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RFE/RL NEWSLINE Vol. 10, No. 179, Part II, 27 September 2006
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Les représentants des comités de la Communauté islamique de Presevo et de Bujanovac, qui dépend de la Communauté islamique du Kosovo, ont rencontré à Novi Pazar les représentants des Communautés islamiques du Sandjak, de Belgrade et de Voïvodine. La création d’une seule Communauté islamique pour toute la Serbie est-elle en vue ? Alors que commence le ramadan, le débat fait rage.
Par Belgzim Kamberi
Cette rencontre a relancé les polémiques dans les cercles religieux islamiques du Sud de la Serbie. Le cabinet du président du mesihat de la communauté islamique du Sandjak, le mufti Muamer ef. Zukorlic a discuté, au mois de juin, d’une plate-forme pour la création d’une seule Communauté islamique sur le territoire de la Serbie. La plate-forme proposée par la Communauté islamique du Sanjak suppose la création d’une assemblée délibérative et d’un mesihat communs, parallèlement à la reconnaissance de quatre régions : le Sandjak, Belgrade, la vallée de Presevo et la Vo ?vodine.
« Ces régions jouirait d’une certaine forme d’autonomie avec un équilibre entre les droits et les obligations. J’ai eu l’occasion d’accueillir, avec mes collaborateurs, une importante délégation de la vallée de Presevo et nous avons dicuté des ces questions. Leur réaction a été positive et nous attendons maintenant leur réponse définitive. Ils sont dans une position spécifique, en raison de leurs liens religieux et spirituels avec la communauté islamique du Kosovo qui a son siège à Pristina. La communauté islamique de la vallée de Presevo aura un statut spécial, impliquant des liens avec la communauté islamique de la Serbie du point de vue administratif, et surtout en ce qui concerne les droits et les devoirs issus de la Loi sur les Églises et les communautés islamiques. Elle restera cependant liée sur le plan religieux avec Pristina, à cause des spécificités culturelles et linguistiques, tout comme nous resterons nous-mêmes liés à la communauté islamique de Sarajevo », a expliqué le mufti Zukorli ? dans les colonnes de Glas Islama.
Patriotisme religieux
La question du positionnement de la communauté religieuse de la vallée de Presevo par rapport à celle de Pristina a été la raison principale de la création, il y a quelques années, de la Communauté islamique de Presevo, Bujanovac et Medvedja (BIPMB). On sait que la création de cette structure avait provoqué des réactions négatives de la part de la Communauté islamique du Kosovu et de ses comités locaux à Presevo et à Bujanovac. « La séparation n’a eu lieu que pour servir des intérêts personnels et le carrierisme de certains, au détriment des intérêts des Albanais, et à la plus grande joie de Nebojsa Covic », avait à l’époque déclaré à notre journal Qemal Morina, du Bureau de l’information de la Communauté islamique du Kosovo. « Tant que le statut définitif du Kosovo n’est pas résolu, toute initiative de séparation de la Vallée de Presevo par rapport à Pristina est une décision précipitée », disait également Abdula Avdiu, du conseil de la Communauté islamique de Presevo.
Pendant toute cette période, les deux groupes opposés ont lutté pour établir leur domination sur la communauté islamique de la vallée de Presevo. Les représentants de la BIPMB ont été priviliégiés, ce qui leur a souvent valu d’être traités d’« imams d’État » ou de « collaborateurs des services secrets serbes ». Des inconnus avaient dessiné des croix et d’autres symboles insultants dans les mosquées ou ils faisaient leur service. Cette polarisation a même marqué les cours de religion dans les écoles et les procès juridiques.
