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RFE/RL NEWSLINE Vol. 10, No. 130, Part II, 19 July 2006

 
LEADING PARTY IN MACEDONIA SAYS IT HAS COALITION DEAL... The
nationalist Internal Macedonian Revolutionary Organization
(VMRO-DPMNE) announced on July 17 that it has secured a parliamentary
majority through a deal with the Democratic Party of Albanians
(PDSH), Reuters reported the same day. The VMRO-DPMNE won 44 seats in
the 120-seat parliament in Macedonia's July 5 elections, ousting
Prime Minister Vlado Buckovski's Social Democratic Union (SDSM) (see
"RFE/RL Newsline," July 7, 2006). It said it has agreed on a
coalition deal with PDSH and three smaller parties that will give it
a total of 64 seats. PDSH and VMRO-DPMNE governed Macedonia together
from 1998-2002, but were voted out of power following a six-month
ethnic Albanian insurgency in 2001. Since losing power, the
VMRO-DPMNE has tried to discard its nationalist image and repackage
itself as a conservative party focusing on jobs and economic growth.
BW

..AS EU FOREIGN MINISTERS URGE REFORMS.
European Union foreign
ministers pledged on July 17 to continue supporting Macedonia's EU
aspirations for membership, but also called on Skopje to accelerate
reforms, dpa reported the same day. In a statement, the ministers
said that Macedonia's newly elected government must "work resolutely"
on the European reform agenda. The statement added that although the
country's July 5 elections were conducted in a "generally peaceful"
and democratic way, shortcomings such as violent incidents early in
the campaign need to be investigated (see "RFE/RL Newsline," June 27
and 28, 2006). The EU accepted Macedonia as a candidate in December
2005, but said the country needs to carry out extensive police,
judicial, and administrative reforms (see "RFE/RL Newsline," December
19, 2005). BW
 
 

 

 
http://balkans.courriers.info/article6889.html
Utrinski Vesnik
Macédoine : quel parti albanais entrera au gouvernement ?
Traduit par Viktor Zakar
Publié dans la presse : 7 juillet 2006
Mise en ligne : samedi 8 juillet 2006

Le VMRO-DPMNE sort gagnant des législatives macédoniennes. Mais qui sera son partenaire albanais : le BDI ou le PDSh ? Le premier est servi par sa légitimité politique et le soutien de la communauté internationale. Le second a déjà gouverné en coalition avec le VMRO-DPMNE. Il aurait sa préférence...

Par Boris Georgievski

Plutôt que de donner une image claire, les résultats des élections du bloc politique albanais ouvrent une nouvelle question : qui du BDI ou le PDSh fera partie de la future coalition gouvernementale ? Les Albanais ont transmis un message clair aux deux partis sur ce qu’ils pensent de la politique des partis et de leur comportement dans la période préélectorale. Peu de gens sont allés voter. C’est dans la région électorale numéro 6 (Tetovo - Gostivar - Debar) que la participation a été la plus basse : 47%.

Juste après la fin du vote, dans une émission de débat sur la chaîne de télévision Alsat, une partie des analystes albanais de Macédoine commentaient que cette faible participation est due à deux facteurs : la violence dans la période préélectorale et la mauvaise campagne des deux partis. Mais le monitoring intensif des observateurs domestiques et surtout étrangers a également joué un rôle, en empêchant les habituels bourrages d’urnes.

Les résultats ont donné le BDI gagnant, sans espace pour le moindre doute, avec ses 18 sièges, contre 11 pour le PDSh. Un calcul simple montre que 44 députés du VMRO-DPMNE et 18 députés de BDI sont suffisants pour former une majorité de 62 députés (sur 120). Mais cela ne signifie pas forcément qu’Ali Ahmeti sera le partenaire de Nikola Gruevski au pouvoir.

Le message que les ambassadeurs et les représentants étrangers ont transmis au BDI avant les élections était clair sur le fait que le futur gouvernement devrait être composé des gagnants des deux blocs ethniques. Officieusement, la pression sur le VMRO-DPMNE est grande, notamment de la part des représentants de la communauté internationale, qui ont insisté sur la légitimité politique du BDI pour que le VMRO-DPMNE l’accueille dans le gouvernement pour quatre nouvelles années.

