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RFE/RL NEWSLINE Vol. 10, No. 130, Part II, 19 July 2006
Le VMRO-DPMNE sort gagnant des législatives macédoniennes. Mais qui sera son partenaire albanais : le BDI ou le PDSh ? Le premier est servi par sa légitimité politique et le soutien de la communauté internationale. Le second a déjà gouverné en coalition avec le VMRO-DPMNE. Il aurait sa préférence...
Par Boris Georgievski
Plutôt que de donner une image claire, les résultats des élections du bloc politique albanais ouvrent une nouvelle question : qui du BDI ou le PDSh fera partie de la future coalition gouvernementale ? Les Albanais ont transmis un message clair aux deux partis sur ce qu’ils pensent de la politique des partis et de leur comportement dans la période préélectorale. Peu de gens sont allés voter. C’est dans la région électorale numéro 6 (Tetovo - Gostivar - Debar) que la participation a été la plus basse : 47%.
Juste après la fin du vote, dans une émission de débat sur la chaîne de télévision Alsat, une partie des analystes albanais de Macédoine commentaient que cette faible participation est due à deux facteurs : la violence dans la période préélectorale et la mauvaise campagne des deux partis. Mais le monitoring intensif des observateurs domestiques et surtout étrangers a également joué un rôle, en empêchant les habituels bourrages d’urnes.
Les résultats ont donné le BDI gagnant, sans espace pour le moindre doute, avec ses 18 sièges, contre 11 pour le PDSh. Un calcul simple montre que 44 députés du VMRO-DPMNE et 18 députés de BDI sont suffisants pour former une majorité de 62 députés (sur 120). Mais cela ne signifie pas forcément qu’Ali Ahmeti sera le partenaire de Nikola Gruevski au pouvoir.
Le message que les ambassadeurs et les représentants étrangers ont transmis au BDI avant les élections était clair sur le fait que le futur gouvernement devrait être composé des gagnants des deux blocs ethniques. Officieusement, la pression sur le VMRO-DPMNE est grande, notamment de la part des représentants de la communauté internationale, qui ont insisté sur la légitimité politique du BDI pour que le VMRO-DPMNE l’accueille dans le gouvernement pour quatre nouvelles années.
Au VMRO-DPMNE, on ne pense pas de cette manière-là, mais les dirigeants du parti n’ont pas encore pris de décision finale par rapport aux conditions offertes. On dit que le parti a déjà fait ses calculs et proposerait une coalition avec le PDSh, le NSDP de Tito Petkovski, le DOM de Liljana Popovska et le PEI de Fijat Canovski.
En attendant, la nervosité du BDI et du PDSh est évidente. Elle a commencé à se manifester le jour du scrutin, sous la forme d’accusations et de « pleurnicheries » déjà vus. Hier, des membres du PDSh ont essayé de faire passer une information selon laquelle les trois députés du PPD (le Parti pour la Prospérité Démocratique) qui ont été élus sur la liste commune formée avec le BDI, rejoindraient les rangs du PDSh. [...] Ce n’est pas par hasard si le porte-parole du PDSh et le vice président Menduh Thaçi, ont compté séparément les résultats du BDI et ceux du PPD mercredi, sans égard pour la coalition formée par ces deux partis.
Le BDI affirme « n’en rien savoir ». On dirait que ses membres s’attendaient à ce que les représentants internationaux mettent la coalition sur pied. Ils se sont sentis insultés par le fait que personne dans le bloc politique macédonien - ni leurs anciens partenaires du SDSM, ni leurs éventuels futurs partenaires - ne les aient félicités pour leur victoire.
Il existe une troisième variante peu mentionnée en public mais considérée comme une solution de réserve. Le BDI et le PDSh entreraient en coalition avec le VMRO-DPMNE. De cette manière, il n’y aura ni gagnant ni perdant dans le bloc politique albanais. Mais il semble que cette hypothèse fasse se dresser les cheveux aux militants du VMRO-DPMNE. Il est donc peu probable qu’elle se vérifie.
