Faqja
3 - FAQE E PARE
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Shtator 6, 2006 |
Ndryshimi i grupeve parlamentare dhe tre votat e
diskutueshme të Peçit, Solis e Ngjelës
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Mazhoranca 1 votë larg zgjedhjes së Presidentit |
Sigurohen 83 deputetë, duhen 84 |
Armando Meta Rikompozimi i grupeve parlamentare në Kuvend dhe sidomos
kalimi i dy deputetëve të opozitës, përkatësisht; Pashk
Ujka (PAD) dhe Tom Doshi (PS) në grupet parlamentare të
shumicës e ka bërë mjaft të vështirë, por ende jo të
pamundur për opozitën, që të bllokojë zgjedhjen e
Presidentit në vitin 2007. Me marrjen e Tom Doshit blloku i
partive të mazhorancës siguron 83 deputetë duke bërë që
të duket se vetëm një vote e ndaj PD nga sigurimi i
zgjedhjes së Presidentit të ri. Por duke parë votën e
pasigurt të dy deputetëve të PBDNJ, Leonard Solis dhe Spiro
Peçi përfshi këtu edhe rrebelimin e Ngjelës, situata
komplikohet. Duket se zgjedhja e Presidentit në verën e
2007-ës do të bëhet me fotofinish votash. Opozita e ka përcaktuar
zgjedhjen e Presidentit, si pikën kulmore të aksionit të
saj politik për të mundësuar zgjedhjet e parakohshme në
vend. Por pakësimi gradual i numrave të opozitës në Kuvend,
falë kalimit të dy deputetëve të opozitës në radhët e
maxhorancës, duket se e ka bërë mjaft të komplikuar skemën
e opozitës për zgjedhje të parakohshme në vitin 2007. Mbi
bazën e llogarive, shumica rezulton të ketë në mbështetje
të saj afro 83 deputetë. Pra mbeten vetëm 1 deputetë që
maxhoranca të kapë vijën e finishit që i mundëson
arritjen e kuorumit që i duhet për të zgjedhur Presidentin.
Viti parlamentar 2006-2007 është i mbushur me mjaft ngjarje
të rëndësishme, ku më pikantet janë zgjedhjet e përgjithshme
vendore, si dhe zgjedhja e Presidentit. Duket se orientimet
politike për pozitën dhe opozitën, tashmë janë që të
ruajnë me fanatizëm numrin e deputetëve që kanë në
dispozicion...,por që për opozitën duket se sa vjen, e bëhet
më e vështirë.
Ndarja e deputetëve Mazhoranca Opozita |
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Tiranë, më
2 shtator 2006
http://balkans.courriers.info/article6978.html
En alternant les fonctions de Premier ministre et de chef de l’État, Milo Djukanovic règne sur le Monténégro depuis près de 20 ans, pratiquement la moitié du mandat effectué par Tito. Avec les élections du 10 septembre, il devrait obtenir un nouveau mandat de quatre ans. En 1980, les Yougoslaves disaient « après Tito, Tito ». Les Monténégrins doivent-ils dire « Après Milo, Milo » ?
Par Nedeljko Rudovic
Le résultat des élections législatives du 10 septembre, d’après les sondages de l’opinion publique et des analyses des partis, ne laisse place à guère d’incertitude : la coalition entre le Parti démocratique des Socialistes (DPS) et le Parti social-démocrate (SDP) obteindra-t-elle la majorité absolue ou bien aura-t-elle besoin du renfort d’autres petits partis pour former le gouvernement ?
La possibilité que l’opposition, même avec l’aide du Mouvement pour les changements (PZP) de Nebojsa Medojevic, obtienne la majorité ne figure pas à l’horizon. Pas seulement à cause du fait que cette opposition se présente contre Djukanovic avec les mêmes dirigeants qui, depuis des années, n’arrivent pas à l’écarter, mais aussi parce que la majorité souverainiste, qui a restauré l’indépendance nationale au Monténégro lors du référendum du 21 mai dernier, ne prendra pas le risque de mettre en jeu ce qui est acquis.
La voie de la continuité
C’est pourquoi il est difficile d’imaginer que les électeurs actuels du DPS, qui ont soutenu ce parti toutes ces dernières années avant tout à cause des promesses de référendum, se tournent maintenant vers le Parti socialiste populaire (SNP) de Predrag Bulatovic ou vers des partis pro-serbes moins importants. D’autant plus que ces derniers n’ont pas reconns les résultats du référendum et qu’ils ont annoncé qu’ils en feraient un nouveau quand ils auront le pouvoir. Les sondages de l’opinion publique ont montré jusqu’à présent que le Mouvement pour les changements ne pouvait compter sur un nombre important de voix venant du « bloc souverainiste », mais qu’il puise sa popularité surtout parmi les électeurs déçus du SNP et des autres partis qui ont soutenu l’union avec la Serbie.
Étant donné le comportement de Nebojsa Medojevic, le leader de ce parti, à la veille du référendum, quand il apparaissait surtout du côté des unionistes, le PZP, bien qu’il tienne des propos attrayants sur la suppression de la corruption, le népotisme et l’élimination de toutes les anomalies des autorités, aura bien du mal à gagner la confiance des souverainistes. Surtout maintenant, quand il annonce que s’il est len position d’arbitre, il demandera le soutien de l’opposition pour former un gouvernement d’experts.
C’est pourquoi il est certain que les électeurs actuels du DPS, qui pensent comme Medojevic en ce qui concerne la moralité de leurs dirigeants, trouveront cette fois un refuge auprès du Parti libéral (LP) ou du Parti citoyen (GP). Il s’agit de petits partis, nés des décombres de l’ancienne Alliance libérale du Monténégro (LSCG) de Slavko Perovic, qui, ces dernières années ont été les alliés du DPS. Le président du Parti citoyen, Krsto Pavicevic était jusqu’à présent député de la liste de la coalition DPS-SDP, alors que le chef du Parti libéral Miodrag Zivkovic s’est réconcilié avec Djukanovic quelques mois avant le référendum en l’aidant à garder le pouvoir à Bar.
Krsto Pavicevic et Miodrag Zivkovic accusent dans leur campagne le DPS de freiner les réformes, en soulignant que sans limitation des pouvoirs absolus de Milo Djukanovic, le Monténégro ne pourra pas être fonctionner comme un État de droit. S’ils réussissent à attirer une partie des sympathisants du DPS, mécontents de leur niveau de vie et de la situation globale dans la société, le Parti libéral, qui se présente aux élections en coalition avec le Parti Bosniaque, et le Parti citoyen, dont les partenaires sont les Verts, pourraient être le facteur déterminant dans la formation du nouveau gouvernement. En revanche, ceux qui, après le référendum, ont décidé de ne plus soutenir le DPS, s’abstiendront probablement de voter, abandonnant notre immuable scène politique.
Dans le cas où le Parti libéral et le Parti citoyen, que les sondages créditent de scores tournant autour du seuil nécessaire pour obtenir des sièges, n’atteignent pas un résultat important, Milo Djukanovic a encore une alternative s’il lui manquait quelques sièges pour avoir la majorité absolue : les partis albanais. Sur cinq sièges de députés, réservés aux Albanais, on s’attend à ce que les partis albanais en obtiennent au moins deux. Jusqu’à présent, sur quatre sièges, deux étaient obtenus par les partis nationaux albanais et deux autres par le DPS.
Aux prochaines élections, en plus de l’Union démocratique des Albanais de Ferhat Dinosa et de le Coalition Alliance démocratique-Parti de la prospérité démocratique, conduite Mehmet Bardhi, deux nouvelles formations sont en compétition pour les voix albanaises : Forca - nouvelle force démocratique dirigée par l’homme d’affaires d’Ulcinj Naziv Cungu, et l’Alternative albanaise, un groupe de citoyens engagés pour que la bourgade de Tuzi obtienne le statut de commune.
L’essentiel est que Milo Djukanovic, depuis le début a un avantage de cinq sièges albanais. Sur les 76 autres sièges du Parlement, le DPS est convaincu qu’il en obtiendra une quarantaine. Outre la coalition DPS-SDP et quatre listes albanaises, participent aux élections la coalition SNP-NS-DSS, la Liste serbe dirigée le Parti populaire serbe d’Andrija Mandic, le Mouvement pour les changements, la coalition du Parti Libéral et du Parti Bosniaque, la coalition Partis citoyen-Les Verts, le Parti Démocratique du Monténégro de Predrag Drecun, ancien dirigeant du Parti Populaire, et enfin la Ligue des communistes de Yougoslavie et les Communistes du Monténégro. Ces deux derniers partis sont totalement des outsiders.