Au VMRO-DPMNE, on ne pense pas de cette manière-là, mais les dirigeants du parti n’ont pas encore pris de décision finale par rapport aux conditions offertes. On dit que le parti a déjà fait ses calculs et proposerait une coalition avec le PDSh, le NSDP de Tito Petkovski, le DOM de Liljana Popovska et le PEI de Fijat Canovski.

En attendant, la nervosité du BDI et du PDSh est évidente. Elle a commencé à se manifester le jour du scrutin, sous la forme d’accusations et de « pleurnicheries » déjà vus. Hier, des membres du PDSh ont essayé de faire passer une information selon laquelle les trois députés du PPD (le Parti pour la Prospérité Démocratique) qui ont été élus sur la liste commune formée avec le BDI, rejoindraient les rangs du PDSh. [...] Ce n’est pas par hasard si le porte-parole du PDSh et le vice président Menduh Thaçi, ont compté séparément les résultats du BDI et ceux du PPD mercredi, sans égard pour la coalition formée par ces deux partis.

Le BDI affirme « n’en rien savoir ». On dirait que ses membres s’attendaient à ce que les représentants internationaux mettent la coalition sur pied. Ils se sont sentis insultés par le fait que personne dans le bloc politique macédonien - ni leurs anciens partenaires du SDSM, ni leurs éventuels futurs partenaires - ne les aient félicités pour leur victoire.

Il existe une troisième variante peu mentionnée en public mais considérée comme une solution de réserve. Le BDI et le PDSh entreraient en coalition avec le VMRO-DPMNE. De cette manière, il n’y aura ni gagnant ni perdant dans le bloc politique albanais. Mais il semble que cette hypothèse fasse se dresser les cheveux aux militants du VMRO-DPMNE. Il est donc peu probable qu’elle se vérifie.

 
 
http://balkans.courriers.info/article6885.html
 
Le Courrier des Balkans
Macédoine : les nationalistes du VMRO-DPMNE reprennent la main
Par Laurent Geslin
Mise en ligne : jeudi 6 juillet 2006

Newropeans Magazine - 10 juil 2006

Les élections du 5 juillet ont vu la victoire écrasante des nationalistes du VMRO-DPMNE au détriment du SDSM de Vlado Buckovski au pouvoir depuis 2002. Les partis albanais n’obtiennent que 24 sièges en raison d’une faible participation de leurs électeurs. Reste maintenant à former un gouvernement stable et efficace.

De notre envoyé spécial

« Vive la Macédoine, Vive Ljube Boskovski », scandaient hier soir, dans la salle de conférence du Holiday Inn de Skopje, les partisans du parti nationaliste macédonien du VMRO-DPMNE après leur très nette victoire aux élections législatives du 5 juillet 2006. L’ex-ministre de l’Intérieur acclamé par la foule est pourtant toujours incarcéré par le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye pour le meurtre de dix Albanais à Ljuboten pendant le conflit de 2001.

La journée électorale s’était déroulée hier dans le calme même si l’on a pu constater çà et là quelques votes familiaux où quelques électeurs sans cartes d’identité, surtout dans les régions albanaises. Les multiples observateurs déployés par l’OSCE et par des organisations macédoniennes dans le pays semblent avoir dissuadé les fraudes massives.

Les partisans du VMRO-DPMNE n’ont pas attendu la proclamation des résultats officiels pour défiler dans les rues de Skopje en brandissant les drapeaux rouge et noir de leur parti. Selon l’organisation citoyenne MOST, celui-ci obtiendrait 44 des 120 députés que compte la Parlement macédonien contre seulement 33 pour les sociaux-démocrates du SDSM. La défaite est sans appel pour le gouvernement de Vlado Buckovski qui avait été chargé d’appliquer les dispositions des accords d’Ohrid et qui avait permis à la Macédoine d’obtenir le statut de candidat à l’Union européenne. La crise économique et le malaise social qui mine la Macédoine auront eu raison du SDSM après quatre ans d’exercice du pouvoir. Les surprises de la soirée viennent des bonnes percées du NSDP de Tito Petkovski et des ultras nationalistes du VMRO-NARODNA, branche dissidente du VMRO, qui obtiennent respectivement 7 et 8 sièges.