Newropeans
Magazine -
Les élections du 5 juillet ont vu la victoire écrasante des nationalistes du VMRO-DPMNE au détriment du SDSM de Vlado Buckovski au pouvoir depuis 2002. Les partis albanais n’obtiennent que 24 sièges en raison d’une faible participation de leurs électeurs. Reste maintenant à former un gouvernement stable et efficace.
De notre envoyé spécial
« Vive la Macédoine, Vive Ljube Boskovski », scandaient hier soir, dans la salle de conférence du Holiday Inn de Skopje, les partisans du parti nationaliste macédonien du VMRO-DPMNE après leur très nette victoire aux élections législatives du 5 juillet 2006. L’ex-ministre de l’Intérieur acclamé par la foule est pourtant toujours incarcéré par le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye pour le meurtre de dix Albanais à Ljuboten pendant le conflit de 2001.
La journée électorale s’était déroulée hier dans le calme même si l’on a pu constater çà et là quelques votes familiaux où quelques électeurs sans cartes d’identité, surtout dans les régions albanaises. Les multiples observateurs déployés par l’OSCE et par des organisations macédoniennes dans le pays semblent avoir dissuadé les fraudes massives.
Les partisans du VMRO-DPMNE n’ont pas attendu la proclamation des résultats officiels pour défiler dans les rues de Skopje en brandissant les drapeaux rouge et noir de leur parti. Selon l’organisation citoyenne MOST, celui-ci obtiendrait 44 des 120 députés que compte la Parlement macédonien contre seulement 33 pour les sociaux-démocrates du SDSM. La défaite est sans appel pour le gouvernement de Vlado Buckovski qui avait été chargé d’appliquer les dispositions des accords d’Ohrid et qui avait permis à la Macédoine d’obtenir le statut de candidat à l’Union européenne. La crise économique et le malaise social qui mine la Macédoine auront eu raison du SDSM après quatre ans d’exercice du pouvoir. Les surprises de la soirée viennent des bonnes percées du NSDP de Tito Petkovski et des ultras nationalistes du VMRO-NARODNA, branche dissidente du VMRO, qui obtiennent respectivement 7 et 8 sièges.
De l’autre côté du Vardar, à Bit Bazar, régnait une joie plus circonspecte. Danses traditionnelles et coup de feu en l’air ne semblaient pouvoir masquer une certaine frustration. Les Albanais ne se sont en effet pas déplacés massivement pour voter et dans bien des communes du nord-ouest du pays, la participation n’a guère dépassé 40%. La coalition menée par le BDI, au pouvoir depuis 2002, ne recueille que 13 sièges. Après une défaite sans appel quatre ans plus tôt, le PDSh d’Arben Xhaferi revient bien et arrache quant à lui 11 sièges. La sous-représentation des Albanais au Parlement n’est assurément pas un bon signe pour la stabilité du pays à l’heure où se poursuivent à Vienne les discussions entre les délégations serbes et albanaises sur l’avenir du Kosovo.
Dans les jours qui viennent, un nouveau gouvernement va devoir rapidement être constitué. Comme en 1998, le VMRO-DPMNE pourrait alors entrer en coalition avec le PDSh, ce qui ne manquerait pas de rappeler certaines sombres pages du jeune Etat macédonien. Les partisans du BDI qui avaient pris les armes en 2001 se retrouveraient alors relégués dans l’opposition.
SKOPJE - L'opposition de centre-droit a remporté avec une large avance les
élections législatives en Macédoine, selon des résultats officiels préliminaires
annoncés jeudi. Le scrutin s'est déroulé sans incident.
Le parti d'opposition VMRO-DPMNE, de l'ex-ministre des finances Nikola
Gruevski, a remporté 32,5% des voix alors que l'Union social-démocrate (SDSM)
du premier ministre Vlado Buckovski en a obtenu 23,3%, a annoncé la
Commission électorale nationale à la presse à Skopje au lendemain du
scrutin.
La participation à été de 56,2% lors des législatives au cours desquelles
quelque 1,7 million d'inscrits étaient appelés à choisir leur 120 députés.
