Paris, 26 octobre 1999

REPONSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. HUBERT VEDRINE, A UNE QUESTION D'ACTUALITE A L'ASSEMBLEE NATIONALE

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Monsieur le Député,

La contribution que la France avait décidée souverainement et librement d'apporter à la solution de l'affaire du Kosovo, d'abord diplomatiquement puis militairement a été salué à de nombreuses reprises, de façon non ambiguë, élogieuse par tous nos alliés, qu'il s'agisse de nos alliés européens ou qu'il s'agisse des Etats-Unis.

A propos de la déclaration du général Short que vous citiez, je redirai que l'Alliance atlantique est une alliance de nations souveraines et qu'il n'est pas question au sein de cette alliance d'accepter que l'un des pays, quels que soient les moyens dont il dispose puisse trancher pour les autres. Je rappellerai que la façon dont nous nous sommes comportés dans cette affaire du Kosovo visait à démontrer chaque jour que lorsque nous disions que nous ne faisions pas la guerre au peuple serbe mais à un régime qui s'était rendu odieux à toute l'Europe, cela avait un sens précis qui était d'épargner le plus possible les victimes civiles des opérations que malgré tout et malheureusement il fallait conduire.

C'est ainsi que la France s'est comportée dans la prise de décisions quotidiennes et il n'est pas question de laisser l'alliance atlantique, de laisser l'OTAN évoluer vers ce qu'a l'air de souhaiter ce général que vous citiez.

Quand à l'unilatéralisme de ce que j'appelle personnellement l'hyperpuissance américaine, pour bien montrer que c'est encore autre chose que la superpuissance et que les choses ont changé de dimensions avec les pensées qui en découlent, à travers ce type de déclarations, je dirai simplement que dans le monde actuel, plus on est puissant, plus on doit avoir le sens des responsabilités. Et c'est cela que nous attendons de nos alliés, c'est cela que nous leur rappelons et que nous leur rappellerons.

________________________

Paris, 22 octobre 1999

DECLARATION DU PORTE-PAROLE DU MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES -EXTRAIT-

(Que répondez-vous aux graves accusations formulées contre la France par Michael Short, le chef suprême des opérations alliées au Kosovo qui a déclaré devant la Commission nationale aux Etats-Unis que la France est responsable de la durée de la guerre car elle se serait opposée aux bombardements de certaines cibles ?)

Je ne peux que me référer aux propos du président de la République -- et je tiens d'ailleurs le texte à votre disposition -- du 10 juin 1999, sur TF1 : ''pas une seule frappe, et il y en a eu environ 22 000, pas une seule frappe n'avait été faite sans l'accord de la France''. Et je peux aussi me référer aux propos du porte-parole du Pentagone, M. Kenneth Bacon, tenus hier sur la même question. Il a souligné quelque chose qui me paraît important, que le veto par rapport aux choix des cibles est un droit que les pays sont autorisés à exercer, conformément aux règles de l'OTAN. Et c'est vrai que la France s'est exprimée de façon très claire. Dans certains cas, elle a fait valoir des objections ou des réserves. Je suis d'accord avec M. Bacon pour rappeler le droit des pays membres de l'Alliance, de soulever des objections au sein de l'OTAN. C'est, comme vous le savez, une organisation qui opère par consensus et ce que je note finalement, c'est que, même s'il y a eu discussion, ensuite il y a eu un accord, c'est-à-dire que le consensus a toujours été respecté et enfin, de plus, cette campagne aérienne a été un succès.

(La critique ne porte pas là-dessus.)

C'est uniquement une question de traitement de l'information par la presse qui cherche à monter une polémique autour de cela.

(Mais le général Short ne conteste pas le veto, il critique les conséquences.)

J'ai répondu, j'ai rappelé que cette action militaire avait été un succès.

(Oui, mais considérez-vous que cette campagne a été un succès qui aurait pu être réalisé avec 11 semaines de moins, comme il le dit.)

Je vous rappelle les propos du président de la République qui a justifié en toute clarté le fait que la France donnait ou non son accord aux sites retenus jour après jour, pendant toute cette campagne aérienne. Ce n'est pas un sujet de polémique franco-américain.

 RETOUR AU DOCUMENT PRINCIPAL