De l’autre côté du Vardar, à Bit Bazar, régnait une joie plus circonspecte. Danses traditionnelles et coup de feu en l’air ne semblaient pouvoir masquer une certaine frustration. Les Albanais ne se sont en effet pas déplacés massivement pour voter et dans bien des communes du nord-ouest du pays, la participation n’a guère dépassé 40%. La coalition menée par le BDI, au pouvoir depuis 2002, ne recueille que 13 sièges. Après une défaite sans appel quatre ans plus tôt, le PDSh d’Arben Xhaferi revient bien et arrache quant à lui 11 sièges. La sous-représentation des Albanais au Parlement n’est assurément pas un bon signe pour la stabilité du pays à l’heure où se poursuivent à Vienne les discussions entre les délégations serbes et albanaises sur l’avenir du Kosovo.

Dans les jours qui viennent, un nouveau gouvernement va devoir rapidement être constitué. Comme en 1998, le VMRO-DPMNE pourrait alors entrer en coalition avec le PDSh, ce qui ne manquerait pas de rappeler certaines sombres pages du jeune Etat macédonien. Les partisans du BDI qui avaient pris les armes en 2001 se retrouveraient alors relégués dans l’opposition.

 

 

Chris Reynolds - Munich - 10.7.2006  cafebabel.com - 10 juil 2006
 Macedonia’s rocky road to democracy

Macédoine : le chemin sinueux vers la démocratie

Dotée d’une histoire politique aussi accidentée que sa géographie montagneuse, la Macédoine espère que les élections parlementaires tendues du 5 juillet aideront le pays à dépasser son passé chaotique.
 
Les élections attisent généralement les passions. Mais quand les observateurs qualifient d’« explosives » les quatrièmes élections générales macédoniennes depuis l’indépendance en 1991, il ne s’agit pas uniquement de rhétorique.

Quelques jours après l'annonce, le 15 juin dernier, de la tenue d’élections le 5 juillet 2006, des violences ont éclaté entre les adhérents des partis politiques d'ethnie albanaise -le Parti démocratique des Albanais (DPA) ou l'Union démocratique pour l'intégration (DUI) - mais aussi entre les électeurs des deux principales coalitions macédoniennes, l'Union sociale-démocrate (SDSM) et l'opposition nationaliste du VMRO-DPMNE.

Parmi les incidents qui ont émaillé la campagne, on a recensé une attaque à la grenade dans le quartier général de l’une des coalitions et une fusillade devant un centre commercial de la capitale Skopje.

Les observateurs de l'OSCE avaient déjà fait part de leurs « préoccupations profondes » face aux violences et irrégularités qui avaient terni les élections parlementaires de 2002. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui espèrent que l’échéance électorale de cette année représentera un premier pas vers la normalité politique.

La signature d'un « code de conduite » entre les différents leaders de partis semblait pourtant aller dans le bon sens. Mais alors que le scrutin s’est déroulé de manière pacifique, le Premier ministre Vlado Buckovski ayant rapidement admis sa défaite face au chef de l'opposition Nikola Gruevski, au moins vingt événements violents ont été recensés pour le seul mois de juin.

Dans une déclaration conjointe, le représentant spécial de l'UE Erwan Fouéré et l'ambassadrice des Etats-Unis dans la région, Gillian Milovanovic, ont exprimé leur « profonde inquiétude » devant les violences préélectorales et affirmé que de tels actes menaçaient d'entraîner « de sérieuses conséquences, dommageables pour les aspirations européistes du pays. » Heureusement pour la Macédoine, il semblerait que ces avertissements ont été entendus.

Une feuille de route qui traverse les montagnes

Les violences récentes sont pourtant symptomatiques d'un plus gros problème en Macédoine. Malgré l'accord de paix d'Ohrid signé en 2001 à la demande de l'UE et de l'OTAN qui a empêché le pays de sombrer dans la guerre civile, de nombreuses tensions politiques et ethniques perdurent.

Alors que cet accord a tenté de soulever la question des droits des minorités en échange du respect des frontières territoriales du pays par les rebelles albanais, il n’évoque nulle part la mise en place de réformes structurelles et judiciaires.