Selon certains sondages, la coalition DPS-SDP où figure aussi l’Initiative croate des citoyens, obtiendrait le plus grand nombre de voix, tandis qu’en deuxième place viendrait la coalition du SNP de Predrag Bulatovic, du Parti populaire de Predrag Popovic et du Parti démocratique serbe de Ranko Kadic. Le mouvement pour les changements de Nebojsa Medojevic peut compter être à la troisième place et la Liste serbe à la quatrième. Pour le moment il ne fait pas de doute que la coalition du Parti Libéral et du Parti Bosniaque passera le seuil permis, mais l’on ne sait pas si ce sera le cas de la Liste des citoyens (Partis des Citoyens et des Verts).
Tout le monde est optimiste
Somme toute, il est évident que la lutte principale se conduit à l’intérieur de chacun des blocs référendaires, c’est-à-dire que pour l’opposition le principal concurrent n’est pas Milo Djukanovic, pas plus que Predrag Bulatovic ne l’est pour Milo Djukanovic. Le leader du SNP, en vérité, tente de conserver ses électeurs face à l’envolée de la Liste serbe qui joue sur la carte des droits menacés pour les 30% de Serbes vivant au Monténégro. Le président du SNS Andrija Mandic, soutenu par le Parti radical serbe au Monténégro et par l’ancien Président du Monténégro Momir Bulatovic, par l’ancien vice-président du SNP Zoran Zizic et d’autres partis plus petits, menace sérieusement de bousculer Predrag Bulatovic. Celui-ci est accusé de ne pas être un vrai défenseur de la serbité au Monténégro. C’est pourquoi il a formé une coalition avec le Parti populaire (NS) de Popovic et le Parti démocratique serbe (SDS) de Kadic. Bien qu’il assure que l’économie sera pour eux mise en premier plan lors de ces élections, le SNP de Bulatovic dépense pratiquement tout son temps sur le terrain à convaincre ses sympathisants de ne pas voter pour la Liste Serbe ni pour le Mouvement pour les changements.
Le Mouvement pour les changements a aussi empiété sérieusement dans le corps électoral du SNP en donnant l’espoir à ceux qui, après une série d’échecs électoraux, doutent que le pouvoir puisse jamais changer.
Par ailleurs, l’objectif de Djukanovic et du président du SDP Ranko Krivokapic est de garder leurs électeurs actuels ce qui leur garantit de nouveau une majorité absolue. Pour que cela ne soit pas remis en question, ils ont essayé, en plus du petit parti del’Initiative civique croate, d’inclure sur leur liste le Parti bosniaque. Après quelques semaines de négociations, le Parti bosniaque, mécontent du fait que la Cour Constitutionnelle ait rejeté en juin la Loi sur les droits des minorités qui garantissaient aux Bosniaques la certitude d’avoir trois sièges de députés, s’est rangé aux côtés du Parti libéral.
Arithmétique de la victoire
Le DPS avec son armée de 15 000 militants, ne laisse rien au hasard. Selon un système bien rodé qui consiste à avoir dans chaque rue, chaque immeuble, village et hameau, un de ses hommes chargé de donner son estimation pour savoir qui votera pour le parti et de convaincre ceux qui hésitent, les stratèges en sont arrivés à la conclusion que la coalition DPS-SDP aurait d’ores et déjà 147 000 voix assurées, tandis que les « discussions » se poursuivent avec 35 000 voix potentielles. De sorte que la coalition gouvernementale compte sur 175 000 voix, ce qui garantit la majorité absolue, soit au moins 41 sièges de députés.
Le DPS estime que la participation sera autour de 75% des inscrits, ce qui représente 360 000 électeurs. Il estime aussi que la coalition du Parti libéral et du Parti bosniaque pourrait dépasser le seuil et obtenir au plus 16 000 voix, tandis qu’on ne sait pas si le Parti citoyen réussira à entrer au parlement. Le SNP de Bulatovic, dont l’organisation n’a rien à envier à celle du DPS, communique officieusement que la coalition SNP-NS-DSS obtiendra entre 80 000 et 100 000 voix, mais qu’elle ne peut en aucun cas descendre en dessous des 80 000. D’après ces estimations, la Liste Serbe peut obtenir 40 000 voix tout au plus. C’est ce que pensent aussi certains responsables de la Liste serbe, mais une agence renommée de sondages indique qu’il ne serait pas surprenant que cette Liste se rapproche dangereusement du score de la coalition SNP-NS-DSS. Cette agence a procédé à la fin du mois de juin dernier à un vaste sondage qui a montré qu’après la défaite au référendum, les électeurs qui soutenaient l’union avec la Serbie, se classent dans trois colonnes approximativement égales - l’une menée par le SNP, la deuxième par le SNS et la troisième par le PZP.
Une autre agence basée à Belgrade estime que les pronostics voulant que le DPS et le SDP conservent le pouvoir absolu sont « trop optimistes », et annoncent une participation de 65 à 70 %. On estime qu’une faible participation ne convient pas aux grands partis et que, dans ce cas, la coalition DPS-SDP devra chercher le soutien des partis plus petits pour former le prochain gouvernement.
Corruption, ingérence politique, étroitesse du marché, faiblesse des ressources publicitaires : les médias albanais sont en crise. Officiellement, le Premier ministre Sali Berisha affirme ne pas vouloir se mêler des problèmes des médias. En réalité, il n’apporte son aide qu’à ceux qui le soutiennent. Il serait temps de définir, comme dans tous les pays d’Europe, une politique publique d’aide à la presse !
Par Ilir Yzeiri [1]
La presse albanaise a beaucoup évoqué ces jours-ci un conflit entre les copropriétaires du journal Klan et ceux de la chaîne de télévision Sat+. Selon la presse, les Impôts ont menacé de fermer deux imprimeries, « Eurorilindja » et « Demokracia », qui n’auraient pas réglé leurs dettes à l’État.
Un des principaux actionnaires des médias en question, le Français Julien Roche, a adressé une lettre ouverte au Premier ministre Sali Berisha en lui demandant d’intervenir pour résoudre la situation. Quant aux imprimeries, c’est un des journaux qui y est imprimé qui a tiré la sonnette d’alarme, car leur fermeture mettrait en péril la publication de plusieurs des principaux quotidiens albanais. Ces appels s’adressaient plus à l’opinion publique qu’au Premier ministre lui-même, de manière à toucher le plus grand nombre et à rendre public le fait que l’État albanais n’a aucun scrupule à empêcher la publication des journaux et museler ainsi la parole libre. Et comme toujours en Albanie, le Premier ministre est le premier visé. Un journaliste, pro-Berisha, a répondu à la lettre ouverte de Julien Roche, en reprochant cette habitude de prendre à parti Sali Berisha à la moindre occasion, ce dernier ayant choisi de prendre ses distances des médias et de ne pas intervenir dans les affaires spécifiques qui les concernent.
Serait-il vrai que Sali Berisha ne se mêle pas des affaires des médias ? Ce serait une bonne nouvelle. En effet, tous se souviennent de son rêve de voir le Conseil de direction de la Radio-Télévision Albanaise, comme tous les médias publics et électroniques, gérés par la société civile. Rêve qu’il a fait réaliser bien sûr.
Le cas de l’imprimerie « Démocracia » relèverait-il de ce même scénario ? Cette imprimerie fut l’antre de la presse libre en Albanie, et quand il était Président de laRépublique, Sali Berisha ne prit le risque de détruire avec elle toute la presse libre. Depuis lors, l’ancien Président, devenu Premier ministre après une cure d’opposition, n’hésite pas à avancer en renversant tout au passage afin de lancer le journal Albania, aujourd’hui, doté d’un considérable capital financier qui lui a permis de se lancer dans la construction immobilière. Sali Berisha n’a donc pas toujours été si éloigné que cela du monde des médias.
