Paris, 14 avril 1999

POINT DE PRESSE CONJOINT DU MINISTERE DE LA DEFENSE
ET DU MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES - EXTRAIT

François Rivasseau : '' Aujourd'hui nous faisons un point de presse un peu particulier, en commun avec le Ministère de la Défense. Il portera sur les questions humanitaires au Kosovo.

Un point sur la situation des réfugiés: le nombre global de réfugiés selon des statistiques HCR qui datent du 13 avril serait de 640 000 environ au total dont prés de 100 000 hors des zones voisines du Kosovo. En Macédoine, le nombre de réfugiés s'élève à 116 500 selon les recensements HCR au 12 avril. En Albanie ils seraient 314 300. La frontière Albanie-Kosovo a été rouverte le 09 avril pour laisser passer quelques milliers de personnes. 4 800 sont arrivés le 12 avril, et il y aurait plusieurs milliers de personnes qui attendraient de passer la frontière nord de l'Albanie. En Bosnie-Herzegovine, le nombre de réfugiés est inchangé, 27 500 et au Monténégro selon nos sources il y aurait 65 500 personnes déplacées avec un certain nombre de nouvelles arrivées en provenance de la zone d'Istok.

En Serbie hors Kosovo, il y aurait 50 000 personnes déplacées. S'agissant des personnes déplacées au Kosovo même, M. Védrine a indiqué ce matin que l'estimation la plus fiable lui paraissait être autour de 200 000 personnes.

Le HCR et le CICR examinent la possibilité de reprendre leurs activités au Kosovo, ce qui ne pourrait se faire que sous certaines conditions, notamment de sécurité.

S'agissant de l'action humanitaire française, nous travaillons à favoriser une bonne organisation de l'aide humanitaire internationale. L'enregistrement des réfugiés par le HCR a commencé le 10 avril en Macédoine., par ailleurs le HCR doit également reprendre le camp de Brazde le 14 avril, avec l'ONG CARE.

S'agissant de l'aide française et européenne, le premier ministre a annoncé mardi à l'Assemblée nationale que la France allait déployer 700 hommes en Albanie dans le cadre de l'opération de l'OTAN, '' Abri allié ''.

330 militaires français comme vous le savez participent à la gestion d'un camp en Macédoine, et 133 personnes de la sécurité civile sont pour le même but en Albanie , dont 45 arrivés par le navire ''Orage'' le 12 avril.

Plusieurs milliers de tonnes d'aide ont été recueillis à partir du numéro vert qui a été mis en place grâce à un partenariat entre la Croix-Rouge, la Poste et le Ministère des Affaires étrangères. Elles vont pouvoir être acheminées progressivement en Albanie à partir de cette semaine. 102 rotations d'avions ont été effectuées entre Istres et Tirana et 96 rotations d'hélicoptères entre Tirana et Kukes par Puma et Cougar.

Le 13 avril, il y a eu un renforcement de trois membres de la sécurité civile pour la gestion du camp de transit de 1 500 personnes sur une base d'une coopération franco-allemande à Fajza, à côté de Krume, dans la région de Kukes. Nous poursuivons aussi l'aménagement entamé le 12 avril d'un nouveau camp à Puvel, à environ 25 km au sud de Fier d'une capacité de 3 000 personnes.

Sur financement du fonds d'urgence humanitaire, une équipe de spécialistes radio est arrivée le 13 avril à Kukes pour renforcer une radio locale, Radio Kukes, permettant la mise en contact des familles.

Avec le même objectif, nous avons aussi développé un partenariat avec RFI, pour que RFI qui émet en serbo-croate puisse diffuser en ondes moyennes sur la France des messages radio. Ce partenariat est déjà opérationnel.

Une nouvelles base logistique humanitaire a été mise en place à Marseille depuis hier pour stocker des colis familiaux. L'acheminement commencera par envoi de deux avions sur Tirana et Skopje et se poursuivra dans les jours qui viennent par bateau se rendant sur Durres. La distribution des colis sur place sera effectuée par les ONG et par les autres acteurs ou autorités présentes sur place qui en exprimeront le besoin.