« Les ambitions du mufti du Sandjak de se mettre à la tête d’une Communauté islamque de toute la Serbie sont connues depuis longtemps, mais la décision du Comité de la Communauté islamique du Kosovo siégeant dans la vallée de Presevo de soutenir cette initiative et de faire partie, au nom du Kosovo, de la communauté islamique de Serbie, est plus difficile à comprendre. Ces démarches confirment le constat que la fondation de la BIPMB correspondait bien aux besoins d’organisation religieuse dans la vallée de Presevo, en permettant de conserver tous les liens avec la communauté islamique du Kosovo. Malheureusement, notre demande n’a été comprise à l’époque ni par la communauté islamique du Kosovo, ni par nos collègues, qui ont fait leur possible pour dénigrer les responsables de la BIPBM, au nom d’un patriotisme démagogique et retardé. Nous ne croyons pas que le peuple acceptera que se forme une communauté islamique de Serbie incluant la branche de celle du Kosovo dans la Vallée de Presevo, avec des gens qui ne reconnaissaient pas la Serbie. Nous invitons expressément la communauté islamique du Kosovo à mettre fin à ces manipulations et à participer sérieusement à la solution du problème, pour en finir avec les intrigues impliquant le Kosovo et la Serbie », a déclaré Nexhmedin Ademi, président du conseil de la BIPMB pour Presevo, à la suite de la récente rencontre de Novi Pazar.
Cependant, selon Mumin Tahiri, président du comité de la Communauté islamique du Kosovo à Presevo, leur disponibilité à s’intégrer dans une communauté islamique qui couvre la Serbie est « une situation imposée, non parce qu’elle serait souhaitable, mais pour des raisons légales ». « À la différence de l’époque de la création de la BIPMB, nous avons maintenant une Loi sur les religions, et le Parlement de Serbie exige la légalisation de toutes les communautés religieuses », explique-t-il. Même si Mumin Tahiri n’a pas été prêt à le confirmer, il semble que l’initiative de séparation de Pristina, et d’inclusion du comité de la Communauté islamique du Kosovo à Presevo et à Bujanovac dans une Communauté islamique unique pour le Serbie ait été déjà envisagée depuis un moment par cette structure, ainsi que par certains dirigeants politiques kosovars.
La déclaration commune adoptée avec le président du conseil de la Communauté islamique du Kosovo, Naim ef. Trnava, clarifie davantage les choses. « En ce qui nous concerne, notre supérieur institutionnel dans le sens religieux est le président de la Communauté islamique du Kosovo Naim ef. Trnava. En principe, nous le consultons sur toutes les questions et recevons ses conseils et les décisions adoptés par lui ou ses collaborateurs - la présidence, la direction et l’assemblée de la communauté islamique du Kosovo. Dans le domaine politique, qui touche également les intérêts de la Communauté islamique, nous avons eu des consultations avec les responsables politiques du Kosovo, avec des membres de la délégation qui négocie le statut final du Kosovo, ainsi qu’avec les dirigeants politiques albanais de la vallée de Presevo. Nous acceptons toute suggestion de leur part comme positive et productive, et nous ne faisons pas un seul pas sans leur accord préalable », précise le communiqué de presse.
Instrumentalisation politique
Les responsables politiques locaux ont également participé au débat sur l’organisation de la vie religieuse de la communauté islamique de Presevo, Bujanovac et Medvedja. L”ancien maire de Presevo Riza Halimi a estimé qu’il fallait garder des liens avec le Kosovo. « Les musulmans de la Vallée de Presevo devraient avoir une organisation commune qui leur permettrait de réaliser tous les droits prévus par la loi, tandis que les liens avec la communauté islamique du Kosovo ont existé dans une période très difficile, et il serait naturel de les maintenir et de les développer après la définition du statu final du Kosovo », affirme le leader d’opposition de Presevo. D’autre part, Cenan Hetemi, conseiller municipal de l’Union démocratique de la Vallée prend une position beaucoup plus critique au sujet de la Communauté islamique de Presevo et de Bujanovac.