Des investissements très politiques
Au temps de sa présidence, le journal Koha Jone vit le jour, devenant le leader du marché journalistique albanais grâce à sa liberté de parole et à son professionnalisme. Ce titre devint vite un des dénonciateurs acharnés de la politique de Sali Berisha. Après 1997, la presse albanaise s’est davantage développée et naquirent notamment la compagnie médiatique regroupant la radio-télévision Klan et la revue du même nom, le journal Shekulli, ainsi que tant d’autres revues et journaux. Or, tous les médias écrits ou télévisuels qui dénonçaient l’œuvre de Berisha jouissaient surtout d’investissements étrangers, parfois aussi locaux, considérables. Je reste persuadé que l’Occident avait ses intérêts à soutenir la liberté et les standards démocratiques. Sali Berisha incarnait à l’époque le symbole du pouvoir autocrate et antidémocratique. Afin de détruire le mythe, certains organismes et fondations occidentaux ont déboursé des sommes considérables pour soutenir les journaux qui ne lui étaient pas du tout favorables.
Un autre phénomène apparu pendant les premières années de la transition a été l’introduction dans les médias d’investisseurs venant des compagnies qui avaient réussi dans d’autres domaines commerciaux. Or, les pro-Berisha furent condamnés sinon à faire faillite, du moins à vivoter tant bien que mal noyés de dettes, boycottés qu’ils étaient par tout organisme ou fondation étrangère. Je faisais partie de ceux-là et je fais les frais des efforts de Sali Berisha pour tout faire converger vers le titre Albania.
Blanchiment d’argent sale
Les huit années de gouvernement socialiste ont vu l’explosion de la scène médiatique, mais on a aussi fait cas de sales affaires de malversations diverses et de blanchiment d’argent dans les médias, sans que les institutions spécialisées en eussent jamais confirmé une seule. On a aussi parlé de clientélisme ou d’abus de pouvoir à travers des appels d’offres ou de publicités. Le cas récent de « l’amendement Lesi » en témoigne, par lequel le Parlement a tenté de régulariser ce domaine.
Sous le gouvernement socialiste, les médias se sont beaucoup développés. L’argent coulait à flots dans les publicités, les campagnes de soutien financier, etc. Le gouvernement d’Ilir Meta avait décidé d’attribuer un fond spécial aux journaux et aux médias électroniques. Parallèlement à cet essor, la Radio-Télévision Albanaise publique s’effondrait et laissait libre cours aux investissements dans le domaine audiovisuel. « Top-Channel » et les investissements de cette compagnie dans les médias, sont les premiers de la liste à avoir pris ce créneau. Mais voilà revenu le temps du conflit, entre les propriétaires des compagnies médiatiques les plus sérieuses, qui met en évidence qu’en fin de compte le monde des médias albanais est bien en crise.
Les pro-Berisha affirment que cela vient du souhait de Sali Berisha de ne pas se mêler des médias (hormis quand il réalise ses rêves). D’autres pensent que la tutelle du Premier ministre mènerait les médias à leur perte. Or, les médias sont un nid à investissements et un créneau porteur d’emplois plutôt bien rémunérés. « Top-Channel » et son réseau emploie près de 500 personnes. Il existe plus d’une dizaine de quotidiens qui font chacun travailler une trentaine d’employés, en plus d’un large réseau d’agences de distribution et de vente. Les médias constituent donc un investissement sérieux dans le pays et il serait naïf de considérer que le gouvernement ne doit pas s’en occuper et ne faire que les sélectionner. Il doit s’en occuper et les aider.
Pour une politique publique d’aide aux médias
De nombreux exemples dans le monde montrent que les médias sont un quatrième pouvoir indépendant et financièrement puissant. Pour qu’il y ait une vraie liberté de la presse, il faut un soutien financier qui ne va pourtant pas sans un contrôle spécifique. L’action actuelle du gouvernement est significative, ayant choisi la prise de distance elle n’incite pas le développement économique dans ce domaine, notamment à travers l’expansion de la publicité. Or, dans la presse albanaise les réclames ne sont pas légion, ce qui fait un grand manque à gagner pour les médias. L’État italien dépense 650 millions d’euros pour financer les journaux et autres médias de partis ou d’associations diverses, ce qui a sorti les médias italiens de la grosse crise qu’ils ont connue en 1982.
En Albanie, deux des actionnaires et fondateurs d’une grande compagnie médiatique s’en remettent à la police et demandent l’intervention de l’État, alors que le Premier ministre affiche tranquillement l’indifférence en sirotant son café en compagnie d’un des partenaires impliqués dans cette affaire. Les deux imprimeries menacées de fermeture sont redevables à l’État d’une énorme dette, et l’État de Sali Berisha n’a pas cherché d’autre solution que leur fermeture définitive. Il aurait pu par exemple les revendre aux enchères, de manière à assurer leur subsistance. Sauf que la mentalité manichéenne du Premier ministre a mené à un choix, celui du silence et de la non-interférence.
Les médias albanais méritent un traitement différent. En plus d’un soutien financier ils gagneraient en liberté. Le gouvernement pourrait peut-être prendre l’initiative de financer l’assurance des employés des médias dans le cadre de l’incitation à l’embauche ou de la formation continue des employés. Le Parlement devrait statuer sur la manière dont la presse pourrait être aidée par l’État, de manière à ce qu’elle puisse être vraiment libre et indépendante. De cette manière, on ne verrait peut-être plus un éditeur proclamer sa ruine tout en roulant dans la dernière version d’une grosse berline à peine achetée, et se taire alors que ses copropriétaires demandent l’aide de l’État, ou bien encore un député vendre sa compagnie quatre jours avant que cette dernière n’emporte un appel d’offre. On n’aurait ainsi peut-être plus l’occasion de croire que Sali Berisha promeut le clientélisme et soutient qui lui plait le mieux.
[1] Directeur du département du journalisme à l’Université Aleksandër Xhuvani
Les élections présidentielles se profilent sur le ciel politique albanais, non sans amener de sombres nuages. Comme toujours, la vie du pays est dominée par la guerre incessante entre Démocrates et Socialistes, mais le problème de fond n’est-il pas que l’Albanie ne connait toujours pas un véritable État de droit, mais un État des combines, et des « petits accords » entre amis ou ennemis ? Le cri d’alarme de Fatos Lubonja.
Par Fatos Lubonja
Les élections auront lieu l’année prochaine, mais le paysage politique est déjà traversé par de violents orages, malgré la chaleur étouffante de l’été albanais. Les démocrates et les socialistes ont repris leurs positions, dans la guerre que se livrent ces deux forces politiques. Entre ententes privées et arbitraire de la loi, la raison du plus fort prévaudra-t-elle encore une fois ?
Si l’on cherche les racines du dernier conflit politique en Albanie, qui a dominé les séances plénières du Parlement et qui se continue avec le gel de tout dialogue entre la majorité et l’opposition, au-delà des guerres interpersonnelles, des incompréhensions entre les parties en jeu, on remarque que le blocage, au fond, vient du fait que la politique chez nous en est restée à ce dualisme qui la caractérise entre ce qu’on peut appeler un État de droit (resté au stade théorique) et un autre État qui est plus fort, l’État de l’accord.
Ce qui n’est pas prévu par la loi ni par les institutions
J’entends par accord un acte politique qui n’est pas prévu par les lois ou les règles établies de fonctionnement des institutions, qui les dépasse car ces institutions sont dans l’incapacité d’exercer leurs droits et d’accomplir leurs devoirs. En traversant toute cette période marquée par le pluralisme politique, qui a fini par devenir bipolaire, on remarque qu’il s’est transformé en un théâtre où se joue depuis des années la vie politique albanaise. Ce dualisme a commencé à prendre forme réellement à partir de 1997, qui marque un seuil spécifique. Si la période entre 1992 et 1996 a été dominée par un seul parti, le Parti Démocratique dirigé par Sali Berisha, devenu Président de la République, et qui a fini par faire la loi, 1997 marque le début d’une seconde ère, où les deux forces politiques se sont équilibrées, l’État de l’accord a alors pris le pas sur l’État de droit, qui s’est réduit à une réalité purement théorique.
L’État de l’accord repose sur l’absence d’institutions qui garantissent la loi et l’égalité devant elle de tous les citoyens. Il a été institué à partir du 9 mars 1997, date du premier accord entre les deux forces politiques contradictoires, faute d’une institution qui puisse faire valoir la loi. Les seuls médiateurs dans ce cas précis furent les représentants internationaux, qui pouvaient jouer un rôle dans l’accord entre les deux parties sans aucunement pouvoir garantir ni faire valoir la loi dans le pays.