Vlado Buckovski, à la tête d'un gouvernement composé du SDSM et d'Albanais
de souche, a reconnu mercredi soir, dans une allocution télévisée, la défaite
de sa coalition aux législatives.
Le VMRO-DPMNE doit maintenant engager des discussions pour former un nouveau
gouvernement de coalition. Le parti dit avoir remporté 55 sièges, contre 32
pour les sociaux-démocrates.
"Nous pouvons dire que les élections se sont déroulées dans une
atmosphère libre, honnête et démocratique, quelques très petits problèmes
mis à part", a précisé Zoran Tanevski de la Commission électorale
nationale.
Un avis partagé par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE) quie a estimé jeudi que le scrutin s'était déroulé de manière
"largement démocratique". "La journée électorale a été
calme", a indiqué l'organisation, relevant "des cas isolés d'irrégularités
sérieuses".
Le processus de transition tranquille est de nature à satisfaire l'Union
européenne, qui avait appelé la Macédoine, pays candidat à une adhésion
à l'UE, à faire preuve de maturité politique après une campagne électorale
émaillée d'actes de violence et plusieurs scrutins entachés d'irrégularités
ces dernières années.
06.07.2006 DW-World -
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Test de maturité démocratique réussi pour la Macédoine | ||
Les élections législatives
d’hier se sont en effet déroulées sans trouble, un pas vers la démocratie
pour ce pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne.
C’est l’opposition de centre-droit qui a gagné avec une large
avance. Le parti d'opposition VMRO-DPMNE nationaliste modéré de Nikola Gruevski a obtenu 32,5% des voix contre 23,3% à l'Union social-démocrate du Premier ministre Vlado Buckovski. Un changement de gouvernement nécessaire selon Ulrich Kleppmann, directeur du bureau de la fondation Konrad Adenauer à Skopje : « Si on compare la Macédoine à un pays comme l’Estonie, qui a également acquis son indépendance en 1991, qui s’est désolidarisé d’une fédération d’Etats, qui avait à peu près la même taille et les mêmes conditions économiques, on voit que l’Estonie est aujourd’hui membre de l’OTAN et de l’Union européenne. Le niveau de vie est considérablement plus élevé, le taux de chômage plus bas. Bref, la Macédoine a beaucoup de retard à rattraper. Et dans les années à venir, on va voir si Nikola Gruevski est capable de rattraper ce retard. » Quoi qu’il en soit et dans l’immédiat, ces élections sont saluées par la communauté internationale : le commissaire européen à l'Elargissement Olli Rehn a souligné la "maturité politique" du peuple macédonien, tandis que l’Otan parle d’un scrutin démocratique. La Macédoine n’est pourtant pas encore prête pour pouvoir adhérer à ces deux organisations, comme l’explique le porte-parole de la Commission européenne, Amadeu Altafaj Tardio : « C’est une condition nécessaire mais pas suffisante. Nous prenons plusieurs facteurs en compte y compris la mise en place de réformes dans le respect de la loi, la police, les réformes judiciaires, la lutte contre la corruption, des réformes structurelles dans le domaine de l’économie. Nous prendrons tout cela en compte en temps voulu. » Aucune date n’est encore fixée pour le début des négociations d’adhésion.
Audrey Parmentier
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Les élections, un test de crédibilité pour la Macédoine |
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http://balkans.courriers.info/article6872.html
En Macédoine, les scènes de violence se multiplient entre militants de partis concurrents, à une semaine des élections législatives. Les partis albanais sont particulièrement montrés du doigt, même si on a pu voir des militants de partis macédoniens s’affronter dans les rues de Skopje le 22 juin dernier. L’enjeu de ces élections est pourtant de taille. Il s’agit de prouver à l’UE que la Macédoine est capable de mener à bien des élections équitables. Une gageure ?
Par Katica Cangova
A quelques jours des élections législatives, on n’observe toujours pas de détente entre les deux principaux partis albanais de Macédoine. Il semble que personne ne désire de trêve. Les conflits physiques et armés des sympathisants du PDSh (Parti Démocratique des Albanais) et du BDI (Union Démocratique pour l’Intégration) ne cessent pas, mais s’enflamment au contraire davantage.
