Par Arben Atashi

Le mouvement Vetëvendosja s’oppose toujours à la mission Eulex comme à la Minuk

Des sources internationales et des sources fiables au sein des institutions du Kosovo nous ont confirmé le contenu des propositions d’Andrew Landley.

Loin de l’attention des médias, le diplomate Landley a rencontré vendredi les dirigeants du Kosovo, le Président Fatmir Sejdiu, le Premier ministre Hashim Thaçi, et le vice-Premier ministre Hajredin Kuçi, pour présenter officiellement sa proposition. Cependant, selon nos sources, les dirigeants kosovars n’ont pas permis à l’envoyé de l’ONU de présenter son plan, en interrompant unilatéralement la rencontre.

Il y a quelques jours, le diplomate néo-zélandais s’était engagé à rédiger un document pouvant servir de « nouveau compromis » entre Pristina et Belgrade, rendant possible la mise en œuvre du plan du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui prévoyait une « reconfiguration » de la Minuk et le déploiement de la mission européenne Eulex au Kosovo.

Le diplomate s’est rendu à plusieurs reprises à Belgrade, et il a rencontré les principaux responsables serbes, dans le but d’obtenir le feu vert de la Serbie à la mise en place d’Eulex, notamment dans le nord du Kosovo.

Le plan de Ban Ki-moon pour la reconfiguration de la Minuk suppose d’arriver à un compromis entre Pristina et Belgrade dans six domaines cruciaux : la police, les douanes, la justice, les transports, les télécommunications, la gestion de la frontière et la protection des monuments religieux serbes.

Nos sources internationales affirment que la partie serbe aurait accepté le déploiement d’Eulex dans le nord du Kosovo, à la condition que la Constitution de la République du Kosovo ne soit pas reconnue ni appliquée dans cette zone. Les deux points qui défient la Constitution du Kosovo, en la rendant inapplicable, concernent les douanes et la police.

Indépendance douanière et policière

La proposition d’Andrew Ladley serait que les douanes fonctionnent au Nord du Kosovo séparément du système douanier du reste du pays, et que le produit des taxations douanières dans cette zone soient exclusivement affectés aux besoins des autorités locales, c’est-à-dire des communes serbes qui sont gérées par les structures parallèles dirigées par Belgrade.

De même, Andrew Ladley a proposé que la police dispose d’un commandement séparé dans le nord, sans lien avec la direction de la police du Kosovo, ce qui reprend la proposition serbe d’une police ethnique séparée au nord.

Nos sources confirment que ces propositions ont été tout de suite rejetées par les dirigeants kosovars, qui estiment qu’un tel plan formaliserait la partition du pays, tout en nuisant à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la République du Kosovo.

Comme ils connaissaient déjà les propositions que l’envoyé de l’ONU allait leur formuler, les dirigeants de Pristina ont refusé de l’écouter, en lui expliquant qu’ils ne voulaient pas entendre parler d’un autre projet que le plan Ahtisaari.

Berat, « la ville aux mille fenêtres »

Fondée il y a 2400 ans, la ville de Berat repose sur une triste histoire d’amour… Une belle fée avait ravi le cœur de deux frères, Tomor et Shpirag, que l’amour et la jalousie menèrent jusqu’au fratricide. Tomor donna un coup d’épée à Shpirag qui lui asséna, à son tour, un coup de massue. Le dieu qui les regardait se débattre s’énerva de tant de haine entre frères et les punit.

Les deux frères furent transformés en pierres, condamnés à porter sur leur corps les traces de ce terrible combat, jusqu’à la fin des temps. Depuis lors, le grand frère, le mont Tomor, montre au soleil ses flancs troués et le petit frère, le mont Shpirag, ses côtes zébrés d’entailles. La belle fée, à l’origine du combat fratricide, n’échappa pas au courroux du dieu. Elle devint une colline rocheuse, sur laquelle fut un jour construit le grand et beau château qui trône majestueusement sur les hauteurs de la ville de Berat. La fée pleura toutes les larmes de son corps, qui donnèrent naissance à un fleuve, l’Osum.

Un patrimoine devenu mondial

Il était une fois Berat… Aujourd’hui, 2400 ans plus tard, Berat a gardé sa majesté et la beauté de la légende. La ville fait maintenant officiellement partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cet événement majeur est la confirmation des valeurs universelles de cette très vieille ville, la troisième d’Albanie à avoir obtenu ce statut après celles de Butrint et de Gjirokastra.

En juillet 2008, Emin Riza, président du groupe de travail qui a élaboré le dossier de candidature de Berat, jubilait lors de la confirmation de son acceptation : « Désormais l’avenir de Berat sera peut-être perçu d’une autre manière. En effet, l’acceptation de sa candidature par l’UNESCO accroîtra l’attention à l’égard de la restauration et de la préservation de ses richesses historiques. C’est extraordinairement important pour notre héritage culturel », déclarait-il.