Le texte a également conduit à l’arrivée au sein du gouvernement d'anciens insurgés comme l’ancien porte-parole de l’armée de libération albanaise de l’UCK, Ali Ahmeti. Résultat : une paix fragilisée et une démocratie que l’ONG International Crisis Group (IGC) décrit comme une « immature et vulnérable à l'action de saboteurs qui cherchent à prendre le contrôle ou exploiter un processus imparfait de réforme.  »

Les empêcheurs de tourner en rond ont d’ailleurs beaucoup à gagner dans le pays. La corruption est endémique et les récentes scissions dans l'électorat macédonien vont obliger le VMRO-DPMNE victorieux à s’appuyer sur des partenaires issus d'un parti albanais, s’il espére pouvoir gouverner. En retour, ces derniers pourraient profiter de portefeuilles particulièrement intéressants tels que l'économie et l'emploi.

Les collines qui encerclent Skopje symbolisent parfaitement les obstacles que ce pays de deux millions d'habitants devra surmonter dans les années à venir. Avec un chômage qui stagne à 38%, un pouvoir judiciaire « longtemps reconnu comme inefficace, corrompu, et soumis à des pressions politiques" » et même un nom du pays sujet à controverse, les Macédoniens espèreront que l'élection d'un nouveau gouvernement mènera à une accélération des réformes économiques et judiciaires entamées.

Les observateurs inquiets, comme l'Union européenne qui a concédé à la Macédoine le statut de pays candidat à l'intégration, espèrent la même chose.



Le nom du pays reste un sujet de débat. L'Onu et l'UE reconnaissent l'Ex-république yougoslave de Macédoine, alors que les Etats-Unis, la Chine et la Russie le reconnaissent le pays par son nom constitutionnel 'République de Macédoine
Chris Reynolds - Munich - 10.7.2006 | Traduction : Nicolas Baker
 
 
 
 
EuroNews - 6 juil 2006
Macedoine
Pour la troisième fois en huit ans, la Macédoine change de gouvernement

Les électeurs du petit pays de l'ex-Yougoslavie ont choisi Nikila Gruevski, futur Premier ministre de centre-droit. Avec 55 sièges sur 120, il devra constituer une coalition pour gouverner. Il succède au social démocrate Vlado Buckovski, victime de ses mauvaises performances économiques. La Macédoine est, entre autres, rongée par 30% de chômage. Son objectif désormais est de rentrer dans l'Union européenne et l'OTAN, et ces élections faisaient figure de test. Le président du pays, Branko Crvenkovski, espère que Bruxelles aura remarqué leur bon déroulement, pour que la Macédoine poursuive son chemin vers ces adhésions.

Mais ici on attend surtout une amélioration du quotidien. "J'attends un changement parce que la pauvreté est insupportable", dit un électeur. "J'espère qu'on va avoir de meilleures retraites, plus de travail et des salaires plus élevés", rajoute une dame âgée. Ici, on gagne en moyenne 240 euros par mois. La Macédoine est l'un des pays les plus pauvres d'Europe, avec un PIB par habitant d'environ 1800 euros, dix fois moins qu'en France par exemple.

 
 
 
6 juillet 2006 - 20:01 SwissInfo - 6 juil 2006

Législatives en Macédoine: victoire de l'opposition de droite

SKOPJE - L'opposition de centre-droit a remporté avec une large avance les élections législatives en Macédoine, selon des résultats officiels préliminaires annoncés jeudi. Le scrutin s'est déroulé sans incident.

Le parti d'opposition VMRO-DPMNE, de l'ex-ministre des finances Nikola Gruevski, a remporté 32,5% des voix alors que l'Union social-démocrate (SDSM) du premier ministre Vlado Buckovski en a obtenu 23,3%, a annoncé la Commission électorale nationale à la presse à Skopje au lendemain du scrutin.

La participation à été de 56,2% lors des législatives au cours desquelles quelque 1,7 million d'inscrits étaient appelés à choisir leur 120 députés.

Vlado Buckovski, à la tête d'un gouvernement composé du SDSM et d'Albanais de souche, a reconnu mercredi soir, dans une allocution télévisée, la défaite de sa coalition aux législatives.

Le VMRO-DPMNE doit maintenant engager des discussions pour former un nouveau gouvernement de coalition. Le parti dit avoir remporté 55 sièges, contre 32 pour les sociaux-démocrates.

