Paris, le 20 mai 1999

 

Intervention de M. Lionel Jospin,

Premier ministre lors des Questions d'actualité au Sénat

 

Réponse à une question de madame D. Bidard-Reydet, (groupe communiste républicain et citoyen) , au sujet du conflit du Kosovo.

 

- "Monsieur le président,

Mesdames et Messieurs les sénateurs,

Madame le sénateur,

Je peux vous confirmer effectivement que le champ diplomatique reste très actif et que des progrès réels vers un règlement politique de la crise au Kosovo se confirment.

J'en veux pour preuve la réunion des directeurs politiques du G8, à Bonn hier, et le nouveau projet prévu pour demain qui va poursuivre l'élaboration d'un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la base des sept principes agréés le 6 mai par les ministres des Affaires étrangères du G8, c'est-à-dire des sept pays occidentaux plus la Russie : arrêt de la répression, retrait des forces serbes, déploiement de présences internationales civiles et militaires, retour des réfugiés, négociations pour un règlement politique dans le cadre de Rambouillet, administration intérimaire au Kosovo, stabilisation régionale.

A cela s'ajoute la poursuite de l'excellente coopération entre les Alliés et la Russie dans la recherche d'une solution politique. Et j'espère que le nouveau Premier ministre russe, M. Stepachine, investi hier par la Douma, ira de l'avant sur cette question.

S'ajoutent à cela les rencontres entre le président finlandais, Ahtisaari, désigné lundi 17 mai pour travailler au nom de l'Union européenne aux côtés de l'émissaire russe V. Tchernomyrdine et du secrétaire d'Etat adjoint américain, M. Talbott.

Le communiqué publié hier soir à l'issue de la rencontre entre M. Milosevic et M. Tchernomyrdine est un signe intéressant en ce qu'il soutient, je le cite, "une solution politique dans le cadre de l'Union en partant des principes du G8".

Reste que les signaux positifs émis par Belgrade depuis quelques jours doivent encore se concrétiser en actes tangibles et vérifiables. C'est pourquoi nous devons être prudents dans notre appréciation de la situation.

Enfin, vous le savez, les ministres des Affaires étrangères des Quinze et notamment notre ministre, travaillent à la définition d'un pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est qui veut répondre pour l'avenir, aux attentes légitimes des peuples de cette région des Balkans.

Dans le même temps, les opérations militaires se poursuivent avec des résultats significatifs. Depuis une dizaine de jours, les intensifications des frappes sur le Kosovo se sont matérialisées en vue d'atteindre trois objectifs : l'encagement du Monténégro en évitant les frappes sur ce territoire de la République serbe - vous savez pourquoi -, l'enclavement du Kosovo et la réduction des forces serbes ainsi isolées sur le territoire kosovars.

Les résultats des frappes progressent, lentement mais significativement.

En outre, les forces serbes au Kosovo sont de plus en plus touchées et des informations recueillies sur le moral des troupes et les réactions de leurs familles en Serbie l'attestent.

Il y a sans doute un rapport entre cette évolution militaire, et aussi politique et psychologique, et le ton nouveau de M. Milosevic.

En conclusion, une dynamique diplomatique est enclenchée, qui permet d'espérer que se dessine progressivement un processus vers un règlement politique de la crise au Kosovo. La France y prend toute sa part. Ce règlement passera par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies ; il reposera sur les principes définis par le G8 - principes entérinés par l'Onu, par l'Union européenne et par l'Alliance atlantique -, et il devra naturellement permettre leur application effectivement, sinon nous n'aurions pas avancé dans la solution du drame humain du Kosovo.

Ce règlement devra régler la question de l'enchaînement des événements permettant de concrétiser à l'Onu mais autant sur le terrain, l'accord auquel sera parvenu la communauté internationale. C'est une question très complexe, au coeur des discussions actuelles et dont la réponse dépendra du contenu précis de l'ensemble des mesures qui auront été arrêtées pour un règlement de la crise.

Reste que la dynamique amorcée ne pourra être confirmée que dans la mesure où les autorités serbes engageront concrètement les mesures que la communauté internationale attend d'elle. L'aurait-elle fait au moment où la diplomatie française exerçait son action, que nous aurions pu éviter ce drame dans lequel nous sommes encore plongés et pour lequel nous voulons bien sûr une issue politique et diplomatique."

 RETOUR AU DOCUMENT PRINCIPAL