Le château, joyau de la ville, et les quartiers historiques de Mangalemi et Gorica, se voient donc dotés du passeport de l’UNESCO. La ville sera placée sous la tutelle d’une des plus importantes institutions mondiales visant à la préservation du patrimoine représentant un intérêts et des valeurs précieuses pour l’humanité. Grâce aux soins de préservation et de financement de l’UNESCO, la ville deviendra sans doute une destination touristique.

C’est en 2006 que son dossier avait été présenté au siège central de l’organisation à Paris. Berat était candidate à la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle fut définie comme une ville témoin de la continuité historique, de la tolérance religieuse et de la diversité culturelle. Il aura encore fallu deux autres années pour qu’elle soit inscrite à cette liste. Le comité du Patrimoine mondial, réuni à Québec, a voté à l’unanimité en faveur de l’entrée de la ville-musée albanaise au rang des richesses mondiales.

« Une ville à la beauté et aux richesses admirables »

Après la décision du conseil de l’UNESCO, une cérémonie a célébré l’événement, réunissant les hautes autorités albanaises et les pouvoirs locaux, ainsi que deux représentants de l’UNESCO, sa sous-directrice générale, Françoise Rivière, et son directeur régional, Engelbert Ruoss. En inaugurant la plaque de l’UNESCO, le Premier ministre Sali Berisha a promis plus d’attention et d’investissements de la part du gouvernement. Françoise Rivière, a précisé que tant la ville de Berat que celle de Gjirokastra représentaient un symbole puissant du patrimoine culturel. « Chacune de ces villes mérite d’être admirée comme un ensemble extraordinaire, mais ce caractère leur est peut-être moins conféré par leur seule beauté, admirable sans doute, que par le fait qu’elles témoignent de la civilisation humaine et de sa diversité », précisait-elle.

Selon Françoise Rivière, elles acquérront désormais le statut de symboles majeurs de la dignité et de la diversité humaine. « Les 177 endroits dont l’UNESCO a constaté le caractère extraordinaire ont justement en commun leur majesté et leur variété. Mais, peut-être nulle part ailleurs dans le monde, cette entrée dans le patrimoine mondiale n’est-elle aussi importante. Au cœur de l’Europe du Sud-Est, une ville ottomane extraordinairement vivante et bien préservée, qui traduit dans la symbolique spécifique de votre pays les influences croisées de nombreuses formes de civilisations », poursuivait-elle dans son discours.

Elle a rappelé que cet événement entraîne la responsabilité particulière de développer de manière prioritaire le centre historique de Berat, de renforcer l’engagement à préserver les valeurs de la ville et à réaliser des projets dignes du statut du patrimoine universel. Le jour de la célébration de l’entrée de Berat au patrimoine de l’UNESCO devait donner une impulsion majeure aux fonds pour le développement rapide du centre historique, et accélerer les projets d’entretien des richesses architecturales.

La ville aux mille et une fenêtres

La ville de Berat est connue dans toute l’Albanie pour ses richesses historiques, remontant à la civilisation illyrienne qui s’y est développée. Le château, aux murs fortifiés, remonte au IVe siècle avant J.C. La ville a été qualifiée de musée à ciel ouvert. Les ensembles caractéristiques d’habitations citadines des trois quartiers historiques, le Château, Mangalem et Gorica, constituent un exemple sans égal du génie créateur populaire, qui a construits sur les flancs des collines de la ville. Les lieux de culte et les plus importants monuments se distinguent par leur architecture particulière. Leurs fondations reposent sur des constructions paléochrétiennes.

Certains monuments des XIVe-XVIIIe siècles ont été bien préservés. Ils recèlent des œuvres importantes de grands maîtres traditionnels, Onufri, Nicolas, Cyprien et bien d’autres anonymes. Les mosquées et les tékés sont aussi des exemples d’une grande maîtrise de l’architecture, notamment pour leurs ambiances intérieures, les plafonds et les vitraux.

Les quartiers de Mangalemi et de Gorica, s’illustrent par une inscription harmonieuse dans leur environnement. Le premier est un vrai joyau dans l’art de la construction, où la composition esthétique des maisons est poussée à son apogée. Le quartier dessine une pyramide élégante qui épouse la silhouette de la colline au sommet de laquelle trône le château. Cette composition majestueuse de par ses dimensions et délicate de par sa composition, se caractérise par une intense transparence conférée par les nombreuses fenêtres. C’est cette caractéristique qui a donné à Berat le surnom de « ville aux mille et une fenêtres ».

Le pont de Gorica

Le pont de Gorica, a été initialement construit en bois en 1780 par Ahmet Kurt Pacha, puis il fut reconstruit en pierre à la fin du XIXe siècle et restaurée entre 1920-1930. Il est long de 129.3 m, large de 5.3m, ses 7 arches sont espacés de 9 à 16.7 m. Le pont s’élève à 10 mètres au-dessus du niveau du fleuve. Le premier pilier contenait jusqu’à sa reconstruction un grand creux fermé par une grille en fer, où selon la légende, on avait enfermé une jeune fille, qui mourrut d’inanition, sacrifiée au fleuve pour calmer ses esprits, contraires à la construction du pont. Dans un autre pilier, pendant la restauration, on a trouvé une sculpture en bois représentant une tête de femme.