« Cette Communauté islamique se présentait, il y a quelque mois, comme la seule institution ayant sauvegardé des liens religieux, nationaux et spirituels avec le Kosovo. Ils ont maintenant fait venir à Presevo le vice-ministre des Religions du gouvernment serbe, pour qu’il donne son accord à la désignation des enseignants de religion dans les écoles en albanais, et leurs confrères Albanais et musulmans ont perdu à cause de cela leurs postes de travail. Ce n’est pas tout, ils sont allés encore plus loin dans la poursuite de leurs intérêts presonnels en oubliant leurs propres propos et les critiques qu’ils formulaient il y a quelques années. Ils ne sont plus la seule institution à entretenir des liens avec le Kosovo, et ils préférent passer par Belgrade pour ’intégrer rapidement la population albanaise en Europe’, et soutenir l’initiative de la Communauté islamique du Sandjak qui veut créer un mesihat commun pour toute la Serbie », dénonce Cenan Hetemi.
Les fidèles musulmans de la Vallée de Presevo ont à leur disposition 38 mosquées fonctionnels et 40 imams, et ils étaient organisés en comités de la Communauté islamique de Presevo et de Bujanovac, dans le cadre de la communauté islamique du Kosovo - IZK (BIK). La création du conseil de la Communauté islamique de Presevo remonte, selon les documents, à la deuxième moitié du XIXe siècle. Après la capitulation de l’Empire Ottoman et la fondation du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, le comité de la Communauté islamique de Presevo, avec celui de Bujanovac, fondé en 1971, ont fait partie de la Communauté islamique de la République de Serbie qui avait son siège à Pristina. Du temps de la Yougoslavie de Tito, cette institution religieuse dépendait elle-même du mesihat et du reis ul-ulema de Sarajevo. Après l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine, la communuté islamique de Presevo et Bujanovac s’est séparé en 1993 du risajet de Sarajevo pour faire partie de la de la Communauté islamique du Kosovo.
Tout comme la Roumanie, la Bulgarie va rejoindre l’UE en 2007 comme il était prévu, mais Bruxelles brandit la menace de sanctions sévères si les réformes ne s’accélèrent pas. L’UE reste vigilante mais ne voyait aucun avantage à repousser la date d’adhésion.
Par Gjeraqina Tuhina
La Commission a annoncé son verdict le 26 septembre : la Bulgarie va rejoindre le club européen le 1erjanvier 2007, mais elle sera observée à la loupe durant les premières années. De sources sûres, Bruxelles pourrait lui imposer des sanctions légales et financières si elle ne réussit pas à maîtriser les questions du crime organisé et de la corruption.
Ces mêmes sources ont révélé que l’UE avait décidé de donner son feu vert pour janvier 2007 parce qu’elle craignait qu’accorder un délai d’un an à Sofia et à Bucarest ne soit revenu à leur accorder un délai supplémentaire d’un an pour mener les réformes à bien.
En les acceptant dès janvier 2007, l’UE espère renforcer sa pression sous la forme de "mesures de sauvegarde" qui pourront être utilisées pour suspendre les bénéfices de l’adhésion.
Le Président de la commission, Jose-Maria Barroso, a été très prudent sur le contenu du rapport de septembre, mais il a confirmé que les mesures de sauvegarde sont vraisemblables dans le cas de la Bulgarie.
« Si la Bulgarie rejoint l’UE en janvier 2007 nous sommes convaincus que des mesures d’accompagnement seront très vraisemblables dans certains domaines et il sera difficile de les éviter », avait déclaré Jose-Maria Barroso au début septembre à Strasbourg. Il n’avait pas précisé dans quels domaines ces mesures seraient appliquées, mais il avait insisté sur les points sensibles que sont la lutte contre le crime organisé et la corruption.
Selon nos sources à Bruxelles, les clauses dites de « sauvegarde » pourraient signifier l’exclusion de la Bulgarie de certains domaines de coopération comme ceux de la police et de la justice, si elle s’obstine à rester trop loin des normes européennes. Une autre mesure mentionnée dans les cercles européens serait la suspension de l’aide financière.
« Si la Bulgarie ne réussit pas à maîtriser la criminalité et la corruption, elle pourrait être exclue de la coopération européenne dans le domaine de la justice et l’UE pourrait ne pas reconnaître la validité des jugements de ses tribunaux ».
La séance plénière du Parlement européen à Strasbourg de septembre a donné au Premier ministre de Bulgarie, Serguei Stanishev, la dernière chance de faire avancer la cause de son pays avant la publication du rapport de la Commission.