On peut dire donc qu’entre 1992 et 1996, le culte de la personne dominait l’État et la loi, et qu’à partir de 1997, c’est l’État de l’accord qui est devenu de mise. Depuis ce temps-là, l’Albanie n’a jamais résolu ses problèmes au travers de lois mais par des accords. Les élections, par exemple, se sont toujours été soldées par l’intervention d’un troisième facteur international, pour que les deux forces opposées, contestant à tour de rôle les résultats, puissent parvenir à un accord satisfaisant.
Ce fut le cas même pour l’élection de l’actuel président de la République, issu d’un accord imposé faute d’un bon fonctionnement des élections libres. L’actuel Procureur Général est aussi le produit d’un accord, auquel les socialistes sont parvenus au bout d’un long conflit, alors que son successeur fut limogé de manière totalementanticonstitutionnelle.
L’élection de deux figures institutionnelles si emblématiques par des accords ou des consensus, et non par la loi, témoigne de la domination de l’État de l’accord sur celui de droit en Albanie. Mais surtout il symbolise l’existence de cet espace entre la loi et le consensus où évolue notre politique. Dans le cas de l’élection d’un membre du Comité Central des Elections (KQZ en albanais), qui fut le prétexte au dernier conflit, les juristes parlent d’une infraction à l’accord convenu et non pas à la loi. Or, le rôle dominant que joue l’entente dans notre pays rend la discorde illégitime aux yeux des personnes lésées. Au fond, naviguer entre l’accord et la loi ou inversement, n’est plus un problème pour nous, dès que quelqu’un peut y trouver son compte.
Un système bipolaire perverti
Un autre facteur prédisposant pour cette situation c’est la configuration politique actuelle, avec deux partis politiques principaux, qui sont les acteurs principaux générant les conflits et leurs conséquences. La vie politique albanaise se limite aux accords et aux conflits entre ces deux partis. Les conflits créés ont désormais établi une tradition vicieuse évoluant à travers des infractions légales ou des accords mutuels, ou des contestations vigoureuses suivies immanquablement de nouveaux consensus, moment où interviennent habituellement le troisième élément international pour jouer d’arbitre et garder cette ambigüité ambiante. Quant aux internationaux, ils sont toujours intervenus pour se charger des consensus là où la loi devrait être appliquée, sauf que son application nuirait aux acteurs principaux de la politique albanaise jouissant du soutien des internationaux. Cette position pourrait provenir de leur volonté de préserver leur pouvoir ou bien de leur manque de confiance dans l’efficacité des gouvernants albanais à assurer le bon fonctionnement de la loi.
Au nom de l’État de l’accord, on pourrait pratiquement amnistier tous ces politiques qui ont abusé du pouvoir et qui se sentent menacés de sanctions légales. C’est ce qui s’est déjà passé en 1997. Autrement, ce sera encore le blocus. Seulement, est-il encore possible, après un énième accord, de se remettre sur le droit chemin, celui de la loi ? L’expérience a montré que de cette manière on ne fait que renforcer la volonté du plus fort, et établir un État de l’accord, un État de ces partis qui deviennent plus forts que la loi elle-même.
État de droit et culture de la loi
Or, seul l’État de droit peut être l’État de tous. Il faut trouver les moyens de passer d’un État de l’accord à l’État de droit, où la loi régirait les institutions officielles ou la société civile et non les ententes politiques. Cela sous-entend d’autres réformes légales qui assureraient une indépendance réelle des institutions, mais ceci dit l’expérience a aussi montré que malgré de bonnes lois, ceux qui ont le pouvoir savent toujours les contourner. Des institutions comme le Parquet et le Tribunal doivent être garants de la justice et de l’égalité de tous devant la loi, en assurant ainsi la dignité de l’État. Ces institutions ont cependant une indépendance garantie par la loi, mais qui n’a pas réellement fonctionné jusqu’ici.
Un dernier problème majeur et difficile à résoudre se trouve dans la culture et la mentalité générale. Au nom de l’État de l’accord et sur le dos des plus faibles et des plus honnêtes, on parle aujourd’hui d’une amnistie fiscale, qui effacerait, par exemple, les infractions légales commises jusqu’à ce jour. Cela fut le cas des constructions et des légalisations illégales, pour ne mentionner qu’elles. La politique n’est que l’expression d’une mentalité dominante qui agit dans le bon ou le mauvais sens et qui a son rôle actif dans les élections ou l’application des lois. Les mesures entreprises semblent énormes, mais avant de les voir pratiquées, il faut combattre ce dualisme entre l’État de l’accord et l’État de droit. La dernière crise politique qu’on a connue cet été semble soulever le besoin de faire disparaître cette scission de l’Etat en deux.
Si au moins on ne pouvait parler qu’au nom de la loi, si on ne construisait ou on ne contestait les choses que conformément à la loi, la culture de la loi finirait par reprendre le pas sur les ententes entre les plus forts. Ce serait bien si les internationaux participaient à la transmission de cette culture et s’ils ne devenaient pas eux-mêmes victimes de notre penchant pour le pouvoir obscur et omnipotent, qui a fait de l’État de droit et de la loi lettres mortes.
Le Premier ministre albanais Sali Berisha a lancé une nouvelle initiative visant à rendre plus attirant le pays pour les investisseurs : tous les services publics et même le terrain pour implanter une activité à un euro... Cette proposition, d’ailleurs visiblement floue et mal préparée, est accueillie avec beaucoup de scepticisme par les experts et les médias, qui se déchaînent contre le Premier ministre.
Par Indrit Maraku
Les investissements étrangers restent un des problèmes majeurs de l’Albanie à l’ère de la démocratie : leur afflux, ces dernières années, a à peine dépassé le seuil de 300 millions de dollars annuels, classant le pays parmi les derniers en Europe pour les investissements extérieurs directs.
Le 16 août dernier, Sali Berisha, Premier ministre et chef du parti démocratique, a présenté, très euphorique, la solution « Albanie à 1 euro », qui « fera de l’Albanie le pays le plus attirant pour les entrepreneurs étrangers ».
Mais l’enthousiasme du Premier ministre, qui a présenté sa proposition comme la solution à tous les maux, a provoqué les réactions de nombreux analystes et éditorialistes qui, dans le meilleur des cas, l’ont qualifié de déplacé, et au pire de blague ou de folie.
1 euro
« L’augmentation des investissements sera notre défi », a déclaré le Premier ministre, Sali Berisha, livrant quelques détails sur sa nouvelle idée : « Nous offrirons pour 1 euro aux étrangers, les terrains, la qualification des employés, les infrastructures, l’enregistrement au registre du commerce, et même l’entrée en Albanie ». Sali Berisha a souligné que l’État offrirait au même prix d’autres services dont la nature sera rendue publique prochainement.
Selon le chef du gouvernement, cette stratégie réussira à renforcer l’économie du pays, fera baisser le taux de chômage et convaincra même les Albanais « de ne pas abandonner leur propre pays pour aller travailler à l’étranger et construire les routes, les immeubles et les industries des autres ».
Sali Berisha a demandé à ses ministres de présenter d’ici le 10 septembre des stratégies concrètes pour mettre en œuvre cette initiative, ajoutant qu’elle serait accompagnée par un travail de la diplomatie albanaise allant dans le même sens.
Le grand scepticisme qui a suivi la proposition de Berisha est aussi dû au fait qu’elle ne semble pas être le fruit d’une étude approfondie de la part de l’appareil exécutif. En témoignent les diverses interventions publiques des conseillers du Premier ministre, qui se sont vus contraints de rectifier les propos du chef démocrate dans les jours qui ont suivi sa déclaration. Dans un premier temps, il apparaissait que les étrangers allaient être les seuls à bénéficier de cette initiative. Puis, pour répondre aux diverses pressions et protestations des médias, il a été précisé que les investisseurs locaux n’allaient pas en être exclus.
Du reste, les propos du Premier ministre n’étaient pas très réconfortants : « rendre l’Albanie le pays le plus attrayant pour les investisseurs est un défi fort difficile, mais pas impossible. Nous pouvons y arriver seulement en pensant l’impensable et en imaginant l’inimaginable. En voici la condition ».