Au 14 avril le volume financier de l'opération peut être estimé à 65 MF.

Jean-François Bureau : Ce dispositif que vous connaissez bien et dont François Rivasseau vous a rappelé les caractéristiques repose depuis le 1er avril sur des rotations quotidiennes entre la France, Tirana et Skopje, à raison d'une dizaine de rotations, ce qui fait environ 90 tonnes par jours réparties à peu près également entre l'Albanie et la Macédoine. Ce fret humanitaire, comme vous l'avez vu, a été acheminé très rapidement par les armées françaises à compter du 1er avril. Je crois qu'il faut souligner l'effort qui a été fait pour, qu'à partir des bases de déchargement que sont les deux aéroports, l'acheminement auprès des populations réfugiées soit assuré. Il est évident que notre préoccupation est de faire en sorte que ce fret humanitaire et cette aide arrivent là où ils sont utiles, c'est-à-dire auprès des réfugiés, d'où l'importance de la noria d'hélicoptères que nous avons mise en place, notamment en direction du nord de l'Albanie à partir de Tirana, sur Kukes, à raison de rotations d'hélicoptères : six hélicoptères sont désormais à pied d'oeuvre pour assurer ces rotations, ce qui fait environ 20 tonnes par jour. Je crois que c'est un effort qui est important et qui se poursuivra aussi longtemps qu'il sera nécessaire, dès lors que le dispositif général restera le même.

Par ailleurs, et c'est le point qu'il me paraît important de souligner aujourd'hui, nous sommes en train, avec nos partenaires de l'Alliance, d'organiser la force '' Abri allié ''. Nous sommes dans une phase de montée en puissance de cette force. Les personnels militaires qui sont déjà sur zone contribueront évidemment à la mise en oeuvre de cette force et participeront au contingent français dont le Premier ministre a annoncé hier qu'il serait de l'ordre de 700 personnels.

Nous avons actuellement environ 250 personnels qui vont nourrir et constituer cette force. Dans ce dispositif, et je crois que c'est le point qui mérite d'être retenu, nous aurons bien entendu notre place et nous assumerons toutes nos responsabilités. Il n'est pas encore possible de les décrire de façon très détaillée, car, avec nos partenaires de l'Alliance, nous sommes encore en train de travailler sur l'organisation de la force, son déploiement et son organisation. Nous aurons sûrement des missions de sécurisation, car c'est un point important, nous aurons également des missions logistiques qui continueront et qui auront notamment pour objectif de faciliter l'acheminement de l'aide. Nous aurons probablement des missions sanitaires, avec une capacité du Service de santé des armées. Dans cette perspective, les personnels que vous avez vu débarquer depuis quelques jours, notamment avec leurs moyens - ils étaient sur le transport de chalands de débarquement nommé Orage -- sont arrivés à Durres le 12 avec leurs véhicules. Ce sont des éléments qui participeront à cette force '' Abri allié ''. Des hélicoptères y participeront également et nous aurons à la fois une participation à Tirana et d'autre part sur zone. Ce sont les modalités de ces participations sur zones, -probablement, mais ce n'est pas encore définitivement arrêté, au nord de l'Albanie --, qui restent à fixer avec les partenaires. Je veux également souligner ici en particulier l'importance et l'intérêt que nous accordons à l'offre que les autorités émiraties, et notamment le chef de l'état-major des armées des Emirats Arabes Unis, Cheikh Mohammed Bin Zayed, ont proposée et à leur participation à cet effort humanitaire. Cela a donné lieu à plusieurs échanges de correspondances entre le Chef d'Etat major des armées français et son homologue émirati. Il y a notamment la perspective d'un déploiement d'un hôpital de campagne et de moyens hélicoptères. Il se trouve que les Emiratis ont des hélicoptères compatibles avec les nôtres, cela devrait renforcer la capacité d'action de l'ensemble du dispositif sur zones pour favoriser l'acheminement de l'aide auprès des populations réfugiées.

