y a plus de 600 ans par un seigneur, Lek Dukagjini, prêchant la «vengeance du sang par le sang».
Le nouveau code s'inspire d'un modèle adopté il y a 35 ans environ par le Monténégro voisin qui faisait alors face à des problèmes semblables concernant la vendetta. Cela a donné «de bons résultats», ont assuré les initiateurs d'une réunion à laquelle ont participé plus de 5000 membres des grandes familles.
La rencontre s'est tenue dans la ville de Koshë, située dans le nord du pays, région la plus touchée par la vendetta. La principale nouveauté du code, adopté à l'issue de la réunion, concerne l'auteur du crime, qui devient le seul concerné par la vengeance.
«Le nouveau code prévoit que l'innoncent soit libre. La vendetta a fait rage et il ne faut pas permettre que toute une famille soit touchée par la tragédie», a expliqué à l'AFP un des promoteurs de cette initiative, Kastriot Bajraktari, originaire d'une des familles les plus grandes et les plus respectées de la région.
En Albanie, plus de 650 familles dont plus de 2000 enfants vivent cloîtrées, menacées de mort au nom d'une vendetta séculaire. Un phénomène que les autorités peinent à éradiquer faute d'un système judiciaire rigoureux.
«Dans le code de Lek Dukagjini tous les êtres de sexe masculin d'une famille qui portent le même nom que l'assassin étaient visés par la vendetta: la famille de la victime désignait celui qui devrait exécuter la vengeance en tuant un membre mâle de la famille ennemie, quel que soit son degré de parenté avec le meurtrier», explique Gjelosh Palaj, la cinquantaine au regard dur.
Le code adopté dimanche exige en outre que «l'assassin ne soit pas aidé à fuir ou à se cacher». «Celui qui abrite ou aide l'assassin sera complétement abandonné par la société», indique le code.
L'adoption de ce nouveau code est accompagné par une activité intense des autorités albanaises visant à résoudre le problème de la vendetta qui ronge le nord du pays.
© ATS