Les seuls soutiens au Premier ministre sont arrivés de ses alliés du gouvernement, qui toutefois se sont montrés fort prudents dans leurs déclarations, et dans le milieu des entrepreneurs. La Confédération des entrepreneurs, proche du Premier ministre, a donné sa bénédiction, alors que la Chambre de Commerce, plutôt sceptique au début, a demandé qu’il n’y ait pas de discriminations de la part du gouvernement entre les investisseurs locaux et étrangers.
Les médias albanais se déchaînent contre le projet
Edi Rama, leader du Parti socialiste, a affirmé qu’à travers ces idées, le leader démocrate Sali Berisha, manifestait « d’un retour quinze ans en arrière ». Pour le chef de l’opposition, il s’agit seulement « de l’énième folie du Premier ministre, et si même lui, n’arrive pas à voir où il veut aller, comment pouvons-nous autres comprendre son manège ? ».
Les médias ont eu des propos bien plus durs, la majorité écrasante des publicistes n’a pas applaudi la « révolution Berisha ». Selon Alba Malltezi, directrice de l’éminente Télévision News 24, « ce ne sera pas la formule 1 euro qui amènera en Albanie les investisseurs importants, mais le sérieux que leur offrira l’État en ne changeant pas les règles du jeu ». La journaliste se référait à la privatisation d’Albtelekom par le précédent gouvernement socialiste, qui n’avait pas été reconnue par le gouvernement actuel lors de son arrivée au pouvoir l’année dernière. Similaire, l’histoire de la compagnie française autorisée par l’ancien gouvernement socialiste à construire un village touristique sur la côte méridionnale, décision suspendue par le gouvernement Berisha, pour ensuite être acceptée après des mois d’attente.
Le Dr Zef Preci, un des économistes locaux les plus connus, affirme que le vrai problème pour les investissements concerne la fragile stabilité politique et économique. Selon lui « le niveau élevé de l’économie informelle, la législation inadaptée aux investisseurs étrangers, la corruption, la criminalité et l’inefficacité de l’administration continueront à représenter des difficultés pour les entrepreneurs ».
Selon Alfred Uci, représentant du monde académique, « les gens ne sont pas stupides au point de courir en Albanie dès que l’État leur dit qu’il leur cédera le terrain à 1 euro. Eux (les investisseurs) demandent des garanties plus complexes ».
Quant à Mustafa Nano, journaliste et l’un des éditorialistes les plus connus du pays, il souligne que ce serait un « mensonge colossal » de dire qu’il suffira de faire baisser les coûts pour faire venir les investisseurs en Albanie. Il explique, dans un discours très cru et très dur, que les investisseurs ne viennent pas parce que « l’Albanie manque de stabilité politique, parce que les Albanais ne savent pas tenir des élections libres, parce que le Premier ministre attaque chaque jour les institutions de l’État, parce que le gouvernement est le premier à faire fi de la Constitution, parce que les terrains ont été occupés illégalement, parce que les routes du Liban bombardé récemment sont encore meilleures que les routes albanaises, parce que l’énergie électrique manque comme l’eau, parce que l’administration demande de l’argent pour tout service publique offert, parce qu’ici on te pique la voiture en plein milieu de Tirana, parce que nos villes sont invivables, parce que les habitants de ces villes ne savent que jouer aux cartes sur les trottoirs et parce que, enfin, - comme disait justement le journaliste A. A.Gill dans son article publié dans le Sunday Times très récemment - l’Albanie est un pays ridicule. Et le Premier ministre de ce pays est encore plus ridicule ».
RADIO FREE EUROPE/RADIO LIBERTY, PRAGUE, CZECH REPUBLIC
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RFE/RL NEWSLINE Vol. 10, No. 155, Part II, 23 August 2006
Prime Minister Speech at the Council of Ministers Meeting Announcing “Albania 1 Euro” Initiative
http://www.keshilliministrave.al/english/lajm.asp?id=654721/8/2006
Prime Minister Speech at the Council of
Ministers Meeting Announcing “Albania 1 Euro” Initiative
Today, we are announcing our government’s new initiative: “Albania 1 euro”.
During our electoral campaign, we established that making Albania the most
attractive place for foreign investors would be a major goal. We reaffirm that
this objective is crucial for our country.
Transforming Albania into an appealing place for investors is a very difficult
challenge, but not an impossible mission. We can only make it happen by
thinking the unthinkable and imagining the unimaginable. This is the
condition. We have to improve on other countries’ practices, otherwise why
should we be more appealing than others?
Some of the conditions that drive us into this undertaking are fundamental, as
are also the circumstances that urge for this initiative. Albania will be
attractive only when it becomes the easiest and the cheapest at the same time.
We must not delude ourselves. No other nation or country has a more desperate
need for investments than Albania. If we look back at our modern history, we
see that Albanians have suffered more illnesses, sufferings, deaths and
immigration from poverty and misery than from wars. The harshest enemy to
their identity have been misery and poverty.
Today, poverty sirens are sounding all over the country. More than any other
nation, Albanians have lived in long era of poverty and misery. Attempts after
the declaration of independence to build a system based on the values of free
initiative were interrupted by the most inhuman and most totalitarian
dictatorship Europe has known after the Second World War. This dictatorship
turned more than 80 percent of Albanian citizens working in factories, farms
and agricultural cooperatives, into the most miserable slaves and labourers of
modern European and world history.
This dictatorship built three times more military bunkers than apartments at
the same cost. It built hundreds of kilometres of tunnels but not a single
kilometre of highway.
After the dictatorship, we went fort four years investing in the system of
values of freedom, but they were interrupted after the ’97 riots. This
rebellion substituted the system of values with a kleptocratic system.
Albanians were thus once again a nation in misery, where billions were ripped
from them in public property, taxes, and procurement money, which went in the
private pockets of government officials.
If you look at the last World Bank corruption report for the years 2002-2005,
you will see that due to these officials Albania topped the list for
“capture” and corruption in the judiciary and customs. Referring to the
latest reports on kleptocracy published by the State Department and the World
Bank for 2004, we see that Albania is penalized by corruption more than any
African country and the highest cost per capita from corruption than any other
country. Such kleptocracy condemned the country to sink in deep misery.
Such reality makes it imperative our endeavour to take every effort to
transform Albania in the cheapest and best country for investing. We have to
turn into reality the slogan “Albania the most attractive place for foreign
investments”. This is our challenge. This is the only way we can develop in
our poor country the EU standards and achieve the European integration -
Albania’s dream project of this century. This is the only way we can keep
our energies and resources in the country, rather than letting them migrate
for building other countries roads, farms and factories.
All ministers will review all their policies in the view “Albania, 1 euro”
initiative. Of course, we are talking about the public property here. Private
property is governed by free market rules and no other rule. The Ministry of
Economy has been assigned the task of establishing the necessary criteria for
adopting the initiative based on the investment, production and number of
employers.
All the Ministers are encouraged to bring their respective proposals which,
complimenting the fiscal revolution that has successfully started, will
strengthen our efforts to transform Albania in the cheapest and the best
country for both foreign and domestic investors.
We will be offering investors grounds with 1 euro. We will offer them training
for their employers for 1 euro. We will offer them technological water for 1
euro. We will offer registration for their businesses for 1 euro. We will
offer them entry to Albania for 1 euro.
I would like to once again emphasise that our challenging needs optimism and
belief, it requires that we think the unthinkable, and imagine the
unimaginable. But, I assure you that the great winners will be Albanian
citizens.
The policies we have introduced so far have started to bear fruits. I have the
pleasure to inform you that there is an increasing interest for investments,
many of which are in the preparation phase. The interest will continue to
increase, provided that we enforce the law.
“Albania, 1 euro” initiative will further boost the interest for investing
in Albania. In addition, we will direct our diplomatic service towards efforts
to attract investments. Our diplomats will be briefed and trained for this
task.
Our challenge is enormous, but it equally appealing. I am very confident that
we will succeed. We will rise to the challenge, thus rendering a great service
to our country, rendering Albanians the opportunity to overcome their harshest
enemies: the poverty and misery.
"'L'Albanie à un euro" est une initiative destinée à attirer les investissements étrangers pour permettre au pays de sortir de la misère, de se construire et de se rapprocher de la grande famille européenne", a indiqué M. Berisha lors d'une réunion de son gouvernement.