Pour lui, « la situation est certainement bien meilleure en ce qui concerne la criminalité et la corruption du point de vue des normes et critères de l’Europe. J’ai assez de preuves et d’arguments pour montrer que nous avançons dans la bonne direction ».
La Commission ne pense pas la même chose. Ollie Rehn, le Commissaire pour l’élargissement et principal auteur du rapport de septembre a mis Sofia en garde sur le fait que la Bulgarie n’était pas quitte pour autant. « Les progrès de la Bulgarie ont été plus lents que prévu. L’UE espérait des progrès plus importants de la réforme de la justice et de la lutte contre la corruption et le crime organisé », a-t-il dit à Serguei Stanishev au cours d’une rencontre.
Mais les responsables de la commission ne voient pas d’avantages à retarder l’entrée da la Bulgarie dans l’UE, bien que beaucoup pensent que ce soit une erreur. « L’UE ne va rien gagner à retarder le processus d’une année. Si la Bulgarie n’est pas prête pour l’adhésion en 2007, elle ne le sera pas davantage en 2008 ».
http://balkans.courriers.info/article7050.html
Dans son rapport sur la Bulgarie attendu le 26 septembre, la commission européenne préconisera l’application des deux « petites » clauses préventives figurant dans la convention d’adhésion du pays à l’EU. La date d’adhésion de la Bulgarie sera confirmée le 20 octobre : l’objectif du 1er janvier 2007 sera-t-il tenu ? Mystère...
Par Svetoslav Terziev
La commission s’abstiendra cependant de critiques trop durs pour ne pas décourager le Bundestag de ratifier la convention. Elle veut convaincre les députés allemands qu’elle n’abaisse pas les critères d’adhésion, mais aussi leur montrer que la Bulgarie n’est pas complètement impréparée et mérite de devenir membre dès le 1er janvier 2007. Une source influente au sein de la commission ayant souhaité conserver l’anonymat a expliqué la situation à Sega.
Contrairement aux deux rapports précédents, cette fois il n’y aura pas de « cartons rouges, jaunes et vertes » comme en septembre 2005, ni de drapeaux rouges comme en mai 2006. La Commission va préconiser un contrôle renforcé sur les domaines sensibles qui, malgré la nouvelle terminologie de Bruxelles, signifieront toujours des « clauses préventives ». Notre source est convaincue que ces clauses sont déjà en vigueur, et elle donne en exemple les mesures contre la peste porcine, dont le but est de protéger le marché intérieur de l’UE. Certainement, la clause sur la justice et sur l’ordre intérieur va également entrer en vigueur.
Des experts européens se sont plaints d’une attitude insolente envers eux lors de leurs tentatives de recueillir des informations objectives sur les progrès effectués par le ministère des Affaires intérieures bulgare dans la lute contre la criminalité.
La Roumanie ne sera pas épargnée non plus. « Elle est la seule à croire qu’elle est en avance par rapport à la Bulgarie », a ajouté le fonctionnaire.
Malgré la décision de principe d’imposer des restrictions sur le statut de membre des deux pays pendant la période transitoire des trois premières années, cette décision sera formulée au dernier moment, avec un accord au niveau politique, juste avant la réunion du Parlement européen le 26 septembre 2006. Contrairement aux suppositions récentes, la décision concernant la date de l’adhésion ne sera pas remise pas la fin de l’année. Elle sera prise dès le 20 octobre lors de la session intermédiaire du Conseil européen.
Le UNHCR prépare officiellement des plans pour faire face à une migration massive des Serbes du Kosovo, mais aussi de ceux du Sud de la Serbie. Pourtant, les politiciens serbes et albanais du Kosovo et de la Vallée de Presevo excluent toute possibilité de migrations forcées des Serbes de la région, quelle que soit l’issue des négociations sur le statut du Kosovo.