"Nous pouvons dire que les élections se sont déroulées dans une atmosphère libre, honnête et démocratique, quelques très petits problèmes mis à part", a précisé Zoran Tanevski de la Commission électorale nationale.

Un avis partagé par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) quie a estimé jeudi que le scrutin s'était déroulé de manière "largement démocratique". "La journée électorale a été calme", a indiqué l'organisation, relevant "des cas isolés d'irrégularités sérieuses".

Le processus de transition tranquille est de nature à satisfaire l'Union européenne, qui avait appelé la Macédoine, pays candidat à une adhésion à l'UE, à faire preuve de maturité politique après une campagne électorale émaillée d'actes de violence et plusieurs scrutins entachés d'irrégularités ces dernières années.

SDA-ATS
 
 
 
 
06.07.2006 DW-World - 6 juil 2006
Test de maturité démocratique réussi pour la Macédoine
Les élections législatives d’hier se sont en effet déroulées sans trouble, un pas vers la démocratie pour ce pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne. C’est l’opposition de centre-droit qui a gagné avec une large avance.

Le parti d'opposition VMRO-DPMNE nationaliste modéré de Nikola Gruevski a obtenu 32,5% des voix contre 23,3% à  l'Union social-démocrate du Premier ministre Vlado Buckovski. Un changement de gouvernement nécessaire selon Ulrich Kleppmann, directeur du bureau de la fondation Konrad Adenauer à Skopje :

« Si on compare la Macédoine à un pays comme l’Estonie, qui a également acquis son indépendance en 1991, qui  s’est désolidarisé d’une fédération d’Etats, qui avait à peu près la même taille et les mêmes conditions économiques, on voit que l’Estonie est aujourd’hui membre de l’OTAN et de l’Union européenne. Le niveau de vie est considérablement plus élevé, le taux de chômage plus bas. Bref, la Macédoine a beaucoup de retard à rattraper. Et dans les années à venir, on va voir si Nikola Gruevski est capable de rattraper ce retard. »

Quoi qu’il en soit et dans l’immédiat, ces élections sont saluées par la communauté internationale : le commissaire européen à l'Elargissement Olli Rehn a souligné la "maturité politique" du peuple macédonien, tandis que l’Otan parle d’un scrutin démocratique. La Macédoine n’est pourtant pas encore prête pour pouvoir adhérer à ces deux organisations, comme l’explique le porte-parole de la Commission européenne, Amadeu Altafaj Tardio :

« C’est une condition nécessaire mais pas suffisante. Nous prenons plusieurs facteurs en compte y compris la mise en place de réformes dans le respect de la loi, la police, les réformes judiciaires, la lutte contre la corruption, des réformes structurelles dans le domaine de l’économie. Nous prendrons tout cela en compte en temps voulu. »

Aucune date n’est encore fixée pour le début des négociations d’adhésion.

Audrey Parmentier
 
 
 
Les élections, un test de crédibilité pour la Macédoine
 
 
Actualités : En Macédoine, le bon déroulement des élections du 5 juillet constituera un test de crédibilité. Le pays a connu de nombreuses élections chaotiques. Cette fois, les yeux de la communauté internationale seront braqués sur le processus électoral. Enjeu : l’entrée de la Macédoine dans l’UE et dans l’OTAN.

La Macédoine vient de renforcer les peines encourues pour les irrégularités provoquées dans le processus électoral. Une mesure prise au milieu d’une pluie d’avertissements : toute répétition des dérives électorales déjà connues pourrait altérer les chances du pays d’accéder à l’Union Européenne (UE) et à l’OTAN.

Le Parlement a amendé le Code pénal deux jours à peine avant le début officiel de la compagne relative aux élections du 5 juillet prochain. Les changements instituent des peines plus dures. L’auteur d’une infraction électorale mineure, qui encourait auparavant des sanctions financières, risque à présent trois ans de prison.

Ces élections pourraient être les plus tendues depuis l’indépendance, en 1991 : les partis de gauche, au pouvoir, et leur adversaires nationalistes sont au coude à coude.