"Faire de l'Albanie un pays attractif pour les investisseurs étrangers est un défi très difficile, mais tout à fait possible", a-t-il ajouté. Toutefois, selon M. Berisha, l'Albanie "peut réaliser cet objectif uniquement en offrant aux investisseurs étrangers des prix très bas et une qualité supérieure par rapport aux autres pays". Le gouvernement albanais a ainsi prévu des facilités de vente de terrains publics à un euro le mètre carré ainsi que d'autres facilités fiscales et économiques pour les investissements étrangers.
Il doit présenter en septembre un série d'autres mesures concrètes pour développer ce programme. "Il ne faut pas se faire d'illusions: aucune autre nation, aucun autre pays n'a autant besoin d'investissements étrangers que l'Albanie", a indiqué M. Berisha dont le pays est considéré comme l'un des plus pauvres d'Europe.
Selon un rapport du programme des Nations unies pour le développement (PNUD), 25,4% de quelque trois millions d'Albanais vivent en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de deux dollars par jour. Le chômage, officiellement de 14 %, atteint, selon des sources indépendantes, 50 % dans les régions du nord et du nord-est, les plus déshéritées du pays.
Selon des experts étrangers, malgré une croissance de 6 % au cours des sept dernières années et une inflation ramenée à une fourchette de 3 à 5 %, l'économie albanaise souffre toujours d'un grave déficit commercial, avec des importations quatre fois supérieures aux exportations.
shqip 09/08/2006
AMANETI I FUNDIT
tregua i aftë ta realizonte në mënyrë efikase.
Pasi i futi në sherr me njëri-tjetrin për vite me radhë, pasi
ju bëri në fund një ligj, nga i cili realisht nuk do
arrijnë të kapin gjë, më në fund ç'ka mbetur ja
premton kujt t'i dalë përpara me një dollar a pa dollar fare
K
ryeministri me Lekën: "Do t'ia jap Pallatin ePionierëve Lekës edhe pa dokumente.
Letrat le t'i bajn ma von". Ah thashë me vete,
sikur të isha Princ, se do të merrja një pallat të tërë
në mes të Tiranës dhe pa asnjë copë letër. Madje,
duke nxjerrë në mes të rrugës edhe Institutin e
Monumenteve dhe qendrën e fëmijëve me gjithë
punonjës e kalamaj në mes. Pastaj do t'i
përvishesha Bashkisë me nënë e babë, pse po len
Tiranën pa çerdhe. Por, për fat të keq, jam shqiptar
i thjeshtë pa titull.
Kryeministri në mbledhjen e KRRTRSH-së: "Do
t'i jap leje ambasadës zvicerane edhe në kundërshtim
me planin rregullues". Ah tha me vete çdo
shqiptar, ah që nuk jam zviceran, se do kisha marrë
leje ndërtimi pa ligj e rregulla. Se nuk besoj që
ndonjë shqiptar të merrte leje ndërtimi në një vend
ku plani rregullues e ndalon. Ose po ta mendojmë
në kahje të kundërt. Le të shkojë ambasadori ynë
në Zvicër dhe të kërkojë leje ndërtimi për të shtuar
ambasadën, në zonën historike të Bernës. Do t'i
vinte përgjigjja: Nuk lejohet, ose nëse doni medoemos
të ndërtoni, transferohuni në një zonë tjetër.
As që bëhet fjalë që të ndërhynte Kryeministri i
Zvicrës dhe të thoshte "anipse kryetari i Bashkisë
së Bernës nuk ta jep lejen, po ta jap unë"!!!. Qesharake
apo jo?
Kryeministri me emigrantët: "Do t'ju le të investoni
në Shqipëri pa taksa". Ah tha me vete çdo
shqiptar, ah që nuk jam emigrant". Se pavarësisht
se qindra mijëra shqiptarë mundohen të mbajnë
me thonj bizneset e tyre në vendin e tyre, duke
paguar një më një taksat, po të isha emigrant mund
të vija në Shqipëri dhe të konkurroja të gjithë shqiptarët
e marrë bashkë, se unë s'do paguaja taksa
ndërsa ata do të ishin të këputur më dysh prej tyre.
Kryeministri me amerikanët: "Do t'jua shes
tokën me 1 USD". Ah që nuk jam edhe unë amerikan,
tha me vete çdo shqiptar. Se nuk do ta blija si
çdo shqiptar tjetër që e blen tokën e të parëve të
vet si frëngu pulën, 50 a 80 a 100 dollarë metrin,
por do ta merrja sadaka me një dollar. Mes shqiptaro-
amerikanëve që e dëgjonin, qenë edhe ca
kushërinj
të mijtë, ardhur që larg dhe që fluturonin nga
gëzimi se tani do ta merrnin tokën që ju premtoi
Kryeministri i Shqipërisë dhe do ta rishisnin sërish
e do të bëheshin të pasur për inat të Xhorxh Bushit.
Nuk jua prisha gëzimin e t'u thoja se, ohuu sa të
tilla lëshon në ditë Kryeministri, aq të mira qofshin,
po nejse.
Kryeministri me italianët: "Do t'i bllokoj të tana
skafet e shqiptarëve". Dhe i bllokoi vërtet. Ah tha
me vete çdo shqiptar, ah që nuk jam italian, grek a
maroken, a të paktën malazez. Se kështu mund të
lëvizja në detin e shqiptarëve ku shqiptarëve ju
ndalohet. Por për fat të keq jemi thjesht shqiptarë,
që me ato varka zinim pak peshk sa për ta shitur
anës rrugës për të mbajtur kalamajtë me bukë.
Po unë që nuk jam as princ, as zviceran, as emigrant
e as amerikan, edhe sa kohë do të më duhet
të pres që Kryeministri i vendit tim të kuptojë se ka
detyrime në radhë të parë ndaj meje që jam shqiptar?
Kur do të kuptojë Kryeministri i vendit tim
se ai dhe qeveria e tij, janë administratorë të Shqipërisë
dhe jo pronarë të saj. Se vetëm po të ishte
pronar, mund të vendoste si e sa të donte për tokën
që i kishte lënë baba. Se vetëm po të ishte pronar
mund të thoshte pa të keq faqe të gjithëve se do t'i
jap këtë këtij e atë atij, le ta marri lejen ky dhe nuk
ja jap lejen atij. T'ju them edhe një të fundit?
Kryeministri me ish-pronarët: "Do t'i kthej pronat
nji m'nji". Ah desha të them me vete, ah që nuk jam
ish-pronar, se do t'i merrja pronat nji m'nji. Por këtë
nuk e thashë. Nuk e thashë se të paktën ish-pronarët,
përtej fjalëve, janë shtresa më e mashtruar e të
djathtës që pretendon të jetë në pushtet.
Thonë se amaneti i fundit i Komandantit vite të
shkuara kur na la, kishte të bënte me ish-pronarët.
Paskësh thënë: "Ata, ah ata nuk duhet t'i marrin
kurrë pronat". Mes gjithë atyre që e dëgjuan këtë
porosi, vetëm njëri u tregua i aftë ta realizonte në
mënyrë efikase. Pasi i futi në sherr me njëri tjetrin
për vite me radhë, pasi ju bëri në fund një ligj, nga
i cili realisht nuk do arrijnë të kapin gjë, më në fund
ç'ka mbetur ja premton kujt t'i dalë përpara me një
dollar a pa dollar fare.
Amaneti i fundit i plotësuar, më bën të mos
them: "Ah që nuk jam ish-pronar!".
http://balkans.courriers.info/article6962.html
La police albanaise doit se mettre à l’heure européenne. Telle est une des exigences posées au pays lors de la signature de l’Accord de Stabilisation-Association, il y a quelques mois. En présentant son bilan pour le premier semestre 2006, qui fait apparaître des progrès dans la lutte contre le crime organisé, la police albanaise promet des réformes structurelles pour une efficacité accrue.
Le Rapport d’activité du Bureau Général de la Police de l’Etat pour la période janvier-juin 2006, regroupe, selon le directeur de la Police albanaise, Bajram Ibraj, les principaux indices sur « la lutte contre le crime organisé, la prévention et l’action directe contre le crime ordinaire, l’augmentation des standards de l’ordre et de la sécurité publique, la prévention et la baisse du nombre d’accidents de la route, le renforcement de la gestion des frontières ». Selon lui, la police a enregistré, pendant cette période, 4517 d’affaires criminelles, dont 3504 ont été résolues, soit un taux de résolution de 78%. De même, 56 groupes et réseaux criminels ont été découverts et mis hors circuit, 26 d’entre eux étaient directement impliqués dans le crime organisé.
