Monsieur le Président,

En tant que Vice-Président du groupe d'amitié France-Albanie de l'Assemblée nationale, je ne puis rester insensible au drame qui se noue en ce moment au Kosovo. Vous savez, par ailleurs, les liens qui m'unissent au Souverain, le roi Leka I d'Albanie.

Depuis quatre mois, les Albanais du Kosovo se sont lancés sur les chemins de l'exode. A pied ou juchés sur des charrettes attelées à des tracteurs ou tirées par des chevaux, quatorze mille habitants de cette province du sud de la Serbie se précipitent sur les routes en files interminables vers l'Albanie.

Comme vous le savez, leur fuite a été provoquée, le 5 mars, par l'attaque des soldats serbes contre plusieurs villages de la région de Drenica, à quelques kilomètres du chef-lieu de la province du Kosovo. Des unités blindés de la police spéciale ont déclenché des tirs d'artillerie. Durant plusieurs jours, elles ont pilonné les villages et lancé des raids contre eux. Les violences ont fait près de quatre-vingts morts en une semaine.

Cette offensive acharnée contre la population albanaise prend une ampleur dramatique et alarmante. Depuis le début du conflit, plusieurs centaines de civils dont des femmes, des vieillards et des enfants ont été massacrés ; des populations déplacées ; des villages entiers ont été détruits.

Il est vrai que, depuis plusieurs mois, la violence menaçait d'embraser le Kosovo, territoire où se font face deux nationalismes intransigeants. Je mesure les efforts de diplomatie accomplis par le "groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie" qui s'est prononcé dès le 29 mars pour des sanctions contre la Serbie. Le 31 mars, l'Onu a imposé un embargo sur les armes. Enfin, le 8 juin, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont décidé le gel des investissements des Quinze en Serbie et celui des avoirs serbes dans leurs pays respectifs.

Toutefois, sur le terrain, les forces serbes poursuivent leurs opérations de nettoyage ethnique avec une intensité toujours croissante. Tout porte à croire qu'une solution durable ne verra le jour sans l'intervention de la Communauté Internationale.

C'est pourquoi je demande instamment que des mesures contraignantes soient mises en application afin de faire cesser l'offensive serbe au Kosovo et d'imposer le retrait immédiat des forces armées serbes stationnées dans cette province. Tout doit être mis en œuvre pour éviter un nouvel embrasement au cœur des Balkans et pour au contraire instaurer une paix durable et une stabilité dans cette région d'Europe.

Vous remerciant de l'intérêt bienveillant que vous porterez à cette requête, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma respectueuse considération.

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