Par Nikola Lazic
Dans son rapport d’août dernier, le Bureau du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a examiné divers scénarios possibles après le règlement du futur statut du Kosovo et Metohija. L’un d’eux, au cas où la province obtiendrait l’indépendance, concerne la possibilité d’une migration contrainte de la population serbe. Cette possibilité hypothétique ne concerne pas seulement le Kosovo mais aussi le déplacement des Serbes du sud de la Serbie. Or, bien que les dirigeants doutent qu’une telle chose soit possible, les Nations Unies sont prêtes à toute éventualité.
Pas de changements des frontières
Lors des négociations directes menées à Vienne sous l’égide de la communauté internationale, ni la partie serbe ni la partie albanaise ne renoncent à leurs exigences établies précédemment. Les Albanais demandent l’indépendance inconditionnelle, alors que la délégation serbe propose tout, hormis cela. En raison de l’inflexibilité des positions respectives le futur statut du Kosmet est absolument incertain, même si l’État de Serbie, depuis l’arrivée de la mission internationale civile et militaire, il y plus a de sept ans, n’a quasiment plus aucune ingérence dans la province.
Depuis juin 1999 et la fin des bombardements de l’OTAN, un grand nombre de Serbes a quitté le Kosovo. Ce fait a produit un fort effet psychologique non seulement chez les Serbes kosovars, mais aussi chez leurs concitoyens de l’autre côte de la ligne administrative. Cependant, beaucoup de choses ont changé ces dernières années dans la région, les trompettes de la guerre se sont tues et toute l’affaire, comme il se doit, a été transférée sur la table des négociations diplomatiques.
S’il faut en croire les dirigeants kosovars, il n’y aurait pas le moindre indice de prétentions sur le sud de la Serbie, les régions de Presevo et Bujanovac où les Albanais représentent la population majoritaire. Dans un entretien avec les journalistes serbes à Pristina, le premier ministre du Kosovo Agim Ceku a plusieurs fois répété que, pour l’instant, le sud de la Serbie n’était pas la préoccupation majeure de son gouvernement. Attendant que le Kosovo soit accueilli l’année prochaine comme un Etat indépendant qui désire « de bons rapports de voisinage avec la Serbie », Agim Ceku a confirmé qu’il s’engageait à préserver les frontières actuelles dans les Balkans.
« Le Kosovo a ses frontières et il n’y aura pas d’unification avec les Albanais de Presevo, Bujanovac et Medvedja. Les Albanais sont intégrés dans les institutions de Serbie et ils doivent obtenir leurs droits à travers ces institutions », a déclaré Agim Ceku.
Hasim Thaçi, l’ancien chef de l’UCK, actuellement membre de l’équipe kosovare dans les négociations avec la Serbie, a parlé dans le même sens : « Je me bats pour l’ouverture et non pas pour le changement des frontières », a-t-il dit.
Il est clair que les dirigeants kosovars sont unis dans le désir d’indépendance, alors que mentionner le sud de la Serbie ne peut que leur nuire. Par ailleurs, les responsables politiques albanais du sud de la Serbie se sont pratiquement faits à cette raison. Après leurs premières aspirations, ils ont cessé de réclamer une participation aux négociations, comme ils le faisaient il y a quelques mois. Certaines de leurs exigences allaient même jusqu’à revendiquer l’autonomie pour envisager ensuite un rattachement au Kosovo. Actuellement, la théorie de l’annexion au Kosovo ainsi que la participation aux négociations ne sont plus mentionnées, quoique personne ne peut garantir que cela ne soit pas le désir intime des Albanais.
Les dirigeants serbes ne croient pas à un exode
Pour leur part, les responsables politiques serbes du Kosovo et Metohija et du sud de la Serbie ne croient pas que, quelle que soit l’issue des négociations, des migrations massives de la population puissent survenir, bien que certains d’entre eux estiment que dans cette partie des Balkans tout soit toujours possible.
Oliver Ivanovic, tête de la liste Serbe pour le Kosovo et Metohija, dont la politique est basée sur la participation des Serbes dans le travail des institutions kosovares, estime que la possibilité d’un exode des Serbes du sud de la Serbie au cas où le Kosovo obtiendrait l’indépendance, est tout à fait théorique.