« Le nombre de meurtres et de crimes sexuels a sensiblement baissé, alors que l’action de la police pour les résoudre a augmenté de 13% », souligne Bajram Ibraj. Il annonce aussi que durant cette même période, « la police a concentré ses plus grands efforts à suivre de près l’activité criminelle et en particulier les crimes graves. Son action a été plutôt dirigée vers la frappe directe des groupes et des réseaux criminels ainsi que vers l’harmonisation du travail des structures de l’antiterrorisme et des affaires courantes, afin de dominer la situation criminelle ». Dans le rapport présenté, le chef de la police albanaise souligne aussi que « en janvier 2006, le Parquet a été saisi pour 34 affaires pénales liées au crime organisé et au criminel notoire Aldo Bare. La Police en a référé au Parquet, pour rouvrir les enquêtes sur 10 affaires de meurtre pendantes, à cause de la spécificité des victimes ».
Pendant ce premier semestre 2006, la police a réussi à découvrir et à se documenter très précisément sur l’organisation criminelle dirigée par une personne très recherchée, Lulzim Berisha et son groupe, impliqué dans divers trafics de drogue, de traite des êtres humains, de prostitution, également impliqué dans des affaires de meurtres dans les villes de Durrës et de Tirana.
Moins de meurtres, plus d’accidents de la route
De même, 30 autres groupes criminels ont été découverts et arrêtés dans différents districts albanais, et des enquêtes ont été rouvertes sur quelques crimes lourds anciens dans les villes de Tropoja, Tirana, Elbasan, Berat, etc. Si les meurtres et les crimes sexuels ont sensiblement baissé, le chef de la police albanaise exprime son inquiétude concernant le phénomène des suicides et le nombre élevé des victimes de la route. Selon lui, « ce premier semestre, on dénombre 13 meurtres de moins (soit 23%) que l’année précédente, alors que l’action de la police a augmenté de 13 %. Le nombre de victimes de la route est, quant à lui, trois fois plus élevé ».
La lutte contre le crime organisé et les trafics reste une des priorités du gouvernement albanais dans le cadre de l’Accord de Stabilisation-Association avec l’Union européenne, et du Plan national d’application de cet accord. Selon ce plan, le ministère de l’Intérieur doit notamment créer et faire fonctionner un Bureau de défense des témoins et des collaborateurs de la Justice, afin d’intensifier la lutte contre le crime organisé et les trafics.
Ce plan prévoit aussi la création et le bon fonctionnement d’unités spéciales de surveillance dans les Bureaux régionaux de la Police et de structures spécifiques de lutte contre le crime organisé. Un nouveau pas à entreprendre dans ce domaine est la création d’infrastructures et de moyens spéciaux d’enquêtes et d’analyses de la police scientifique, pour combattre de différentes manières le crime organisé. Ainsi, la police, le Parquet et les institutions de la justice légale, pourront recueillir et partager des statistiques précises et vérifiables, et mettre en place un groupe de travail pour élaborer et négocier l’accord de collaboration régionale. Dans le cadre de l’Accord de Stabilisation-Association, le ministère des Affaires Etrangères s’engage à ouvrir une structure spécifique officielle baptisée « Autorité Responsable », qui sera une commission commune pour la défense des enfants.
L‘équipement du Bureau principal contre le crime organisé et des unités régionales de l‘anticrime, avec les moyens nécessaires pour accroître son efficacité dans la lutte contre le crime organisé et les trafics, l‘amélioration des infrastructures du Centre des victimes des trafics à Linze, l‘amélioration des capacités du Bureau de lutte contre le crime organisé, par le biais d‘entraînements nécessaires et de l‘aide à offrir aux victimes, font partie des engagements pris par le ministère de l‘Intérieur pour satisfaire aux conditions posées par l‘Accord de Stabilisation-Association.
http://balkans.courriers.info/article6913.html
La communauté chypriote grecque présente le célèbre gâteau, répandu dans toute la région des Balkans, comme un produit national grec. L’opinion publique turque s’insurge aussitôt... C’est toute la question de l’héritage culturel ottoman en Europe qui est posée, à travers l’histoire d’un mille-feuille qui traverse le temps et les frontières.
Par Fabio Salomon
Les évènements récents apportent de l’eau au moulin de celui qui voudrait faire la chronique des relations tumultueuses entre Grèce et Turquie. Tantôt dramatiques comme la collision entre deux chasseurs F-16 dans le ciel de Rhodes, tantôt tragi-comiques comme l’alerte lancée par des chaînes de télévision grecques pour arrêter une espionne turque présumée, qui s’est avérée être une touriste innoffensive, passionnée de photographie. Une fois n’est pas coutume... abordons le problème d’un point de vue pour ainsi dire plus léger, ou, mieux encore, plus sucré.
L’occasion nous en est fournie par un événement qui a récemment fait couler beaucoup d’encre en Turquie. Au cours des célébrations d’une « Journée Européenne », les chypriotes grecs ont présenté le baklava, mille-feuille farci de noix et de pistache et nappé de sirop, comme dessert national grec. Et dans une publication distribuée à cette occasion le gâteau était présenté côte-à-côte avec le drapeau national de la Grèce. La réaction turque n’a bien évidemment pas tardé à se faire entendre.
« Le plus grand cadeau de la Turquie à l’humanité »
Mehmet Yildirim, président de l’Association des Producteurs de Gâteaux et de Baklava, a tenu à cette fin expresse une conférence de presse où il a voulu clouer le bec à ceux qui font ce type d’affirmations. Après avoir rappelé que le baklava est « le sultan des gâteaux, le gâteau des sultans », il a clos définitivement la question : « Le baklava est un gâteau turc, le plus grand cadeau de la Turquie à l’humanité ». D’après Yildirim, les tentatives grecques de s’annexer la paternité du délice sucré « ne se fondent sur aucune preuve concrète ». Chez les grecs et les chypriotes grecs il n’existe aucune culture du baklava, « il serait donc inutile de les défier sur ce terrain, ils n’ont pas de maître en baklava. En tous cas, s’ils existent, qu’ils se montrent ! ».
Des réactions indignées sont aussi venues du Sud-Est de la Turquie et précisément de la ville de Gazantiep. La ville est considérée comme une des capitales gastronomiques de la Turquie, et surtout tout Turc associe automatiquement son nom à celui du baklava aux pistaches. Le gâteau est élevé au rang de symbole de la cité et il représente même l’un des moteurs de l’économie de la ville. Au centre de Gaziantep les pâtisseries se comptent par dizaines et chaque année, des tonnes du précieux dessert sont expédiées aux quatre coins du pays ou même dans le reste de l’Europe, pour adoucir la peine des millions de Turcs qui y vivent.
Burhan Cagdas confirme l’importance du baklava pour la ville de Gaziantep. Propriétaire du restaurant familial fondé en 1887, il me racontait l’an dernier que « malgré les innovations intervenues dans la production de baklava une chose n’a jamais changé : la valeur d’un kilo de baklava correspond toujours à celle d’un gramme d’or ».
Le baklava produit à Gaziantep a au moins deux particularités : d’abord il utilise un produit typique de la région, la pistache, dont la qualité déjà célèbre à la fin de l’époque ottomane a fait un produit exporté dans le monde entier. Ensuite, à la différence de ce qui se passe dans le reste du pays, où le baklava « maison » est un classique des fêtes religieuses, à Gaziantep la préparation du baklava est depuis toujours affaire de professionnels. Comme le rappelle Ayfer Unsal, auteure du livre Manger et Boire à Gaziantep, aucune ménagère ne prépare le baklava à Gaziantep, où on ne le trouve qu’en pâtisserie.