Nous sommes donc dans une phase de transition. Le dispositif jusqu'à présent était largement sous le contrôle des autorités nationales, et il le demeure aujourd'hui. S'agissant de l'aide humanitaire, les actions des autorités militaires françaises et des personnels français étaient conduites sous l'autorité du chef d'état-major des armées dans le cadre de la mise en oeuvre de la force '' Abri allié '', nous allons évidemment évoluer de ce point de vue. C'est une phase de transition qui est en train de s'organiser et qui je crois devrait déboucher sur un dispositif plus complet, d'ici probablement la fin de la semaine ou le tout début de la semaine prochaine.

(Pouvez-vous nous redonner les chiffres concernant les tonnages ? Vous avez parlé de 680 tonnes...)

FR : 682 tonnes. Ce chiffre date d'avant-hier. Nous sommes aujourd'hui à près de 800 tonnes de fret. Du 1er avril au 13 avril au soir, nous en sommes à 800 tonnes environ.

(Je voudrais revenir sur les chiffres des déplacés. M. Védrine a parlé ce matin de 200.000, Madeleine Albright, la veille, a parlé de 700.000 privés d'eau et de nourriture, à l'OTAN on est entre 300.000 et 400.000. Les chiffres sont-ils harmonisés ou bien chacun va- t- il son chemin ? Avez-vous localisé les zones où ces réfugiés sont réunis ? Quels sont les moyens logistiques que vous allez mettre en oeuvre pour acheminer l'aide ? On parle de l'hypothèse de largage, mais j'ai cru comprendre que les C-130 sont des appareils qui volent très bas et très lentement et la défense antiaérienne serbe est encore très active. Enfin, quelles sont les ONG qui sont encore présentes au Kosovo ?)

FR : Sur les chiffres tout d'abord, je vous rappelle que M. Védrine a dit : ''Il faut faire attention aux chiffres''. Dans certains cas, on prend le chiffre de l'ensemble des habitants du Kosovo, quelles que soient leurs origines. Dans d'autres cas, l'on considère toutes les personnes déplacées, ce qui d'ailleurs peut remonter avent les frappes. Le chiffre le plus fiable, au moins un minimum, c'est 200 000, personnes regroupées en trois zones, l'une de ces trois régions serait celle de Pec. Encore une fois, notre évaluation est une évaluation qui regroupe toutes les sources d'information que nous avons les uns et les autres. Avant de parler de divergences, il faut bien vérifier que nous parlons de la même chose. Comme vous l'avez rappelé, Mme Albright a cité toutes les personnes qui ont faim ou qui ont été déplacées, les personnes '' en danger ''. Il faut donc voir si nous parlons de stock, de flux, de nombre total de personnes déplacées, de personnes déplacées depuis l'été dernier, ou si nous parlons des personnes en mouvement aujourd'hui à l'instant où je vous parle. Les divergences que vous croyez relever tiennent au fait que nous ne parlons pas exactement de la même chose.

A propos des ONG, il y a quelques membres individuels d'ONG dont nous savons qu'ils sont présents au Kosovo, dans un cadre ou dans un autre, qu'ils soient entrés en traversant la frontière, ou qu'ils aient réussi à rester. Je ne voudrais pas entrer dans les détails, pour ne pas rendre leur tâche, le cas échéant, plus difficile, mais il y a bien quelques personnes sur place. Ceci dit, il est bien clair que nous n'avons pas aujourd'hui une structure ONG capable de prendre en charge, à l'intérieur du Kosovo, la distribution de l'aide.

