DANAS
Kofi Annan dans les Balkans : la démocratie
ne s'invente pas en une nuit
TRADUIT PAR JEAN-ARNAULT DÉRENS
Publié dans la presse : 20 novembre 2002
Mise en ligne : mercredi 20 novembre 2002
Sur la Toile
http://www.danas.co.yu/
Le Secrétaire général des Nations Unies a terminé sa tournée balkanique par une visite à Belgrade, où il a rencontré les plus hauts représentants de la Yougoslavie, de la Serbie et du Monténégro.
À la suite de ses entretiens avec le Président yougoslave Vojislav Kostunica, Kofi Annan a salué les réformes démocratiques en Yougoslavie, en rappelant qu'il restait encore beaucoup de travail à faire. Le Président Kostunica a émis le souhait que la visite de Kofi Annan marque le signe de la réintégration de la Yougoslavie dans la communauté internationale, révélant que les entretiens avaient essentiellement porté "sur la consolidation des bases de la démocratie, c'est-à-dire la reconstruction des institutions, car sans institutions démocratiques, il ne peut y avoir d'Etat de droit, ni de développement économique durable".
Vojislav Kostunica a ajouté que la coopération régionale avait également été évoquée. Elle se développe rapidement, car "l'accord de libre-échange a une importance particulière, comme de nombreux autres accords, qui permettent la normalisation entre les pays de la région, et tout particulièrement entre la Yougoslavie, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine".
Le Kosovo au coeur des entretiens
Pour preuve de cela, le Président a rappelé que, dans la période récente, un grand nombre de réfugiés avaient pu rentrer chez eux : 43% des réfugiés en Bosnie, 17% en Croatie, mais seulement 0,056% au Kosovo. "Nous nous entièrement retrouvés d'accord sur la nécessité du retour des réfugiés et du respect de la résolution 1244. Sans le respect de cette dernière, sans respect des droits de l'homme, sans décentralisation et reconstruction des institutions, il n'y a pas lieu de parler du statut final du Kosovo", a déclaré le Président Kostunica. "À propos de la coopération avec La Haye, nous avons expliqué le caractère difficile de la situation, mais aussi la volonté du gouvernement de Belgrade de coopérer avec le Tribunal", a-t-il conclu.
"Je peux dire que de grands progrès ont été faits pour ce qui de l'Etat de droit, de la démocratie et du respect des droits de l'homme, et je suis assuré que si ce rythme se maintient, la Yougoslavie apportera beaucoup à la stabilité de la région", a déclaré le Secrétaire général. Il a exprimé sa grande satisfaction devant les progrès de la coopération entre la Yougoslavie et l'Union européenne, souhaitant que le pays puisse bientôt s'intégrer à la famille européenne.
"Personne ne naît démocrate, et la démocratie ne se construit pas en une nuit. Nous savons tous que sont nécessaires beaucoup de temps et d'efforts", a déclaré Kofi Annan.
Le Secrétaire général a rappelé que la Yougoslavie avait été un partenaire important des opérations de paix des Nations Unies, et il appelé les autorités à engager de nouveau les policiers et les militaires yougoslaves dans de telles opérations. Kofi Annan a estimé que la mission de l'ONU au Kosovo avait fait de grands progrès et que la MINUK travaillait en vue d'un Kosovo multiethnique, dans lequel seraient respectés les droits des minorités. "Le Président Kostunica a raison quand il rappelle que très peu de gens sont revenus au Kosovo, mais il faut tenir compte du facteur temps, car ceux qui avaient dû quitter la Bosnie ou la Croatie ont eu plus de temps pour revenir", a commenté Kofi Annan.
Le Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic a déclaré, après sa rencontre avec Kofi Annan, à laquelle a assisté le chef de la MINUK Michael Steiner, que Belgrade et Pristina devaient établir au plus vite des relations politiques directes, qui permettront de résoudre tous les problèmes litigieux. "J'ai expliqué au Secrétaire général qu'après l'adoption de la Charte constitutionnelle (entre la Serbie et le Monténégro, NdT), qui devrait intervenir au plus tard d'ici deux semaines, nous travaillerons à une nouvelle Constitution pour la Serbie, ce qui rend obligatoire la résolution du statut du Kosovo (...)", a déclaré le Premier ministre. Zoran Djindjic a ajouté qu'il n'avait pas été question de l'affaire Orao et des ventes d'armes à l'Irak.
Le Secrétaire général a également rencontré Nebojsa Covic, vice-Premier ministre et président du Comité de coordination pour le Kosovo et Metohija. "Nous avons évoqué les résultats obtenus au Kosovo et Metohija, en reconnaissant que cela n'était pas encore suffisant", a expliqué Nebojsa Covic. Il a déclaré avoir remis à Kofi Annan un projet de décentralisation du Kosovo et Metohija, ajoutant que le Secrétaire général lui avait confirmé qu'il n'y aurait pas de "solutions imposées, et qu'il ne pouvait y avoir de discussions sur le statut final tant que les standards de base n'étaient pas respectés". Nebojsa Covic a déclaré à Kofi Anan que le Kosovo était encore "bien loin de la multiethnicité", et qu'il fallait résoudre les questions de sécurité, de liberté de circulation, de même que la question des Serbes disparus.
Milo Djukanovic optimiste
Le Président du Monténégro Milo Djukanovic a discuté avec le Secrétaire général des relations au sein de la future Union de Serbie et du Monténégro. "J'ai apporté au Secrétaire général une note optimiste en lui disant que nous étions proches d'un accord, et qu'il serait bientôt possible de constituer le nouvel État. Pour ce qui concerne la presqu'île de Prevlaka, nous avons reconnu que le climat des relations s'était amélioré entre Zagreb, Belgrade et Podgorica, et nous croyons que l'on pourra mettre en oeuvre la résolution des Nations Unies, qui qui prévoit la fin de la mission de l'ONU à Prevlaka pour le début du mois de décembre".
Pour ce qui est du Kosovo, Milo Djukanovic a rappelé que le Monténégro soutenait une mise en oeuvre complète de la résolution 1244 des Nations Unies.