Monsieur Gullu, aujourd’hui propriétaire d’une célèbre chaîne de baklavaci (pâtisserie spécialisée dans le baklava) présente dans tout le territoire national, raconte comment son aïeul Gullu Celebi avait commencé à produire de la baklava dans sa pâtisserie à la fin du XIXè siècle, curieusement après en avoir connu les secrets dans une autre ville, Alep, alors sous dépendance ottomane et aujourd’hui syrienne. Monsieur Gullu, soutenue par l’association patronale locale, s’est fait le porte-parole de l’indignation des citoyens de sa ville : « Je crois qu’il faut rire d’une nouvelle pareille. Le baklava est aux Turcs ». Gullu a tenu ensuite à rassurer ses concitoyens : « Que les Turcs ne s’inquiètent pas, nous ne perdrons pas le baklava ».
La dispute sur l’origine du baklava fait suite à de nombreux autres contentieux en Turquie et ne pouvait pas épargner l’Union Européenne. Quelques journalistes ont voulu connaître l’opinion de Hansjorg Kretschmer, chef de la représentation de l’Union Européenne en Turquie, au cours de sa visite à la Chambre de Commerce d’Ankara. Kretschmer a rappelé à quel point ce type de querelles relatives à la défense des spécificités culturelles nationales étaient nombreuses et a conseillé aux Turcs de s’adresser à la Cour Européenne de Justice pour résoudre la controverse.
L’avis des experts
La querelle turco-grecque relative au mille-feuille croustillant n’est cependant pas récente. Même Charles Perry, journaliste au Los Angeles Times et expert culinaire, en est convaincu. La presse turque a beaucoup parlé de cet homme, parce qu’il y a quelques années de cela, au cours d’un colloque, il a soutenu la thèse d’une origine turque du baklava. Dans un de ses articles, paru dans le livre Culinary Cultures of Middle-East, publié par la prestigieuse Ecole d’Etudes Orientales et Africaines de Londres, Perry essaie de mettre fin à la vieille querelle. Il le fait surtout en s’attaquant aux fondements même de la thèse de la paternité grecque. Un livre de l’historien Speros Vryonis, The Decline of Medieval Hellenism in Asia Minor, soutient le fait que le baklava ne serait autre que le kopte ou koptoplakous byzantin et constitue le principal fondement théorique des tenants de l’origine grecque du gâteau. Perry discute l’interprétation donnée par Vryonis des deux sources historiques utilisées pour soutenir sa thèse. La première de ces deux sources, un écrit du IIè siècle de notre ère, contient en effet des allusions à un gâteau fait de feuilles et farci de noix et de miel. Selon Perry Vryonis passe sur le fait que ces couches ne seraient pas formées de feuilles de pâte fines mais de sésame concassé. Et quand il cite la seconde source, un livre du professeur Koukoules, Vryonis commettrait la même erreur, en évitant de préciser que les références explicites à des couches faites de pâtes manquent.
D’après Perry, la présence de feuilles de pâte fines serait en revanche la preuve irréfutable du caractère turc de la paternité du dessert. La préparation de ce type d’ingrédient est en effet caractéristique des populations nomades turques ; elle vient de l’impossibilité de cuire la pâte dans un four traditionnel, ce qui oblige à le faire sur une plaque plate ou légèrement convexe.
L’utilisation de feuilles fines, yufka ou katmer en turc, a toujours occupé une place centrale dans la préparation de desserts ou de salades dans la cuisine non seulement de Turquie, mais aussi de tout le monde turcophone, de l’Ouzbekistan à l’Azerbaïjan, chez les Tartares des steppes russes et parmi les Turcs Ouïgours du Sin-Kiang chinois. Le baklava que nous avons la chance de déguster aujourd’hui serait, toujours selon Perry, le fruit de la convergence de cette tradition de la yufka et des meilleures techniques auxquelles s’est ajoutée l’introduction de nouveaux ingrédients dans les cuisines impériales des palais ottomans.
En fait, l’interprétation de Perry est convaincante quand il soumet à la critique les éléments à l’appui d’une origine grecque du gâteau. Elle l’est beaucoup moins quand elle déduit l’origine turque du baklava du fait que le mode de préparation traditionnelle de feuilles fines serait largement diffusé dans le monde turcophone. En réalité, la question de l’origine du baklava laisse de nombreux points en suspens. Même l’étymologie ne nous est d’aucun secours. Le nom contient le mot arabe baqla qui signifie plante, végétal, et qui en turc moderne a acquis la signification de fève, ce qui est peut-être un legs de la forme particulière dans laquelle on taille le gâteau. De surcroît, de nombreuses thèses soutiennent qu’à la version originale byzantine les grecs auraient ajouté l’usage de la pâte en lamelle, phyllo ; ou encore le fait que les maîtres pâtissiers de Gaziantep auraient appris les techniques du baklava auprès de leurs confrères de Alep, ville sous dépendance ottomane d’un point de vue politique mais liée au monde arabe d’un point de vue culturel. Dans l’attente de preuves définitives, qui ne viendront peut-être jamais, il serait sans doute plus sensé de voir dans le baklava une preuve concrète de la superposition des cultures et des civilisations qui se sont succédé dans la région du Moyen Orient et de l’Anatolie, tellement il est vrai que l’archéologie montre des preuves de l’existence d’un dessert semblable au kopte byzantin dès l’époque assyrienne.
L’héritage culturel ottoman en Europe
A l’Empire Ottoman reviendrait le mérite, d’une part, par les cuisines de cour, d’avoir raffiné le baklava jusqu’à la version que nous en connaissons aujourd’hui, et d’autre part, d’en avoir favorisé la diffusion dans tous les territoires soumis à son autorité politique et à son influence culturelle.
Il serait facile de liquider d’un sourire tout ce qui concerne la dispute relative à l’origine du baklava ou d’y voir la ènième démonstration de la vitalité du chauvinisme grec ou turc. En réalité, le problème soulevé par une querelle de ce genre va bien au-delà des rapports gréco-turcs. « Nos ancètres n’ont pas légué au monde d’œuvres fondamentales de l’histoire de la pensée ou de la philosophie, mais avaient une prédisposition marquée pour les plaisirs du palais, alors laissez-nous au moins ça ! », commentait non sans ironie un journaliste du quotidien Radikal. Cependant, comme cela se produit souvent, derrière des questions d’apparence futile, se cachent des raisons extrêmement sérieuses. Dans ce cas, le problème du manque de reconnaissance de l’héritage turco-ottoman en Europe.
Restons encore dans le domaine gastronomique et prenons par exemple un produit aujourd’hui très répandu dans l’Europe entière, le yaourt. Demandez à n’importe quel citoyen d’Europe le pays d’origine du yaourt, et il vous répondra très probablement la Grèce ou la Bulgarie. Pourtant il semble qu’il n’y ait rien de plus turc que le yaourt. Pour commencer, le nom contient la racine yog, qui signifie en turc dense, solide, et est aussi à l’origine du verbe yogurmak, épaissir. Ou prenons le cas d’un autre gâteau, le lokum, petit cube gommeux farci de fruits secs et de crème. Récemment, un lokum préparé dans la partie grecque de Chypre, d’un poids de une tonne et demi, est entrée dans le livre Guiness des records comme gâteau grec. Les chroniques historiques nous parlent du lokum comme d’un gâteau inventé en 1777 par un pâtissier génial originaire de la région de la Mer Noire qui fit fortune à la cour impériale grâce à son invention. Et le nom original, rahat lokum (bouchée facile) se compose de deux mots turcs tous deux d’origine arabe.
Les siècles de présence ottomane dans les Balkans ainsi que les échanges intenses, commerciaux et autres, avec le reste de l’Europe, ont laissé de nombreuses traces de la culture turque ottomane. Après la dissolution de l’Empire, la naissance des Etats-nations balkaniques et le repli de la présence turque sur la seule Anatolie, la mémoire de ces traces a fini par se perdre. En outre, les nouvelles réalités politiques nées des cendres de l’Empire se sont approprié cette mémoire, et ont en quelque sorte « nationalisé » les éléments culturels au départ portés par les Turcs. De son côté, la république turque moderne n’a rien fait pour promouvoir la connaissance de son patrimoine culturel et de sa place dans la culture européenne.
Un fait nous paraît intéressant de ce point de vue, la nouvelle selon laquelle le gouvernement turc aurait récemment mené à bien un projet de loi pour la constitution de centres culturels, dédiés au poète mystique Yunus Emre, dans le but de faire connaître la culture turque dans le monde. Un pas encourageant vers une tentative de retisser la trame serrée des fils qui au cours des siècles se sont tissés entre les deux rives de la Méditerrannée.