Le Secrétaire général de l’OTAN Jaap de Hop Scheffer a rappelé aux Macédoniens qu’ils ne pouvaient désormais accepter aucune irrégularité s’ils désiraient entrer dans l’OTAN et dans l’UE.

« Je veux souligner l’importance d’élections libres et justes », a-t-il déclaré à Skopje le 12 juin, aux côtés du Premier ministre social-démocrate Vlado Buckovski. « L’un des critères d’évaluation de la Macédoine consiste à observer si le pays peut mener de telles élections. »

Les représentants de l’UE ont relevé que tous les yeux se porteront sur les élections du 5 juillet, les premières depuis que la Macédoine a acquis le statut de candidat à l’UE.

Erwan Fouéré, l’ambassadeur de l’UE à Skopje, considère que ce scrutin pourrait être une opportunité exceptionnelle de démontrer que, contrairement à ce qui s’est passé lors des élections précédentes, la Macédoine a la capacité et la volonté d’organiser des élections respectant les normes européennes.

« Malheureusement, le souvenir des élections précédentes en Macédoine n’est pas bon, mais au contraire mauvais, avec plusieurs degrés d’irrégularités », explique Erwan Fouéré. « Il s’agit donc d’un test, et si le pays échoue à ce test, je crains que cela ne retarde le processus d’intégration à l’UE. »

Lorsque la Macédoine a acquis le statut de candidat en décembre dernier, Bruxelles a annoncé que l’organisation d’élections démocratiques et justes était l’une des priorités.

Des précédents fâcheux
En Macédoine, la plupart des élections précédentes - qu’elles aient été locales, présidentielles ou législatives - ont été marquées par des votes multiples, des bourrages d’urnes, des contrefaçons de différents types et des violences préélectorales [1].

Il est notoire que les partis font appel à des agences de sécurité et à d’autres « incitateurs » afin d’intimider les électeurs et de faire pression sur les employés.

Au cours des élections de mars 2005, les dernières en date, ces irrégularités ont suscité des critiques aiguës de la part des observateurs internationaux. Cela a augmenté la pression sur le pays afin d’éviter une répétition du même scénario.

Gillian Milovanovic, l’ambassadrice des Etats-Unis en Macédoine, a averti que les tentatives de cacher des irrégularités seraient vaines.

« Nous ne sommes pas stupides », a-t-elle lancé. « La manière dont les [dirigeants] seront choisis lors des prochaines élections sera d’une importance significative. S’ils sont choisis frauduleusement, cela aurait un impact sur les engagements pris par la Macédoine en vue de son accession à l’OTAN et à l’UE. »

En réponse à ces menaces à peines voilées, la Macédoine a renforcé ses lois électorales afin de professionnaliser le processus dans son entièreté.

Récupération par les adversaire de l’élargissement ?
Selon Dane Taleski, de l’Institut pour la Démocratie, la Solidarité et la Citoyenneté, une ONG de Skopje, toute violation dans le processus se retrouverait dans le rapport suivant de la Commission Européenne consacré à la Macédoine.

« Il ne fait aucun doute que le rapport de la Commission Européenne prévu pour cet automne ne sera pas positif s’il y a des irrégularités », affirme-t-il. « Aucune date ne serait alors donnée en ce qui concerne le début des négociations [d’adhésion]. »

Les Macédoniens savent qu’un rapport négatif serait ensuite utilisé au sein de l’UE par les adversaires de l’élargissement.

Selon Erwan Fouéré, il y a bien un danger d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui s’opposent à l’entrée de la Macédoine dans l’UE. « La meilleure réponse est de leur montrer que le pays a la capacité de leur donner tort », conclut-il.

Mais personne n’est certain en Macédoine de parvenir à mener des élections « à la scandinave ».

Un observateur international explique douter que les dirigeants politiques du pays contrôlent en permanence la situation sur le terrain. « Même en tablant sur le fait que les dirigeants politiques ont des intentions honnêtes, il n’est pas certain que les activistes locaux les comprennent sérieusement », souligne-t-il.

Une opinion partagée par Sonja Kramarska, journaliste au quotidien Utrinski Vesnik. « Si l’on considère leur niveau de culture politique, je ne suis pas sûre que les dirigeants peuvent contrôler le cours des choses. »

Les nouveaux partis sèment l’incertitude
Parallèlement aux craintes quant au déroulement des élections, la proximité des acteurs principaux dans les sondages rend l’issue du scrutin particulièrement incertaine.