Berat a toujours été une ville qui a attiré les touristes, c’est un des endroits les plus visités en Albanie. Riche de trois musées, artistique, ethnographique et historique, gardiens des pièces monumentales de ses richesses, la ville est en train d’acquérir une position centrale dans le tourisme culturel.

L’UNESCO en Albanie

Cette organisation est engagée au niveau international dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture, sous l’égide de l’ONU. L’Albanie en est devenue membre le 16 octobre 1958. Depuis 2006, l’UNESCO, le PNUD et les ministères du Tourisme et des Affaires étrangères ont élaboré une stratégie et un programme spécifique pour faire ressortir davantage l’identité et le patrimoine culturel de l’Albanie et pour promouvoir l’image du pays au-delà de ses frontières.

Financé par le Fonds espagnol pour la Culture et le développement, ce programme commun se concentre sur quelques activités de restauration, dont le plus important semble être la gestion et la préservation du patrimoine culturel albanais. Ces projets entraînent de nouvelles opportunités économiques, grâce au développement du tourisme culturel à Gjirokastra et à Berat.

L’UNESCO compte 197 États membres, qui partagent les frais de fonctionnement de cette organisation. Son siège est situé à Paris, mais 50 antennes sont implantées partout dans le monde. Son histoire commence dès la Deuxième Guerre mondiale, en 1942, quand les ministres de l’Education des Alliés se sont rencontrés pour échanger leurs réflexions sur la reconstruction des systèmes éducatifs dans leurs pays respectifs quand la guerre serait finie. En novembre 1942, 37 pays se sont accordé sur la création de l’organisation, surtout vouée à promouvoir la culture de la paix. Son but demeure la création de la confiance à travers une collaboration pacifique entre les peuples et les États.

http://gazetametropol.com/forumlexomesazh.php?id=2136

Par Mero Baze

Sali Berisha

La présence du FMI en Albanie rassure les investisseurs internationaux sur le bon déroulement des réformes financières et sur la capacité de l’administration albanaise à gérer son budget. Elle constitue donc une garantie pour le gouvernement, tout en le gênant. En effet, elle impose des restrictions sur les crédits, les réformes, les hausses de salaires ou les baisses de taxes.

Le gouvernement albanais traverse une phase d’euphorie budgétaire. Il a dépassé les quatre milliards d’euros et a réussi à contracter jusqu’à sept cents millions d’euros de crédits auprès de diverses banques, avec l’aval du FMI. Mais, en 2009, le gouvernement aura besoin de crédits supplémentaires pour financer plusieurs projets majeurs. Par exemple, si les crédits pour finir l’autoroute entre Rreshen et Kalimash sont refusés, l’achèvement des travaux, prévus en juin 2009, sera retardé et l’État risque la banqueroute.

L’année 2009 sera également marquée par des échéances électorales importantes, qui vont lourdement peser sur les dépenses publiques, notamment afin de satisfaire les revendications de certaines couches sociales. Il est fort probable que le FMI ne cautionne pas les nouveaux crédits que le gouvernement va devoir contracter...

Pour toutes ces raisons, il est fort possible que le gouvernement envisage de ne pas reconduire son association avec le FMI. Quelque soit la décision prise par le gouvernement, elle aura des raisons plus politiques que techniques.

En effet, le FMI est plus utile politiquement qu’économiquement pour le gouvernement. En théorie, l’Albanie est capable de maintenir seule son équilibre budgétaire, sans aide extérieure. Toutefois, le soutien politique du FMI représente une garantie informelle dont l’absence se ferait nettement sentir. C’est un peu comme l’oxygène dans un espace clos : invisible mais indispensable. Si le contrat du FMI n’est pas reconduit pour des raisons politiques, et si ce dernier le perçoit comme un geste hostile, le gouvernement serait lourdement pénalisé. Personne ne peut interdire au FMI de faire des déclarations politiques, éventuellement en se servant de scandales internes comme preuve à l’appui. À la veille des élections, cela coûterait cher au gouvernement albanais.

Une opposition trop zélée ?

L’opposition crie au loup, elle dénonce la volonté du gouvernement d’éloigner l’OSCE et le FMI. Or, il est important de vérifier cette volonté du gouvernement à l’égard du FMI. Laissons-le donc s’exprimer sur cet aspect. Si seule l’opposition et le FMI se font entendre à ce sujet, on donnera l’impression de chercher à faire pression sur le gouvernement, qui s’en servira à son avantage en prétextant qu’il n’a aucune intention d’éloigner le FMI.

D’un autre côté, si l’opposition insiste pour que le FMI reste, c’est aussi parce qu’elle est une candidate potentielle au pouvoir. Dans la campagne électorale déjà entamée, elle se sert du FMI pour attaquer le gouvernement. Donc, si le gouvernement et le FMI ne renouvellent pas le contrat en janvier 2009 et si l’opposition accède au pouvoir en juin 2009, cela impliquerait la signature dudit contrat en septembre 2009. Cela politise le problème, le FMI devient un sujet électoral exploité par les deux camps, ce que le gouvernement veut éviter.