JFB : Sur les problèmes de largage, c'est un sujet qui a été étudié de façon très approfondie. Vous avez vu que le général Clarcke a fait part hier au cours de sa conférence de presse de ses réserves sur ce mode d'accès aux réfugiés au Kosovo même. Il a fait valoir que les largages seraient de toutes les manières très difficiles. Nous avons un diagnostic qui est assez proche, c'est-à-dire qu'il y a deux difficultés majeures qui sont évidentes : d'une part il s'agit que l'aide aboutisse bien aux réfugiés. Donc les largages doivent être faits avec précision. Si l'on veut que cet objectif soit atteint, il faut que les avions volent bas et à faible vitesse. Il est hors de question de faire des largages d'une grande hauteur qui seraient totalement aléatoires dans leur destination. Dès lors que l'on prévoit des largages à basse altitude ou par des avions volant à vitesse très ralentie, on a évidemment des vulnérabilités extrêmement importantes, avec un nouveau problème qui crée un contexte très défavorable. Aujourd'hui notre sentiment est que ce mode d'accès aux réfugiés, cette technique, n'est pas nécessairement la plus opérationnelle. Cela ne signifie pas que nous en ayons d'autres qui soient plus simples, sauf d'apporter une réponse de fond à la crise actuelle. Il y a aujourd'hui une vraie hésitation de notre part à considérer que

cette formule soit même un pis-aller imaginable à très court terme.

(Il y a un article dans Le Parisien ce matin qui dit qu'il y a peu ou pas de coopération entre les Français et les Américains à Tirana pour les opérations d'héliportage et d'une manière générale. Est-il prévu qu'il y aura coordination ? On nous dit que les opérations militaires, encore plus qu'humanitaires, se passent très bien. Le Ministre de la Défense l'a dit encore largement hier à midi et le Premier Ministre encore plus à l'Assemblée nationale. Le Ministre de la Défense a rajouté, mais le Premier Ministre ne l'a pas dit, que les appareils ne peuvent pas voler en mission opérationnelle à moins de 5 000 mètres, que les forces vives serbes n'ont pas été touchées au Kosovo. Nous avons une situation avec 45 000 ou 50 000 Serbes en armes au Kosovo, avec 300 chars, qui ne sont pas touchés. Que se passe-t-il et pourquoi n'y a-t-il pas de progrès ? Comment peut-on toucher ces forces vives avec des appareils qui volent à des altitudes où ils ne peuvent utiliser que des moyens comme le guidage laser sans pouvoir faire de l'appui-sol ?)

JFB : Jusqu'à présent, l'organisation de l'acheminement du fret humanitaire, notamment venant d'Istres et déchargé à Tirana, était assuré par les militaires français, sous la responsabilité de l'Attaché de Défense, donc sous responsabilité française et sous la responsabilité du chef d'état-major des armées. La mise en place de l'état-major d''' Abri allié '', et de la force ensuite, va permettre de coordonner, au niveau des différents partenaires et des différents contingents de la force, l'ensemble des actions d'acheminement du fret humanitaire. Il est vrai, et sans que cela ne soit le reflet de la moindre tension ou crise, que les actions qui ont été menées jusqu'à présent en la matière ont été des actions décidées sur une base nationale. Je suis sûr que les autorités françaises et les décisions qu'elles ont prises ont conduit à faire en sorte que les militaires français soient en situation d'agir, je ne sais pas s'ils étaient les premiers, mais en tout cas ils étaient parmi les premiers, et massivement avec les moyens d'héliportage qui ont été mis en oeuvre. Cela a été fait sur une base nationale, donc sans forcément qu'il y ait eu une coordination organisée et systématique avec nos autres partenaires, à partir de Tirana, parce que les circonstances jusqu'à présent ne l'avaient pas encore exigé. La mise en place de la force ''Abri allié'' va y conduire.