Le Premier ministre et ses alliés semblent bénéficier d’un taux de popularité comparable à celui de leurs principaux adversaires.

Selon un sondage récent de l’Institut pour la Démocratie, la Solidarité et la Citoyenneté, 17,6% des électeurs ont l’intention de voter pour le bloc du principal parti macédonien, le VMRO-DPMNE. Les sociaux-démocrates du SDSM atteignent un taux de 13,2%.

Lors des élections de 1998 et de 2002, le succès des partis alors dans l’opposition était presque garanti. Lorsque les sociaux-démocrates ont pris le pouvoir en 2002, par exemple, leur taux dans les sondages s’élevait deux fois et demi plus haut que ce celui du VMRO-DPMNE.

Selon Natasa Gaber, de l’Institut pour la Recherche Politique, Sociologique et Juridique, un glissement d’un côté vers l’autre semble improbable. « L’électorat est presque divisé de manière égale dans son soutien envers les principaux partis politiques », explique-t-elle.

Pour un observateur international, cela pourrait encourager les activistes à recourir à leurs vieilles méthodes. Ils pourraient « céder à leurs tentations, et appliquer des méthodes éprouvées menant à une victoire électorale », avance-t-il.

L’une des raisons de cette situation est la série de scissions ayant touché les partis principaux. Ces scissions ont mené à la formation du Nouveau Parti Social-Démocrate, dirigé par un ancien candidat du SDSM aux élections présidentielles, Tito Petkovski [2]. Elles ont également mené à la création du VMRO-NP, mené par le fondateur originel du VMRO-DPMNE, Ljubco Georgievski [3].

Pour les observateurs, ces nouveaux partis vont viser le cœur de l’électorat des grandes formations et leur donner du souci. « Ni Petkovski ni Georgievski ne sont des débutants en politique. Certains électeurs du SDSM et du VMRO-DPMNE vont sûrement les rejoindre », soutient Sonja Kramarska.

Les experts politiques considèrent que, même si ces nouveaux partis ne parviennent pas à susciter un effet majeur, ils pourraient malgré tout se révéler « faiseurs de roi » au cours des sinueuses négociations postélectorales.

Les deux grands partis comptent sur leurs partenaires albanais : le SDSM sur l’Union Démocratique pour l’Intégration (BDI) et le VMRO sur le Parti Démocratique des Albanais (PDSh). Mais même l’appui des formations albanaises pourrait ne pas suffire à leur garantir la majorité.

Le résultat dépendra pour beaucoup du mouvement final des nombreux électeurs indécis (estimés à 40% de l’électorat).

« Lors de ces élections, la position confortable traditionnellement occupée par le SDSM et le VMRO est troublée pour la première fois », explique Aneta Jovevska, de l’Institut pour la Recherche Politique, Sociologique et Juridique. « Les coalitions postélectorales vont être une nécessité. »

C’est également l’opinion d’Erwan Fouéré. « Cela pourrait être très serré, ce qui implique que la construction d’une coalition pourrait être plus complexe. »


Source : Par Tamara Causidis de BIRN (Balkan Investigative Reporting Network)

Cojep International, Bureau de Coordination de l'Europe de l'Est.
 
26/06/2006
 

http://balkans.courriers.info/article6872.html

Utrinski Vesnik
Macédoine : la campagne électorale dérape
Traduit par Viktor Zakar
Publié dans la presse : 26 juin 2006
Mise en ligne : mercredi 28 juin 2006

En Macédoine, les scènes de violence se multiplient entre militants de partis concurrents, à une semaine des élections législatives. Les partis albanais sont particulièrement montrés du doigt, même si on a pu voir des militants de partis macédoniens s’affronter dans les rues de Skopje le 22 juin dernier. L’enjeu de ces élections est pourtant de taille. Il s’agit de prouver à l’UE que la Macédoine est capable de mener à bien des élections équitables. Une gageure ?

Par Katica Cangova

A quelques jours des élections législatives, on n’observe toujours pas de détente entre les deux principaux partis albanais de Macédoine. Il semble que personne ne désire de trêve. Les conflits physiques et armés des sympathisants du PDSh (Parti Démocratique des Albanais) et du BDI (Union Démocratique pour l’Intégration) ne cessent pas, mais s’enflamment au contraire davantage.