« Qui pourrait l’organiser ? », demande Oliver Ivanovic, qui ajoute : « Une chose pareille serait fatale pour ses organisateurs. La mission internationale au Kosovo et Metohija et les forces de l’OTAN ont reçu des instructions claires afin d’empêcher toute sorte de violence. L’OTAN a clairement annoncé qu’elle s’opposerait fortement à toute tentative de violence. D’un autre côté, il me semble que les négociations ne vont pas au mieux pour la partie serbe, mais il est positif qu’elles se déroulent au plus haut niveau avec la participation du Premier ministre et du Président. Les arguments de la partie serbe sont une bonne réponse aux exaltations romantiques des représentants kosovars à propos de l’indépendance », estime-t-il.
Ici, tout est possible
Membre de l’équipe serbe de négociations, Marko Jaksic, tout en estimant que la province n’obtiendra jamais l’indépendance, pense aussi que l’époque d’une fuite massive des Serbes est désormais révolue.
« Il y a quelques années, la communauté internationale oeuvrait à l’indépendance du Kosovo alors qu’elle ne s’occupait pas du tout de la Serbie. Certains agissent encore de la sorte aujourd’hui. Les Albanais eux-mêmes, lors des négociations, ne mentionnent même pas le sud de la Serbie. Je pense que l’idée de la Grande Albanie n’a plus assez de force pour créer l’espace d un État, sans égard au statut du Kosovo. C’est une idée bancale et, d’un autre côté, la Serbie est plus stable et prend de l’importance. Le sud de la Serbie se trouve sous la juridiction de l’État de Serbie. L’indépendance du Kosovo ne se produira pas, et encore moins un éventuel exode des Serbes », assure Marko Jaksic.
Les responsables politiques serbes du sud de la Serbie rejettent également la possibilité d’une migration contrainte. Nenad Mitrovic, député du Parti radical serbe (SRS) estime tout d’abord qu’il ne s’attend pas à ce que la province obtienne l’indépendance : « Cela se voit d’après le cours des négociations. Je pense que le Kosovo et Metohija peut seulement obtenir l’autonomie au sein de la Serbie. De plus, je ne m’attends pas non plus à un exode des Serbes ni au rattachement des Albanais du sud de la Serbie au Kosovo et Metohija ».
Cadre du Parti Démocratique de Serbie (DSS) de Vojislav Kostunica à Bujanovac, Miroslav Taskovic, bien qu’il pense que « tout soit possible ici », exclut la possibilité de voir se former une vague de réfugiés du sud de la Serbie : « Je ne suis pas sûr que quelque chose de ce genre soit réaliste. Les dirigeants du parti n’envisagent pas que cela puisse arriver et n’en parlent pas », explique-t-il.
Le maire de la commune de Presevo, Ragmi Mustafa, pense qu’il est absurde de s’attendre à une migration contrainte de la population. Il déclare que cela non seulement ne doit pas arriver mais que cela n’arrivera pas : « Il n’y a aucune raison pour cela. Tant les Serbes que les Albanais peuvent circuler librement. Les Albanais de cette région peuvent aller au Kosovo ou en Albanie, les Serbes de la Republika Srpska peuvent aller en Serbie, mais pas sous la contrainte. On ne devrait pas parler de cela. Je pense aussi qu’il est insensé de parler de départ forcé des Serbes de cette région. Nous vivons ensemble depuis des siècles et, pendant les conflits armés qui ont opposé nos deux communautés, nos rapports n’ont pas été altérés. Les gens ordinaires ont toujours vécu en harmonie, sans problème. Les changements politiques, non seulement chez nous, mais en Europe et dans le monde, sont des phénomènes normaux qu’il faut accepter. Je pense qu’il est donc absurde de parler de possibles migrations forcées des Serbes », assure Ragmi Mustafa.
Alors que le débat sur la future Constitution de la Serbie bat son plein, les Albanais de la Vallée de Presevo ne veulent pas être oubliés. Premier enjeu : la définition « civile » ou « nationale » de la Serbie, qui sera contenue dans le Préambule. Les Albanais réclament aussi une décentralisation « asymétrique », mais leur position dépendra beaucoup de l’issue des négociations sur le statut du Kosovo...