La tentation du gouvernement à vouloir mettre un terme définitif au mandat du FMI est à mettre en relation avec sa volonté d’éloigner l’OSCE, en justifiant cet éloignement par le fait que le pays s’est stabilisé et qu’il n’a plus besoin de la présence internationale. C’est peut-être vrai en principe, mais le moment choisi pour le faire n’est pas opportun. Ces missions se sont implantées en Albanie après un accord entre les différents camps politiques, il faudrait qu’un départ éventuel soit décidé également en commun.

Ni la droite, ni la gauche, représentées respectivement par Sali Berisha et Edi Rama, ne pourront décider seules du départ de ces missions. Si Sali Berisha tentait néanmoins de le faire, cela risquerait de provoquer un grave problème politique, qui influencerait dangereusement les élections. Ce serait peut-être le plus dramatique problème de tous ceux que Sali Berisha aura engendrés pendant ses quatre années au gouvernement.

Par Fatmir Aliu

Yves de Kermabon, le chef de la mission Eulex

Nos sources dans un important pays européen affirment que le déploiement d’Eulex sur tout le territoire du Kosovo, surtout dans les zones les plus problématiques, dépendra de la bonne volonté de la Serbie. À défaut, ce déploiement sera de nouveau différé. Eulex est en train de passer à une deuxième phase de transition, alors que l’on ne sait toujours pas quand la mission pourra devenir pleinement opérationnelle, ni quand elle pourra assumer un véritable pouvoir exécutif. Des sources occidentales soulignent que le déploiement d’Eulex sur les trois quarts du territoire du Kosovo est un fait accompli, mais que la mission a peu de chances de pouvoir se déployer sur tout le territoire.

« Le déploiement d’Eulex dans le sud et pas dans le nord renforcerait considérablement l’hypothèse de la partition du Kosovo. Il serait donc très difficile de convaincre les pays qui ont reconnu l’indépendance du Kosovo de s’engager dans un tel processus. Si rien de nouveau ne se fait jour, le déploiement de la mission risque de se retrouver bloqué dans une impasse », reconnaissent ces sources.

Selon elles, certains États n’auraient rien contre un déploiement d’Eulex en deux phases séparées, mais « l’un des pays les plus puissants au monde » refuse cette option. Comme l’expliquent les diplomates, cette option supposerait que, dans une première phase, Eulex commence à mettre en place son autorité et sa présence partout où elle le pourra, mais qu’il faudrait attendre la levée de toutes les menaces pour qu’elle pénètre dans le nord du Kosovo.

Les responsable politiques (serbes) du nord du Kosovo ont publiquement menacé Eulex et son personnel, assurant que tous les moyens seront utilisés pour empêcher le déploiement de la mission européenne dans cette zone.

De son côté, Bruxelles n’a toujours pas réussi a parvenir à un compromis précis avec Belgrade, qui pourrait permettre à Eulex d’être fonctionnelle dans le nord. Cependant, les diplomates se déclarent optimistes à propos des négociations entre le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, et le Président serbe Boris Tadić, assurant que la Serbie finira par donner son feu vert.

L’éventuel soutien de Belgrade serait motivé par l’aspiration européenne de la Serbie et par la ratification de l’Accord de Stabilisation et d’Association, à laquelle aspire ce pays. Dans cette hypothèse, comme l’expliquent les diplomates, la Serbie s’occuperait elle-même d’éliminer les obstacles au déploiement d’EULEX dans le nord du Kosovo.

Selon les diplomates occidentaux, les pays européens ne peuvent pas se mettre d’accord pour que leurs citoyens débarquent dans un Nord du Kosovo hostile, où les conditions de travail seraient très difficiles, et où leurs vies pourraient même être en danger.

Bruxelles et Belgrade sont en train de travailler ensemble pour arriver à une déclaration du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui conclurait le processus de « reconfiguration » de la présence civile internationale au Kosovo. Jusqu’à présent, le processus de reconfiguration repose sur le feu vert donné par le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, mais ce processus a été rejeté par Belgrade. Il était prévu que cette reconfiguration s’achève au milieu du mois de décembre, mais peu de personnes pensent que cet agenda pourra être tenu.

La déclaration du Conseil de Sécurité de l’ONU, sur laquelle disputent Bruxelles et Belgrade, préciserait les formes que prendrait le « parapluie de l’ONU », sous lequel serait légalement placée la mission Eulex, dans le cadre de la résolution 1244, c’est-à-dire en restant neutre sur le statut du Kosovo et en reconnaissant le commandement de l’ONU.

