Par Arben Atashi
- James Berisha devant son avion
Né à Brestovc, dans la commune de Rahovec/Orahovac, aujourd’hui âgé de 37 ans, James Berisha a passé son enfance au Kosovo et il est ensuite est parti pour l’Occident afin de réaliser son rêve, devenir pilote d’avion. Diplômé de l’Académie pour les Vols Sûrs en Floride, il vit aujourd’hui à El Paso, aux Texas, où il travaille comme pilote pour la compagnie aérienne Sierra West Airlines.
Ignoré par les institutions du Kosovo mais salué par les média des pays où il atterrit, il est déterminé à aller jusqu’au bout de sa mission. À ce jour, il a visité, à lui tout seul, plus de pays que le ministre des Affaires étrangères du Kosovo, Skender Hyseni, et Behxhet Pacolli, homme d’affaires et dirigeant de l’opposition, réunis.
Le quotidien The Diarion, qui parait au Nord du Mexique et au Texas, titrait à son sujet, en première page, « l’ambassadeur officieux du Kosovo ».
Le slogan de sa mission est clairement visible sur son avion. Le drapeau du Kosovo est peint des deux côtés de la queue de son appareil. Sur l’aile gauche de l’avion, il a écrit en anglais : « Please Recognize the independence of Kosovo » (« S’il vous plait, reconnaissez l’indépendance du Kosovo »), et sur l’aide droite figure la même inscription, en espagnol. De cette manière Berisha espère convaincre les pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud de reconnaître l’indépendance du Kosovo.
Sa mission en Amérique Centrale
Il est parti le 25 mai de El Paso et a déjà atterri six fois au Mexique. En dépit de la mauvaise météo qui régnait alors la région, il a poursuivi son vol au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua et au Salvador, où il a pu rencontrer Behxhet Pacolli, qui s’est lui aussi assigné pour mission d’aider le Kosovo dans sa recherche de reconnaissances internationales.
Le 7 juin dernier, James Berisha a entamé un nouveau tour d’Amérique centrale et des Caraïbes, en passant notamment par le Costa Rica, la Barbade ou la Jamaïque, avant de revenir aux États-Unis..
James Berisha avait fait un voyage semblable il y a quelques années, 70 heures de vol avec un petit avion, un long voyage qui l’avait conduit à travers de nombreux pays, depuis l’Alaska jusqu’à Skopje, en Macédoine.
Un blog, créé spécialement pour sa mission, permet de suivre son voyage d’un aéroport à l’autre. Un peu avant son départ, il a écrit sur cette page « Je remercie tous les pays qui nous ont reconnu jusqu’à présent et je voudrais montrer aux autres combien il est important pour le Kosovo d’être reconnu par le monde entier » [1].
« Ce que je fais me rend heureux car je le fais pour mon pays, pour mon peuple et pour moi-même. J’ai commencé avec une idée et, à présent, j’ai une mission. En tant que Kosovar, Américain et citoyen du monde, je promets de ne pas me décourager. » (…)
Déçu par les institutions du Kosovo
Contacté par Koha Ditore « L’ambassadeur volant du Kosovo » s’est dit déçu par les institutions du Kosovo qui, selon lui, « dorment » et ne font pas assez pour que leur État soit reconnu dans le monde.
Il explique que sa mission lui coûte beaucoup, mais qu’il est déterminé à aller jusqu’au bout, même si, jusqu’à présent, il n’a eu aucun soutien des institutions du Kosovo. James Berisha ne leur demande rien, mais reconnaît qu’il aurait aimé, au moins, recevoir un soutien moral.
Il critique notamment les institutions pour avoir donné 7,5 millions d’euro au cabinet de relations publiques Saatchi et Saatchi pour donner une belle image du Kosovo. « Cet argent a été dépensé de façon idiote, il existe des méthodes très diverses pour changer l’image d’un pays devant l’opinion publique, mais pas en diffusant une photo pendant 15 secondes à la télévision » s’emporte-t-il.
Le ministère des Affaires étrangères du Kosovo est au courant de la mission de James Berisha. La ministre-adjointe des Affaires étrangères, Vlora Çitaku, affirme suivre avec grand intérêt et avec grande sympathie son voyage dans différents pays, estimant que sa contribution est extraordinaire. Elle promet que le ministère va remercier James Berisha pour cette contribution avec une médaille pour ses mérites exceptionnels dans le lobbying en faveur de la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo.
Cependant celui-ci insiste sur le fait qu’il n’a pas commencé cette mission pour la célébrité ou pour des honneurs. « J’ai commencé tout seul, j’irai jusqu’au bout, ils me jugeront comme ils veulent ». « Je suis déçu. Ils ne m’encouragent même pas. Le Président, le Premier ministre ou les responsables de leurs cabinets pourrait au moins m’appeler ou m’envoyer un courriel », s’indigne James Berisha. Il est aussi déçu par les médias du Kosovo qui n’ont même pas parlé de sa mission jusqu’à présent. Pourtant, à chaque endroit où il a atterri, il a été reçu par les télévisions, les radios et les rédactions des journaux. On peut d’ailleurs lire sur sa page internet les articles des différents journaux internationaux qui ont parlé de lui et de sa mission, ce qui montre la grande attention portée par ces médias.
Chacun doit apporter sa contribution
Pour James Berisha, la compétition à laquelle on assiste au Kosovo pour savoir qui oeuvre le plus pour la reconnaissance du pays est nuisible. Il pense en particulier à la course entre Behxhet Pacolli et le ministre des Affaires étrangères Skender Hyseni. « Ce n’est pas bien. Le but final de chaque citoyen est d’agir dans la même direction et non pas de travailler pour sa propre réputation », souligne-t-il. Pour lui, il ne revient pas seulement au ministère des Affaires étrangères et aux ambassades de faire du lobbying, il faut de surcroît que chaque citoyen apporte sa contribution où que ce soit, afin que le cas du Kosovo et la question de sa reconnaissance soit posée dans le plus d’États possible.
Au cours de son voyage, Berisha a été accueilli chaleureusement. Souvent, des gens, des intellectuels ou des responsables institutionnels, lui ont ouvert la porte de leur maison ou lui ont offert une nuit à l’hôtel. Avec le message inscrit sur son avion, il a informé ses hôtes et toutes les personnes rencontrées lors des escales de la situation du Kosovo, leur a parlé de l’histoire de son pays et leur a demandé leur contribution pour convaincre leurs États respectifs de reconnaître l’indépendance du Kosovo. (…)