Par Slavomir Kostic
Les représentants politiques des Albanais du sud de la Serbie proposent que la régionalisation asymétrique figure dans la nouvelle Constitution de la Serbie, comme solution qui tiendrait compte de toutes les particularités de la minorité nationale albanaise des communes de Bujanovac, Presevo et Medvedja.
Tout en suivant attentivement les négociations sur le statut du Kosovo, desquelles dépend aussi le statut politique des municipalités du sud de la Serbie où vivent les Albanais, les dirigeants politiques de cette communauté espèrent que la nouvelle Constitution de Serbie permettra de faire valoir les droits individuels et collectifs prévus dans la Plateforme politique qu’ils ont adopté à Presevo le 14 janvier 2006. À cet effet, les dirigeants albanais du sud de la Serbie ignorent le texte du préambule de la nouvelle Constitution de Serbie, qui fait l’objet d’un débat depuis des mois par les partis politiques dirigeants serbes, en soulignant qu’il est primordial pour eux de respecter ce qui est précisément défini dans la Plate forme, à savoir tout d’abord les droits individuels et collectifs et les valeurs spécifiques de la communauté nationale albanaise des communes du sud de la Serbie.
Un Préambule « civil » ou « national » ?
En ce qui concerne les deux propositions qui existent pour le préambule de la nouvelle Constitution de la Serbie, « l’option nationale-civile » et « l’option civile », Zoran Tomic, professeur à la Faculté de droit à Belgrade, ouvre le débat sur la position des Albanais du sud de la Serbie dans le texte le plus important du pays.
« Une constitution sans préambule ‘ne convient pas‘, c’est-à-dire que la loi fondamentale la plus importante d’un pays doit comporter une introduction qui couvre la dimension historique, politique et humaine en général », considère Zoran Tomic. « C’est précisément pourquoi je pense que cela ne gênerait en rien de dire que la Serbie, d’après son nom, est le pays du peuple serbe, qui non seulement est majoritaire mais est aussi le peuple constitutif qui a fondé ce pays. Comme c’est aussi le pays où, depuis des siècles, d’autres communautés nationales et ethniques vivent avec les Serbes, ce fait doit être mentionné dès le début de la Constitution. Le texte de la Constitution doit aussi stipuler que certains droits collectifs seront garantis à toutes les communautés nationales selon les plus hauts standards. Néanmoins, sans égard au texte du préambule, pour toutes les communautés nationales, y compris celles des Albanais du sud de la Serbie, les clauses de la nouvelle Constitution garantissant leurs droits collectifs seront d’une très grande importance. Ici, je pense avant tout au degré de décentralisation des pouvoirs, pour laquelle les minorités nationales sont toujours intéressées, aux compétences des administrations locales, à la division territoriale, au principe de régionalisation, etc ».
L’avis du professeur Tomic est partagée par tous les leaders politiques albanais de Presevo et Bujanovac, conscients du fait que la question de la décentralisation des pouvoirs est plus importante que le texte du préambule de la Constitution de Serbie. Riza Halimi, président du PDD de Presevo, et maire de cette commune jusqu’à une date récente, tout en regrettant que les Albanais du sud de la Serbie ne soient pas directement représentés dans le processus d’adoption de la nouvelle Constitution de Serbie, défend une solution basée sur la régionalisation asymétrique pour clarifier la situation des communautés nationales albanaises.