Étant donné que la Fédération de Russie est l’un des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, les diplomates occidentaux sont assez pessimistes sur les possibilités d’obtenir un succès, même si toutes les questions étaient réglées avec la Serbie. Jusqu’à maintenant, Moscou s’est toujours opposée au transfert du pouvoir exécutif de la MINUK à Eulex, sans un accord préliminaire du Conseil de Sécurité de l’ONU. Pour obtenir une déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU, il faut l’accord ou l’abstention des cinq membres permanents de ce Conseil.

Avant qu’un tel accord difficile ne soit obtenu, les puissances occidentales qui assurent la plus grande part de la mission de maintien de la paix de l’OTAN au Kosovo (KFOR) craignent une possible intensification du chaos dans le nord du territoire. Pour cette raison, comme l’expliquent nos sources, ces pays ont commencé à envisager une alternative provisoire, qui permettrait l’application de la loi dans le nord, et pour faire face au vide légal et policier. Ces pays veulent surtout éviter que la MINUK reste au nord et qu’Eulex se déploie au sud.

« On peut envisager un accord préliminaire avec la KFOR, qui permettrait plus facilement aux grandes puissances d’accepter la situation », précisent nos sources, qui ne cachent pas les grandes difficultés que le Kosovo risque de connaître d’ici la fin de l’année. Ce n’est pas par hasard que le Président Boris Tadić a évoqué à plusieurs reprises, ces derniers temps, l’option de la partition. « Les Kosovars doivent commencer à réfléchir à cette option, car les problèmes ne se résolvent pas dans le Nord. Seule cette perspective pourrait permettre d’avoir deux vainqueurs car, pour l’instant, la Serbie n’est pas satisfaite », expliquent des représentants européens.

Par Nikola Lazić

Le refus de Belgrade de reconnaître les diplômes universitaires délivrés au Kosovo suscite la colère des Albanais du Sud de la Serbie. Plusieurs dirigeants de cette région, déjà quelque peu instable, accusent le gouvernement de créer une crise et d’attiser délibérément les tensions.

Shaip Kamberi, maire de Bujanovac, la plus grande ville du Sud de la Serbie, estime que les Albanais considèrent ce geste comme une attaque contre les droits accordés à la minorité albanaise en 2001, à la suite du conflit qui avait enflammé la région. « Nous allons utiliser tous les moyens démocratiques légaux pour nous opposer à cette décision, et faire tout ce qui est possible pour conserver les droits acquis en 2001 », a-t-il déclaré au Balkan Insight.

Riza Halimi, député au Parlement de la Serbie et membre de la Coalition pour les Albanais de la Vallée de Presevo, promet de boycotter les sessions du Centre de coordination pour le Sud de la Serbie si cette décision reste en vigueur.

Cette institution est chargée de superviser les relations du gouvernement avec les trois municipalités frontalières de Bujanovac, Preševo et Medvedja, où les Albanais représentent soit la majorité de la population, soit une minorité importante. « Mais si cette loi discriminatoire demeure en vigueur, nous ne pourront rien faire pour nous y opposer », admet toutefois Riza Halimi.

Les Albanais du Sud de la Serbie sont en colère, car beaucoup d’entre eux détiennent des diplômes obtenus dans des universités du Kosovo, où ils peuvent étudier dans leur langue maternelle. En effet, les possibilités de réaliser des études supérieures sont minimes pour eux en Serbie - à moins qu’ils ne parlent couramment le serbe et qu’ils soient prêts à supporter un environnement souvent hostile.

Certains fonctionnaires serbes accusent les politiciens albanais de la vallée de Preševo de faire du chantage. Mais des indices laissent cependant penser qu’un compromis pourrait être trouvé.

Milan Marković, directeur du Centre de coordination pour la municipalité de Medvedja, pense pour sa part qu’un des changements qui pourrait profiter aux habitants de la région sera l’ouverture cette année d’une antenne de l’Université de Belgrade dans la ville. De même, l’Université de Niš devrait ouvrir une antenne à Bujanovac. Dans ces deux cas, l’enseignement sera donné à la fois en serbe et en albanais.

« Medvedja et Bujanovac auront des établissements d’enseignement supérieur, où les étudiants serbes et albanais de toute la région seront enfin en mesure d’étudier dans leur propre ville », promet Milan Marković.

Sima Gazikalović, vice-président du Centre de coordination, prévoit aussi que le problème des diplômes du Kosovo sera bientôt surmonté. « Des discussions avec les dirigeants albanais sont en cours et je m’attends à des compromis des deux côtés », a-t-il assuré au Balkan Insight. « Nous céderons peu, les Albanais céderont peu, mais je reste certain que le problème sera résolu très bientôt », a poursuivi Sima Gazikalović.

La décision de cesser de reconnaître les diplômes émis au Kosovo a été prise l’an dernier par le gouvernement nationaliste de Vojislav Koštunica, mais elle est entrée en vigueur seulement en août 2008, sous le gouvernement de Mirko Cvetković.

Le Sud de la Serbie, région rurale située entre le Kosovo et la Macédoine, a connu un bref conflit armé opposant les forces de sécurité serbes et des combattants albanophones en 2000 et 2001. Le Centre de coordination a été mis en place fin 2000 dans le but d’apaiser ces tensions. Le conflit s’est finalement terminé en mai 2001, avec l’aide de l’Otan et de la communauté internationale.