En dépit de tous les appels pour une campagne électorale juste, impartiale et digne, le deux incidents graves se sont produits le week-end dernier. Samedi, dans le village de Rasce (près de Skopje) une bagarre entre sympathisants des deux partis a failli dégénérer en lynchage de partisans du BDI. L’affrontement n’a heureusement coûté la vie à personne. La veille, un haut fonctionnaire du BDI avait été attaqué et blessé devant sa maison familiale, à Tetovo.
Les partis albanais s’accusent mutuellement d’avoir commencé le premier, mais toutes les déclarations se terminent en disant que l’adversaire politique est responsable de ces bagarres de rue. Deux fois prévenus et admonestés par les ambassadeurs respectifs des Etats-Unis et de l’Union Européenne (UE) sur ce qui se passe sur le terrain, les leaders du PDSh et du BDI, Arben Xhaferi et Ali Ahmeti, n’ont pas condamné publiquement les violences. Officieusement, l’ambassadeur britannique, a lui aussi prévenu sévèrement les leaders des partis albanais de faire arrêter ces violences brutales.
Le bilan de la bagarre entre les militants du PDSh et du BDI dans le village de Rasce est un homme blessé par balle et deux hommes roués de coups. Le premier, sympathisant du BDI, a reçu une balle de pistolet dans la jambe. Les seconds ont subi des blessures corporelles. Le fils de Rafiz Aliti, le vice-président du BDI figure parmi les blessés. [...]
On peut entendre plusieurs versions de l’événement. Un véhicule transportant cinq ou six sympathisant du BDI dont le fils de Rafiz Aliti, aurait été arrêté par un second véhicule dans lequel se trouvaient des sympathisants du PDSh. Les activistes du BDI ont été littéralement tabassés et l’un d’eux a été blessé à la jambe. Face au risque réel de lynchage le groupe du BDI a été protégé par des habitants de Rasce.[...]
Lors d’une conférence de presse, le PDSh a donné des détails différents sur l’incident à Rasce. Ce parti politique déclare que ses militants ont été les victimes et non les agresseurs, et que les militants BDI se sont blessés eux-mêmes. Un cortège du PDSh a été excité par des provocateurs apparus en cours de meeting avec un véhicule du Ministère des collectivités locales et d’autres automobiles. Des coups de feu auraient été tiré, mettant en danger la vie des dirigeants du PDSh, Arben Xhaferi et Menduh Thaçi.
Suite aux coups de feu, le service de sécurité du PDSh serait intervenu et la situation se serait calmée. Le PDSh déclare que des armes se trouvaient dans les véhicules des militants du BDI, des armes ensuite saisies par le service de sécurité du PDSh.
« Ces bandes sont dirigées par Besford Aliti, le fils du vice président du BDI, Rafiz Aliti. Elles sont aidées par les ‘Alphas’ [une unité spéciale de la police] et la police », a accusé le porte-parole du PDSh, Veton Ibrahimi.
Dimanche après midi, le BDI a évité de commenter l’événement à Rasce. Son porte-parole, Xhevad Ademi a annoncé que le parti s’exprimerait sur cette bagarre après le rapport officiel de la police. Antérieurement, Ademi avait déclaré que le blessé était bien un activiste du BDI, attaqué par un groupe gens armés issus de Kondovo et de Tetovo, sympathisants d’Agim Krasniqi, un candidat local.
Le BDI a également déclaré que l’attentat de vendredi, visant Abdylhalim Kasami, haut fonctionnaire du parti, n’avait pas réussi. [...]
Selon le Ministère de l’Intérieur, le haut fonctionnaire du BDI a reçu deux balles dans la tête, deux dans l’épaule gauche et une dans la main. Le Centre médical à Tetovo a immédiatement réagi pour aider le blessé, mais vu la gravité de ses blessures, il a été transféré au Centre d’urgence à Skopje. Des analyses ont été faites sur le lieu de l’incident et des mesures sont prises pour trouver l’agresseur. Selon les premières informations du Ministère l’Intérieur, l’attaque n’était pas politiquement motivée.