La décentralisation, question clé
« Nous suivons le travail d’adoption de la nouvelle Constitution par les médias, mais nous ne sommes pas impliqués directement car nous n’avons pas de députés à l’Assemblée de Serbie. Cependant, dans une lettre adressée au président Tadic et au Premier ministre Kostunica, nous avons demandé à être associés au processus. Nous espérons que la nouvelle Constitution prévoit la décentralisation des pouvoirs, afin que les spécificités de la situation des Albanais du sud de la Serbie soient prises en considération en conformité avec la Plateforme politique que nous avons clairement définie. Si, durant les négociations sur le Kosovo, les frontières actuelles sont respectées, nous les respecterons aussi. Dans le cadre de la nouvelle Constitution, et à travers une régionalisation asymétrique, nous demanderons le règlement de notre situation. De même, l’élargissement des compétences des administrations locales nous convient, non pas pour que les municipalités aient des fonctions asymétriques, mais dans le sens où les autorités soient plus proches des citoyens. Par ailleurs, nous utilisons moins le terme « autonomie », car nous sommes surtout intéressés à ce que nos particularités dans les communes du sud de la Serbie soient reconnues à travers la proposition constitutionnelle d’une régionalisation asymétrique.
La Plateforme des Albanais de Presevo et le statut du Kosovo
Skender Destani, l’un des leaders de l’Union démocratique de la Vallée (DUD) à Presevo, reproche la lenteur à adopter la nouvelle Constitution et l’absence d’un débat public. « Nous suivons de près tout ce qui touche la nouvelle Constitution de Serbie, mais ils n’arrivent pas à se mettre d’accord définitivement, surtout que ce qui est écrit au début de cet acte n’est pas si important. Ce qui compte, c’est la manière dont seront réglés les problèmes spécifiques qui touchent les communautés nationales », souligne Skender Destani, qui ajoute : « je reproche aussi qu’il n’y ait pas de débat public à ce sujet, ce qui serait plus démocratique. Nous sommes pour la décentralisation, mais pas pour créer des régions purement ethniques. Conformément à notre Plateforme politique, nous luttons pour une régionalisation asymétrique, afin que les Albanais du sud de la Serbie puissent bénéficier de leurs droits et que soient prises en considération les spécificités de notre communauté nationale ».
De la même façon, Shaip Kamberi, cadre du PDD à Bujanovac, insiste sur la régionalisation asymétrique, en annonçant que les Albanais de cette région vont harmoniser leurs positions au sujet de la nouvelle Constitution de Serbie d’ici la fin de cette année.
« La proposition du premier ministre Kostunica pour former six régions en Serbie n’est pas bonne, car il ne tient pas compte de la situation particulière de la communauté albanaise du sud de la Serbie », estime Shaip Kamberi, Il est regrettable aussi que nous ne soyons pas inclus dans le travail sur la nouvelle Constitution. Les Hongrois ont déjà présenté leurs propositions et j’espère que nous harmoniserons nos positions d’ici la fin de l’année. Mais nous n’irons pas en dessous de ce que nous demandons dans la Plateforme politique ».
Shaip Kamberi annonce que les dirigeants albanais de Bujanovac et Presevo harmoniseront leurs positions d’ici la fin de l’année, ce qui coïncide étrangement avec la fin prévue des négociations sur le statut du Kosovo. Orhan Rexhepi, président du PDP à Presevo, souligne que l’attitude des Albanais du sud de la Serbie vis-à-vis de la nouvelle Constitution sera fonction du statut du Kosovo, mais en accord avec les clauses de la Plateforme du 14 janvier dernier.
« Le règlement du statut de la communauté nationale albanaise, comme nous l’avons prévu dans la Plateforme politique, dépendra du statut du Kosovo », souligne Orhan Rexhepi, de sorte que si les frontières actuelles restent inchangées, nous pourrons facilement harmoniser nos positions relatives aux solutions constitutionnelles pour les Albanais à Bujanovac, Presevo et Medvedja. De toute façon, nous n’irons pas en dessous de ce que nous avons envisagé dans notre Plateforme ».
Une démarche d’amendements ?
L’un des leaders du PDD à Presevo, Behlul Nasufi, propose un engagement plus actif des politiciens albanais du sud de la Serbie vis-à-vis de la nouvelle Constitution. « Je propose que le Conseil national des Albanais de la région de Bujanovac, Presevo et Medvedja, apporte des amendements à la Constitution de Serbie, relatifs à la situation de notre communauté nationale, de façon à nous intégrer activement dans le règlement de son statut et du processus d’élaboration de la nouvelle Constitution du pays », propose Behlul Nasufi.