Le Kosovo a proclamé son indépendance le 17 février 2008, mais Belgrade a juré de ne jamais reconnaître le nouvel État. La Serbie continue donc de considérer le Kosovo comme sa province méridionale.

Lors d’une visite dans le Sud de la Serbie en septembre dernier, le ministre de l’Éducation, Žarko Obradović, a justifié la décision concernant les diplômes kosovars en invoquant la « raison d’État », sans autre précision.

Selon les fonctionnaires du ministère de l’Éducation, les diplômes du Kosovo « ne sont pas émis en accord avec les normes en vigueur et ne constituent pas la preuve d’une éducation réellement acquise ».

Si cette décision n’aura pratiquement aucun effet sur les personnes vivant au Kosovo - qui sont de toute manière bien peu nombreuses à voyager en Serbie -, elle causera bien des problèmes aux membres de la communauté albanaise de Serbie.

Les étudiants albanophones des municipalités de Bujanovac, Preševo et Medvedja poursuivent depuis des années leurs études supérieures dans les universités du Kosovo, en Albanie, ou encore à Tetovo, la ville universitaire de l’ouest de la Macédoine majoritairement peuplée d’Albanais.

Malgré l’absence de données officielles, on peut estimer à environ 400 les Albanais de Bujanovac, Preševo et Medvedja qui étudient à l’heure actuelle dans ces facultés.

Outre la question de la langue, depuis l’éclatement de diverses guerres en ex-Yougoslavie et la sécession récente du Kosovo, les Albanais n’osent plus s’inscrire dans les universités de Serbie, essentiellement pour des raisons de sécurité.

D’après Riza Halimi, « nos étudiants ne peuvent pas étudier en Serbie, qui est pourtant le pays dans lequel ils paient des taxes, tout simplement parce qu’il n’existe aucune faculté où l’enseignement se déroule dans leur langue maternelle. Bien sûr, à cela s’ajoute des considérations politiques et sécuritaires évidentes ».

Néanmoins, Dušan Spasojević, vice-président du Centre de coordination pour le Sud de la Serbie à Bujanovac, affirme qu’il « ne peut pas accepter la position » de Shaip Kamberi. Ce dernier parle d’un éventuel boycott.

« Les ultimatums autour des diplômes sont ridicules, car il y a des problèmes bien plus importants dans la région », soutient Dušan Spasojević, qui est aussi secrétaire du ministère de la Défense. « Il s’agit d’une approche complètement inappropriée, qui ne créera pas de bonnes conditions de travail. Le gouvernement n’acceptera jamais le chantage, même venant de personnes bien plus influentes que le maire de Bujanovac... », a-t-il prévenu.

De leur côté les Albanais disent que, au-delà du boycott, ils pourraient presser le député Riza Halimi de démissionner du Parlement serbe.

Jonuz Musliu, président du Conseil municipal de Bujanovac et chef du Mouvement pour le progrès démocratique (LPD), affirme que son parti pourrait « reconsidérer » la présence de Riza Halimi au Parlement. Les députés en Serbie représentent leur parti au Parlement : ils peuvent donc en être retirés par leur formation politique.

« Le comportement du gouvernement serbe relève de la xénophobie et le rappel de Riza Halimi serait une bonne façon de manifester notre mécontentement », explique Jonuz Musliu.

Jonuz Musliu, l’un des chefs des insurgés du conflit de 2001, accuse Belgrade d’intolérance à l’égard des Albanais. « La décision de ne pas reconnaître les diplômes du Kosovo est chauvine et clairement dirigée contre les Albanais de la Vallée de Preševo », a-t-il expliqué au Balkan Insight.

Riza Halimi lui-même a déclaré que son retrait du Parlement fera certainement l’objet de discussions. « Si les autorités de Belgrade s’obstinent à imposer cette décision, il n’y aura aucune raison pour moi de continuer à siéger au Parlement », constate Riza Halimi.

« J’ai commencé par m’adresser au Premier ministre Mirko Cvetković au sujet de ce problème. Il a renvoyé la balle dans le camps du ministère de l’Éducation. Mais le ministre Žarko Obradovic répète à qui veut l’entendre que les diplômes délivrés au Kosovo ne seront tout simplement pas reconnus », raconte Riza Halimi.

Le député Halimi a également indiqué qu’une assemblée des leaders albanais de Bujanovac, Preševo et Medvedja aurait lieu, afin de discuter de cette « question brûlante ».

La décision de suspendre la reconnaissance des diplômes du Kosovo a été contestée par quelques ONG en Serbie, ainsi que par des institutions ou des responsables internationaux. L’ONG Initiative jeunesse pour les Droits de la personne a pressé les autorités serbes d’annuler cette décision et de respecter les droits des membres de la minorité albanaise du pays. Hans Ola Urstad, l’ambassadeur de la mission de l’OSCE en Serbie, a fait des recommandations similaires.