Deuxième aspect : que se passe-t-il entre les actions conduites au sein de l'Alliance et les capacités qu'ont les forces serbes au Kosovo de continuer leur pression militaire ? Le hiatus, si hiatus il y a, n'est qu'apparent. Il y a des actions qui visent à détruire les unes après les autres toutes les capacités des forces serbes au Kosovo en matière de blindés, en matière terrestre. Il y a actuellement de l'ordre de 20 000 militaires des unités serbes, plus une quinzaine de milliers d'hommes qui appartiennent aux unités paramilitaires, avec 300 à 400 matériels, toutes catégories confondues. C'est donc un travail assez long, c'est certain. Les renforcements de moyens aériens qui sont en cours visent à pouvoir traiter ces objectifs chaque fois que les circonstances sont favorables. La préoccupation, qui reste une contrainte légitime et forte sur le plan opérationnel, de réduction des dommages aux populations ou aux personnes proches des objectifs ne permet pas toujours de traiter les objectifs ou d'atteindre les blindés, comme on pourrait le souhaiter, sur le plan de l'objectif militaire. Il y a donc une phase qui est encore assez longue et dans laquelle à la fois les forces terrestres serbes au Kosovo restent importantes et restent menaçantes et je pense que si nous avons les mouvements de réfugiés que nous évoquions tout à l'heure, c'est bien parce qu'il y a la poursuite d'actions militaires qui sont menaçantes, ce qui ne veut pas dire qu'elles sont coordonnées de façon centrale.

Je crois que ce qui est acquis aujourd'hui c'est une certaines désorganisation de la capacité de Belgrade à piloter de façon centralisée l'ensemble des mouvements de ses troupes au Kosovo. Mais pour autant ces mouvements continuent et donc il y a un travail relativement long. Les renforcements de moyens aériens qui sont prévus par l'OTAN visent à pouvoir traiter ces objectifs en accroissant, si je puis dire, la réduction de mobilité des forces serbes et en leur imposant un statu quo qui, par définition, nous permettrait de les rendre plus vulnérables.

FR : Peut-être un mot de commentaire complémentaire pour vous rappeler que M. Védrine a répondu à une question similaire ce matin. Il a dit : '' les responsables militaires de l'OTAN reconnaissent que des représentations un peu trop rapides ont été faites sur la durée ''. Cela ne change rien à l'objectif. Cela ne change rien à la nécessité d'en passer par là. Cela ne change rien au fait que, méthodiquement, jour après jour, nous poursuivons nos efforts visant à casser les capacités répressives serbes''. C'est cette notion je crois qui était nouvelle ce matin dans le langage et qui est à retenir. S'il y avait un mot à retenir aujourd'hui, cela serait ce mot-là : méthode, approche méthodique.

(Deux questions : une précision sur vos chiffres de réfugiés, de personnes déplacées. Il s'agit uniquement de Kosovars ou d'autres personnes ? Les 50 000 parties vers la Serbie,de quoi s'agit-il ? Et la deuxième question : qu'entendez-vous par mission de sécurisation de la force française ?)

FR : Sur la première question, ce sont des personnes déplacées. Je n'ai pas d'autres indications sur le fait de savoir à quelle communauté d'origine elles pourraient appartenir. Je parle uniquement des personnes déplacées, dans leur ensemble, présentes en Serbie.

(Kosovars et Serbes ?)

FR : La distinction entre Kosovars et Serbes est une distinction qui n'aide pas à clarifier les choses car elle appellerait des commentaires plus précis. Serbes de Serbie ? Il y aussi des Serbes au Kosovo. Si l'on a des personnes déplacées kosovares en Serbie, on a aussi des Kosovars en Serbie. Donc je préfère parler de personnes déplacées, point final.

JFB : Pour la deuxième question concernant la sécurisation, elle consisterait à assurer que les populations réfugiées fixées dans les différentes implantations de camps ne constituent pas pour les autorités serbes des otages évidents. Il s'agit donc d'assurer pour ces réfugiés puissent recevoir l'aide normalement sans difficulté qu'elles soient à l'abri lorsque les camps ne sont pas très loin des frontières. Cela ne signifie pas que l'on va organiser les camps de réfugiés avec la force '' Abri allié '' avec des moyens qui en feraient des forteresses. Vous avez pu voir les équipements et les matériels qui ont accompagné le 1er régiment de Hussards parachutistes de Tarbes qui est arrivé à Durres avant-hier : Il est équipé de véhicules de l'avant blindés qui sont des véhicules de transport de troupes. La force '' Abri allié '' aura pour mission d'assurer la protection des personnes, mais n'aura pas pour mission de constituer une force capable d'accomplir une autre mission que la protection des réfugiés sur place.

