dimanche 25 avril 1999, Washington

Intervention de Jacques Chirac prononcée à l'occasion du sommet de l'Otan

"Le sommet de Washington, qui devait à l'origine célébrer le 50e anniversaire de l'Alliance atlantique, a été en réalité le sommet de l'unité de 19 pays de l'Alliance réunis dans un même combat pour la démocratie et pour les droits de l'homme.

Les Etats de l'Alliance ont été unanimes à condamner le comportement abominable des dirigeants de Belgrade qui poursuivent sauvagement leur politique d'épuration raciste, leurs massacres, leurs violences.

Milosevic n'a pas changé. Son entêtement meurtrier demeure entier et le nombre de ses victimes ne cesse d'augmenter. Devant cette situation, nos démocraties ont, d'une même voix, décidé de confirmer leur stratégie de frappes aériennes, comme la France l'avait souhaité, de les amplifier et de diversifier les objectifs afin de paralyser le plus vite possible l'appareil de répression serbe.

De même, les mesures d'embargo sur les armes et le pétrole nécessaire aux forces serbes ont été décidées par l'Union européenne puis par l'Alliance. La France a souligné l'importance du respect du droit international dans la conduite de cette action.

Nous avons aussi décidé de renforcer les moyens mis en oeuvre par l'Alliance pour faire face à la tragédie qui frappe des centaines de milliers de réfugiés, des enfants, des femmes, des hommes brutalement chassés de chez eux, séparés, ayant tout perdu. Cette tragédie a bouleversé l'ensemble de nos peuples, l'élan de générosité s'amplifie, les associations humanitaires sont de plus en plus présentes et s'organisent.

La France demande que l'appui de nos armées respecte l'indépendance de ces associations, qui souhaitent cette aide mais veulent conserver cette indépendance qui leur est nécessaire.

Nous avons aussi affirmé notre volonté de secourir ceux qui sont restés au Kosovo, dans une situation de plus en plus dramatique. Malgré les difficultés techniques qui sont réelles, la France a demandé que tout soit mis en oeuvre pour leur venir en aide, notamment par des parachutages de vivres et de médicaments.

Mais la crise a aussi de graves effets sur l'ensemble de la région, et notamment sur l'Albanie et la Macédoine. La France avait demandé qu'un sommet réunisse les Alliés et les sept pays voisins de la Serbie pour examiner avec eux l'aide que l'OTAN doit leur apporter pour assurer leur sécurité. Ce sommet vient d'avoir lieu. L'Alliance se tient aux côtés de ces Etats, nous sommes décidés à préserver leur stabilité.

La situation du Monténégro a été particulièrement examinée, et la Serbie doit savoir qu'elle subirait toutes les conséquences d'un coup de force dans cette petite République.

Mais au-delà de l'indispensable renforcement de nos actions militaires, au-delà de la solidarité que nous devons à ceux qui souffrent, il y a la nécessaire recherche d'une solution politique. Les efforts des Alliés doivent se conjuguer avec ceux de l'ONU et aussi avec ceux de la Russie qui, vous le savez, tente de convaincre Belgrade de revenir à la raison.

Enfin, la France a réaffirmé la vocation et la volonté de l'Europe à jouer un rôle déterminant dans la mise en oeuvre, le moment venu, d'une solution durable.

A Washington, j'ai pu mesurer combien la voix de la France, deuxième puissance par les moyens militaires engagés, était renforcée par l'unité évidente du peuple français, cette unité dont il fait preuve depuis le début du conflit.

La détermination et la mobilisation de la France pour la défense des droits de l'homme, pour la défense des libertés donnent à notre pays une place éminente en Europe et dans le monde. Cette unité du peuple français impressionne, et je tiens ce soir à la saluer''.

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