Pendant ce temps, les diplômés et les jeunes de la région qui fréquentent une université au Kosovo se demandent bien quel avenir les attend. Driton Rexhepi, de Bujanovac, un diplômé de l’École de Droit de Pristina, n’arrive toujours pas à comprendre cette mesure discriminatoire. « Si la Serbie suspend réellement les diplômes kosovars, j’aurai étudié durant quatre ans pour rien ! », s’inquiète-t-il.

Ragmi Mustafa, qui termine ses études à la même faculté, abonde dans le même sens. « Dans les zones plus pauvres comme Preševo et Bujanovac, il est déjà très difficile de se trouver un emploi, même avec un diplôme universitaire en poche », constate-t-il. « Je rêve d’un bon boulot depuis que je me suis inscrit à l’Université, mais mon rêve est remis en question maintenant... ».

Propos recueillis par Elsa Demo

Ylljet Aliçka

Ylljet Aliçka est un homme à plusieurs casquettes. Écrivain, diplomate, et depuis peu représentant de l’Albanie à l’UNESCO, c’est un homme simple qui n’a jamais caché son rejet de la bureaucratie, tout en reconnaissant qu’il lui doit son inspiration littéraire. Féru de culture, l’ambassadeur d’Albanie en France croit cependant en l’utilité d’une vraie politique de soutien financier pour mettre en œuvre ses nombreuses idées.

Nommé ambassadeur en France en 2007, et plus récemment représentant de l’Albanie auprès de l’Unesco, à 57 ans, Ylljet Aliçka nous fait part des évènements qui ont marqué sa vie et de ses rapports avec l’« establishment ». En tant qu’écrivain, sa carrière est ponctuée de succès. En 1997, il publiait le recueil de récits Le Compromis et la nouvelle Slogans. Dix ans plus tard, paraissait le roman Un récit avec des internationaux, dévoilant une face inconnue des étrangers qui se rendent en Albanie. Il a aussi écrit les scénarios de deux films : Slogans réalisé par Gjergj Xhuvani et primé comme meilleur scénario au 12ème Festival du Film albanais, et Chronique d’une province réalisé par Artan Minarolli.

Shekulli (Sh) : Les changements qui ponctuent votre carrière diplomatique et bureaucratique (selon vos propres termes), en Albanie et à l’étranger, vous ont-ils vous-même changé ?

Ylljet Aliçka (Y.A.) : Absolument, le changement a été radical, dans tous les domaines, mon lieu de vie et mon travail, les amis... Naturellement, c’est un changement qui va dans le bon sens, autrement je n’aurais pas accepté ce poste privilégié.

Sh. : Vous sentez-vous plus proche des questions culturelles maintenant que vous êtes aussi représentant de l’Albanie auprès de l’UNESCO ?

Y.A. : C’est une charge qui me tient à cœur grâce à l’expérience que j’ai acquise dans ce domaine. Mais ces aspirations, ces idées et ces projets ne coïncident pas avec les ressources financières dont nous disposons.

Sh. : Notre ambassade à Paris couvre une zone diplomatique qui s’étend à la France, au Portugal et à l’Algérie. Comment cela fonctionne-t-il ? Est-il vrai que, partout dans le monde, on surnomme les ambassades albanaises les « petits T1 » ?

Y.A. : Ce n’est pas le cas à Paris, où nous avons un appartement assez grand, situé dans un bon quartier. Cependant, en comparaison à la majeure partie du corps diplomatique présent à Paris, nous ne sommes pas les mieux lotis... Mais le gouvernement projette d’acheter de nouveaux bâtiments pour les ambassades, dans divers pays dont la France. D’autre part, il est courant dans la diplomatie mondiale qu’une ambassade couvre plusieurs pays à la fois. Si on ajoute aussi le travail qui m’incombe au sein de l’UNESCO et de l’Organisation mondiale de la francophonie, cela fait en effet un certain nombre de pays ! Heureusement, il est aussi prévu d’ouvrir une ambassade au Portugal.

Sh. : Avez-vous été heureux dans votre vie ?

Y.A. : Oui, quand je suis revenu à Tirana après avoir passé onze années de ma vie dans des villages reculés. J’ai ressenti la même sensation lorsque la dictature prit fin au début des années 1990.

Sh. : Quel est votre souvenir le plus ancien ?

Y.A. : Je devais avoir trois ans, lorsque j’ai assisté, terrorisé, à la toilette mortuaire d’une personne ; ses oreilles étaient pleines de mousse et elle était allongée sur une table en bois dans une petite cour pavée de Tirana.

Sh. : Quelle personne vivante admirez-vous et pourquoi ?