(Protection des personnes et des convois également ?)

JFB : Entre Tirana et les camps, cela sera effectivement le cas, si des menaces existent à l'encontre des convois.

(Vous parliez tout à l'heure de demandes de renforts de la part de l'OTAN, jusqu'où peut aller la contribution aérienne française ? Vous avez parlé des renforts émiratis sur un plan humanitaire, et vous avez dit que la composante héliportée était compatible avec la nôtre, qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Est-ce qu'il s'agit de Pumas ou de Cougars ?)

Avez-vous déjà envoyé, ou comptez-vous envoyer des experts des affaires civilo-militaires ?)

JFB : A l'Etat-major des armées, il y a presque huit jours, jeudi dernier, le ministre avait annoncé que des moyens, notamment en Mirage 2000, étaient affectés à la force. Je n'ai pas connaissance aujourd'hui de moyens nouveaux. Le Premier ministre a rappelé hier le détail des moyens aériens qui sont engagés dans les opérations.

(Jusqu'où peut-on aller ? Y a-t-il un maximum, en terme d'appareils ?)

JFB : Il y a nécessairement, à un moment ou à un autre, un maximum. Je ne crois pas que nous ayons atteint ce maximum. En ce qui concerne le deuxième aspect, la compatibilité avec les hélicoptères émiratis, ils ont des Pumas, et donc tout cela assure effectivement une forte capacité à travailler ensemble. Ce qui nous paraît extrêmement important, c'est que nous avons un accord et des pratiques de partenariat stratégique avec les armées émiraties et que, à l'occasion de cette crise, nous puissions mettre en oeuvre cette coopération et ce partenariat avec des objectifs communs. Au sujet des affaires civilo-militaires, je n'ai pas connaissance de décisions particulières prises sur ce terrain.

(Les Anglais ont annoncé hier qu'ils envoyaient six pièces de 155 et 14 Challengers, je crois que les Allemands ont envoyé des Léopards, pourquoi est-ce que les Leclercs Français sont encore à Marignane et non pas en route ? Pourquoi nos troupes n'ont pas d'artillerie, alors que les autres en ont ?)

JFB : Je n'ai pas connaissance de décisions. Il n'y a pas de décisions prises.

(La force est toujours à 12 000 ?)

Tout à fait.

(Est-ce qu'il a été décidé que la France s'occuperait de reconnaissance et que les autres s'occuperaient d'appui?)

JFB : Non, la question de la force de maintien de la paix garantissant les accords lorsque les accords existeront reste entière. Nous avons les moyens qui sont ceux qui ont été mis en oeuvre et renforcés en février dans la perspective d'une conclusion positive à Rambouillet ., aujourd'hui nous n'avons pas pris de décision particulière concernant de nouveaux déplacements, même s'il faut noter que nos amis britanniques ont pris des décisions à caractère national de cet ordre.

(Comme cette force est une force interalliés, commandée... )

JFB : C'est l'état-major qui est interallié.

(Est-ce que ce sont des décisions unilatérales des pays contributeurs de renforcer leurs contingents, est-ce qu'on ne se met pas tous d'accord?)

JFB : Ce sont pour l'instant des décisions nationales.

(Donc si la France veut demain envoyer des militaires...)

JFB : Elle pourrait le faire, si elle le décidait, elle pourrait le faire. La constitution, le format, les caractéristiques de cette force sont précisément liés à la solution du conflit et aux garanties qu'il faut apporter à l'accord. Nous considérons aujourd'hui qu'il n'y a pas de raisons de définir ou de faire des hypothèses conduisant à déployer des moyens nouveaux et immédiatement.

(Il y a un jeune français qui s'appelle Frank Bruckner qui a été blessé dans un combat avec l'UCK, il serait soigné à Tirana et on dit qu'il pourrait être rapatrié en France, est-ce que vous avez des détails sur ce Français et est-ce qu'il va être rapatrié ou pas ?)