En dépit de tous les appels pour une campagne électorale juste, impartiale et digne, le deux incidents graves se sont produits le week-end dernier. Samedi, dans le village de Rasce (près de Skopje) une bagarre entre sympathisants des deux partis a failli dégénérer en lynchage de partisans du BDI. L’affrontement n’a heureusement coûté la vie à personne. La veille, un haut fonctionnaire du BDI avait été attaqué et blessé devant sa maison familiale, à Tetovo.

Les partis albanais s’accusent mutuellement d’avoir commencé le premier, mais toutes les déclarations se terminent en disant que l’adversaire politique est responsable de ces bagarres de rue. Deux fois prévenus et admonestés par les ambassadeurs respectifs des Etats-Unis et de l’Union Européenne (UE) sur ce qui se passe sur le terrain, les leaders du PDSh et du BDI, Arben Xhaferi et Ali Ahmeti, n’ont pas condamné publiquement les violences. Officieusement, l’ambassadeur britannique, a lui aussi prévenu sévèrement les leaders des partis albanais de faire arrêter ces violences brutales.

Le bilan de la bagarre entre les militants du PDSh et du BDI dans le village de Rasce est un homme blessé par balle et deux hommes roués de coups. Le premier, sympathisant du BDI, a reçu une balle de pistolet dans la jambe. Les seconds ont subi des blessures corporelles. Le fils de Rafiz Aliti, le vice-président du BDI figure parmi les blessés. [...]

On peut entendre plusieurs versions de l’événement. Un véhicule transportant cinq ou six sympathisant du BDI dont le fils de Rafiz Aliti, aurait été arrêté par un second véhicule dans lequel se trouvaient des sympathisants du PDSh. Les activistes du BDI ont été littéralement tabassés et l’un d’eux a été blessé à la jambe. Face au risque réel de lynchage le groupe du BDI a été protégé par des habitants de Rasce.[...]

Lors d’une conférence de presse, le PDSh a donné des détails différents sur l’incident à Rasce. Ce parti politique déclare que ses militants ont été les victimes et non les agresseurs, et que les militants BDI se sont blessés eux-mêmes. Un cortège du PDSh a été excité par des provocateurs apparus en cours de meeting avec un véhicule du Ministère des collectivités locales et d’autres automobiles. Des coups de feu auraient été tiré, mettant en danger la vie des dirigeants du PDSh, Arben Xhaferi et Menduh Thaçi.

Suite aux coups de feu, le service de sécurité du PDSh serait intervenu et la situation se serait calmée. Le PDSh déclare que des armes se trouvaient dans les véhicules des militants du BDI, des armes ensuite saisies par le service de sécurité du PDSh.

« Ces bandes sont dirigées par Besford Aliti, le fils du vice président du BDI, Rafiz Aliti. Elles sont aidées par les ‘Alphas’ [une unité spéciale de la police] et la police », a accusé le porte-parole du PDSh, Veton Ibrahimi.

Dimanche après midi, le BDI a évité de commenter l’événement à Rasce. Son porte-parole, Xhevad Ademi a annoncé que le parti s’exprimerait sur cette bagarre après le rapport officiel de la police. Antérieurement, Ademi avait déclaré que le blessé était bien un activiste du BDI, attaqué par un groupe gens armés issus de Kondovo et de Tetovo, sympathisants d’Agim Krasniqi, un candidat local.

Le BDI a également déclaré que l’attentat de vendredi, visant Abdylhalim Kasami, haut fonctionnaire du parti, n’avait pas réussi. [...]

Selon le Ministère de l’Intérieur, le haut fonctionnaire du BDI a reçu deux balles dans la tête, deux dans l’épaule gauche et une dans la main. Le Centre médical à Tetovo a immédiatement réagi pour aider le blessé, mais vu la gravité de ses blessures, il a été transféré au Centre d’urgence à Skopje. Des analyses ont été faites sur le lieu de l’incident et des mesures sont prises pour trouver l’agresseur. Selon les premières informations du Ministère l’Intérieur, l’attaque n’était pas politiquement motivée.