Y.A : Les valeurs qui rendent un être humain admirable, je les retrouve davantage chez des personnages anonymes. Si l’on y prête attention, on est émerveillé chaque jour par l’intelligence ou la fidélité des gens, par la dignité ou le courage avec lesquels beaucoup font face aux difficultés et aux coups durs de la vie. Sans geignement ou jérémiade. Je n’oublierai jamais, dans le village où je travaillais, le visage d’un villageois qui traînait une « tache » dans sa biographie politique. Lorsqu’il faisait la queue pour acheter du pain, la vendeuse de la coopérative, non sans une certaine jouissance, criait : « il n’y a plus de pain ! » Le pauvre homme ne disait rien, le visage plombé, seul, sous la pluie, le sac vide, il rentrait chez lui où ses nombreux enfants l’attendaient. Ses yeux étaient mouillés, de pluie ou de larmes, je ne saurais dire.

Sh. : Qu’est-ce que vous n’aimez pas chez vous ?

Y.A. : Le manque d’assurance et parfois le manque de courage nécessaire pour faire les choses.

Sh. : Qu’est-ce que vous possédez de plus précieux ?

Y.A. : Mes enfants.

Sh. : Quelle est votre plus grande force ? Qu’est ce qui vous donne de l’énergie ?

Y.A. : J’aime dire que c’est la création, dans toutes ses dimensions.

Sh. : Qu’est-ce qui vous rend triste ?

Y.A. : L’inactivité.

Sh. : Que devez-vous à vos parents ?

Y.A. : Les sacrifices qu’ils ont faits pour m’élever et me permettre de suivre des études.

Sh. : Une habitude dont vous êtes peu fier ?

Y.A. : Je ne fête pas mes anniversaires et je ne fais jamais de cadeaux aux autres pour les leurs.

Sh. : Votre livre préféré ?

Y.A. : Cela dépend du moment. Ceux qui me viennent à l’esprit aujourd’hui sont L’immoraliste d’André Gide ou Le concert d’Ismail Kadaré.

Sh. : Le livre que vous auriez aimé écrire ?

Y.A. : Imperium de Richard Kapuscinski.

Sh. : Que vous a-t-on dit de pire ?

Y.A. : En 1994, quelqu’un avait écrit dans un journal que j’avais collaboré avec les Services secrets, puisqu’en 1990, le gouvernement m’avait accordé une bourse pour étudier en France ! Sans modestie aucune, je peux dire qu’en réalité, c’était tout l’inverse.

Sh. : À qui aimeriez-vous dire « je regrette » et pourquoi ?

Y.A. : À une étudiante en psychologie à qui je donnais, il y a quelques années, des cours d’éthologie. J’avais été très généreux et donné beaucoup de bonnes notes à l’examen. Quand son tour est arrivé d’être interrogé, je lui ai mis une note moins élevée que ce qu’elle méritait. J’ai appris plus tard qu’elle excellait dans toutes les matières. Elle n’a pas réagi sur le coup, mais je n’oublierai pas son regard triste et ses yeux embués de larmes de déception.

Sh. : Quel plaisir vous fait vous sentir coupable ?

Y.A. : Lorsqu’on se rassure en découvrant le malheur de quelqu’un, et que l’on constate le destin ne nous a pas frappé.

Sh. : Que pensez-vous de l’amour ?

Y.A. : L’amour est un grand plaisir, mais j’ai l’impression de ne pas être le premier à le dire.

Sh. : Comment vous relaxez-vous ?

Y.A. : En faisant du sport, en dormant, en dégustant du vin. Et peut-être aussi en faisant autre chose, dont le nom m’échappe.

Sh. : Qu’est-ce que vous considérez comme votre plus grande réussite ?

Y.A. : Quelques-uns de mes récits.

Sh. : Préférez-vous le cinéma ou la littérature ?

Y.A. : La littérature.

Sh. : Quelle musique aimeriez-vous qu’on joue pour vos funérailles ?

Y.A. : J’ai assisté à Paris aux funérailles du réalisateur franco-polonais Krzysztof Kieślowski (mon préféré). J’y ai entendu jouer le requiem qu’avait composé à cette occasion Zbigniew Preisner, l’auteur de la musique de ses films Bleu, Blanc, Rouge, Zbigniew Preisner. L’écho du chœur des femmes, sous la coupole de l’église, était fatalement attirante pour un dernier voyage.

Sh. : Comment aimeriez-vous que l’on se souvienne de vous ?

Y.A. : Tel que je suis, avec mes bons et mes mauvais côtés.

Sh. : Les plus grandes leçons que la vie vous a donné ?

Y.A. : Apercevoir la malignité et l’injustice cachés derrière le voile de la bonne morale. Et naturellement, ne pas m’en étonner.

Sh. : Où aimeriez-vous être à cet instant ?

Y.A. : En Albanie, que j’aime (hormis ses poubelles). Mais, j’aime aussi voyager, comme tout le monde.

Sh. : Est-ce que la diplomatie laisse du temps pour écrire ses souvenirs ?

Y.A. : Je préfère écrire sur la diplomatie que de coucher des souvenirs sur le papier.

Sh. : Écrivez-vous en ce moment ?

Y.A. : Non, le travail quotidien m’en laisse peu le temps. Je m’efforce toutefois de tenir des notes.