FR : Je confirme que nous avons effectivement un citoyen français, dont le nom me parait correspondre, qui a été blessé au Kosovo apparemment. Il est en instance d'évacuation sanitaire.

(Est-ce que vous avez un commentaire sur le plan allemand et singulièrement sur la proposition d'un arrêt des opérations pendant 24 heures?)

FR : La présidence allemande présentera ses idées cet après-midi à Bruxelles. Comme vous le savez, une présence militaire internationale au sol est considérée comme l'un des acquis essentiels du processus de Rambouillet et une condition à la coexistence pacifique au Kosovo. Par rapport au processus de Rambouillet, vous savez qu'un certains nombres d'éléments devront être adaptés pour tenir compte des situations nouvelles, notamment concernant l'autorité politique, les missions et la composition de cette force. Notre souci aussi sera tout en recherchant le maximum de légitimité possible que peuvent conférer les Nations unies, de préserver l'efficacité et l'unité de commandement de la France.

(Est-ce qu'il y a des difficultés ? A Rambouillet, qui a participé, et qui coopère avec vous, à part les Emirats Arabes Unis ?)

JFB : Sur la base d'une coopération avec les forces françaises, c'est le seul cas que je connaisse.

(Sur d'autres bases?)

JFB : Pas à ma connaissance.

(Est-ce que vous souscrivez à l'idée allemande d'une interruption des opérations alliées pendant 24 heures?)

FR : Je souhaiterais m'en tenir au précédent commentaire compte tenu de la réunion au sommet qui va se tenir cet après-midi, au cours de laquelle la présidence allemande présentera ses vues. C'est alors que vous pourrez connaître nos réactions

(Est-ce que vous auriez des détails sur l'incursion des forces serbes en Albanie ?)

JFB : Notre information effectivement confirme la réalité de cette incursion et son caractère apparemment limité, il n'y avait pas manifestement derrière cette incursion la volonté de prendre un gage militaire particulier. Ce n'est pas non plus la première fois que cela se produit.

(Et dans le cadre de l'opération '' Abri allié '', si cela se renouvelait et que vous êtes dans la zone qu'est-ce que vous faites, vous tapez dessus?)

FR : Question hypothétique.

(Question à un diplomate, s'agit-il de l'exercice d'un droit de suite?)

FR : Pour nous il s'agit d'un incident de frontière. Sous réserve des informations à vérifier qui ne sont pas complètes, ni très précises, pour autant que nous puissions en juger par les informations dont nous disposons, il s'agirait d'un incident limité, comme l'a dit Jean-François Bureau.

En réponse aux nombreuses demandes de précisions dont nous avons été saisis, je souhaiterais rappeler les principales dispositions pratiques autour desquelles s'articule notre politique d'accueil des réfugiés du Kosovo, dont le Premier Ministre a rappelé hier devant l'Assemblée nationale que ''non seulement ces réfugiés candidats à venir chez nous, ne sont pas dissuadés par des formalités administratives, mais ils bénéficient d'une procédure simplifiée et accélérée, les dispensant de visa''.

1.- Le HCR est responsable et chargé de l'identification des réfugiés.

2.- C'est le HCR qui établit les listes de réfugiés désireux de trouver un pays d'accueil. Je signale qu'à ce jour, la plupart des réfugiés n'ont manifesté qu'un désir, celui de pouvoir regagner au plus tôt en sécurité leur pays.

3.- Sur place, c'est-à-dire en Albanie et en Macédoine, un coordinateur français est en contact avec le HCR. C'est à lui que le HCR remet les listes de réfugiés souhaitant être accueillis en France.

4.- En liaison avec les autorités françaises compétentes (préfectures notamment), le coordinateur français s'assure de la délivrance du titre de séjour et des conditions d'accueil des réfugiés du Kosovo en France.

5.- S'agissant des réfugiés du Kosovo qui ont de la famille en France et qui disposent d'un passeport (encours de validité ou périmé), ceux-ci se voient délivrer un visa par nos consulats de Skopje ou de Tirana.

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