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DU CYNISME DE LA RUSSIE QUANT A LA QUESTION DU KOSOVO

Par Skender Zogu

23 février 2007

 

Depuis juin 1999, la Communauté Internationale aide le Kosovo à se reconstruire. En dépit des difficultés inhérentes à un contexte post-conflictuelle, de nombreuses réalisations positives sont à mettre au crédit de la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK) qui est parfois si injustement décrite comme étant inėfficace et bureaucratique. En effet, en ce début de l’année 2007, le Kosovo peut compter sur des structures étatiques certes imparfaites, mais qui fonctionnent tant bien que mal. Aussi, et hormis l’assistance humanitaire en tant que telle, l’aide financière pour le Kosovo a permis, depuis 1999 la reconstruction de 45 000 maisons détruites par le conflit, de dizaines d’écoles et de dispensaires, de centaines de kilomètres de routes, de dizaines d’édifices publiques, d’assistance technique pour édifier les institutions, etc.

 

Ce gigantesque ėffort de reconstruction qui a aidé des centaines de milliers de personnes avait initialement trois objectifs majeurs : i. Assurer un retour a une vie normale pour la population du Kosovo ; ii. Edifier des institutions fonctionnels et démocratiques, et ; iii. Promouvoir le développement économique afin de générer des emplois.

 

Pendant la période 1999-2006, la Communauté Internationale a déboursée plus de 2.5 milliards d’Euro pour reconstruire le Kosovo. Parmi les plus grands contributeurs, nous pouvons citer l’Union Européenne et ses Etats Membres, les Etats-Unis d’Amérique, Le Japon, la Suisse, la Turquie, le PNUD, la Banque Mondiale mais aussi l’Arabie Saoudite, le Koweït sans oublier la Banque Islamique pour le Développement.

 

Dans le cadre de cet exceptionnel élan de générosité et de sens des responsabilités qui a laissée de coté les rivalités géopolitiques, quant est-il de la Russie ? Forte de ses gigantesques revenus émanant de la vente d’hydrocarbures, a t-elle participée a l’effort de la Communauté Internationale ? Et bien force est de constater que la Russie n’a fournie strictement aucune contribution,  ni même symbolique. Rien non plus pour le retour des Serbes du Kosovo !!! Comment interpréter cette attitude au moment où Mr. Ahtisaari remet ses propositions sur le futur statut politique du Kosovo ?

 

Tout simplement comme d’une attitude cynique qui reflète une vision des relations internationales datant du XIX éme siècle. Force est de constater que la Russie de Mr. Poutine n’a pas changé et que cela peut entraver sérieusement les ėfforts de la Communauté Internationale au Kosovo. Cela peut être grave de conséquences pour plusieurs raisons :

 

1.     Nous, Russes, n’avons assumé aucune responsabilité en ce qui concerne la reconstruction du Kosovo ainsi que pour venir en aide aux populations civiles meurtries par le conflit. Nous n’avons en aucune manière contribué à pacifier cette région et vous avons laissé à vous, Occidentaux, le soin de le faire quitte à utiliser notre droit de veto le moment venu au Conseil de Sécurité des Nations Unies … ce qui réduirait à néant vos huit années d’efforts pour stabiliser ce Territoire. Peu importe les risques de tensions et de déstabilisation (que vous assumerez bien entendu sur place avec les troupes de l’OTAN) pour les Balkans occidentaux dont la plupart des pays aspirent à rejoindre un jour l’Union Européenne. Sans parler de l’aspiration légitime du peuple Kosovar a l’autodétermination;

 

2.     Au lieu de prôner le réalisme et la sagesse du coté Serbe, laissons libre cours aux illusions et au romantisme politique pour une cause à jamais perdue qu’est un Kosovo sous tutelle Serbe. Peu importe si cela retardera et entravera l’accession de la Serbie au sein de l’UE et aussi de l’OTAN pourquoi pas. Sans parler du coût exorbitant de ce retard en termes de développement économique et social pour un pays déjà bien mal en point depuis 1989;

 

3.     Enfin, la Russie a récemment entamée une offensive diplomatique dans les pays du Golfe afin de défier l’influence américaine et de se positionner en alternative crédible. Comment interpréter cette offensive de charme dans des pays qui sont pour la plupart de confession musulmane alors que parallèlement la Russie est la plus farouche adversaire de l’indépendance d’un Kosovo qui compte environ 90% de musulmans ? Sous le prisme du Kosovo, ne serait ce finalement pas une Russie xénophobe et raciste qui favoriserait le choc des civilisations tant décriées dans une Europe qui se construit dans un ėsprit de rapprochement entre les cultures et les religions ? L’ironie de l’histoire veut cela soient les Etats-Unis et l’Union Européenne qui par réalisme politique et sans arrières pensées mesquines proposent une indépendance sous tutelle internationale pour le Kosovo … alors que l’on reproche à tort à l’Occident d’être un éternel adversaire du monde Musulman !!!

 

A Munich, Mr. Poutine a récemment souligné les dangers d’un monde unipolaire où régnerait l’unilatéralisme. Il a fait effet et force est de constater qu’il n’a pas complètement tort sur certains dossiers sensibles. Cependant, il oublie de mentionner que les relations internationales ne se sont pas faites que de rapports de force stériles et de chaos.

 

Avec l’exemple du Kosovo, ces relations peuvent se traduire par un immense ėffort commun de reconstruction et de solidarité internationale dans le but d’entrevoir des solutions politiques à des réalités souvent complexes qui sont héritées de la chute du Mur de Berlin.

 

Cela s’appelle le « multilatéralisme actif  et participatif». En effet, au Kosovo, et même si beaucoup reste à faire, la Communauté Internationale a prouvée qu’elle avait mûrie en apprenant a travailler ensemble afin d’atténuer les souffrances de ceux qui ont subis la guerre, et ce, sans distinction de race et de religion pour le plus grand bénéfice des kosovars albanais ou serbes.

 

La grande absence de cette fabuleuse aventure qui a vue la Communauté Internationale acquérir ses lettres de noblesse dans ce cadre multilatéral est la Russie.  Elle aurait pue être une participante active et aurai eue tout à gagner en termes de crédibilité mais elle ne l’a pas fait.

 

Malheureusement, alors que se joue l’avenir du Kosovo, la Russie revient sur scène avec cynisme et agressivité. Cela est de mauvaise augure pour le continent Européen et pour le devenir des relations internationales en ce début de XXI éme siècle

 

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