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Spécial Serbie

Elections présidentielles du 16/11/2003

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SERBIE : ELECTIONS  PRESIDENTIELLES, ACTE III

Pour la troisième fois en un an, les élections présidentielles serbes ont été invalidées, la participation n'ayant été que de 38,6% des inscrits. Tomislav Nikolic, le candidat du Parti radical serbe (extrême droite ultranationaliste) obtient 46,9% des suffrages exprimés, loin devant le candidat du camp démocratique, qui ne recueille que 35,3%. 

La coalition au pouvoir (DOS) en Serbie s'est auto-dissout, le 19 novembre, au lendemain de l'échec de son candidat, Dragoljub Micunovic, à l'élection présidentielle du 16 novembre invalidée en raison d'une trop faible participation. La coalition DOS, formée au début de l'année 2000 par 18 partis, avait renversé le régime de Slobodan Milosevic en octobre de la même année. 

"La DOS a accompli sa mission historique (la chute de Milosevic) et l'on peut considérer comme un miracle le fait qu'une telle coalition ait pu fonctionner" aussi longtemps, a souligné M. Micunovic, au terme d'une réunion au cours de laquelle a été officialisée la dissolution. "J'espère que tous les partis se retrouveront unis dans la lutte pour la démocratie et l'intégration de la Serbie à l'Europe", a-t-il ajouté.

"Ce succès donne des ailes au Parti radical serbe avant les élections parlementaires à venir", a commenté Nikolic lors d'une conférence de presse. "Ma victoire aujourd'hui est le signe que les forces patriotiques sont en train de gagner, celles pour qui la Serbie est au-dessus de tout". "C'est un message clair du peuple serbe: personne ne peut l'humilier, personne ne pourra plus lui faire peur", a ajouté le candidat du Parti radical, dont le chef Vojislav Seselj attend son procès pour crimes de guerre à La Haye.

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Trois ans après la chute de Slobodan Milosevic, alors que les réformes politiques et la transition économique piétinent, l'enthousiasme a fait place au désenchantement.

Six candidats se présentent mais la présidentielle serbe va se résumer à un duel entre réformateurs, au pouvoir depuis trois ans, et nationalistes, héritiers de l'ère Milosevic.

La coalition réformatrice a placé ses espoirs en Dragoljub Micunovic. Etudiant en philosophie à la fin des années 50, Dragoljub Micunovic se retrouve pour un temps sur l'île de Goli Otok, le "goulag" de la Yougoslavie communiste où sont morts des centaines de détenus pour s'être opposés à la politique du pouvoir. Entré en politique au début des années 60, ce professeur d'université de 73 ans a toujours mené le même combat : celui de la démocratie. Il est actuellement président du parlement de l'Etat de Serbie-Monténégro, qui a succédé en février dernier à l'ancienne Yougoslavie. Micunovic, qui a participé au renversement de Milosevic en octobre 2000, entend "sauvegarder les acquis de la démocratie», «constituer un solide rempart contre les forces nostalgiques du passé". Il plaide en effet pour un dialogue avec les Albanais du Kosovo, pour le rapprochement avec l'Europe et la coopération avec le TPI. "La Serbie est confrontée à un choix très clair : la démocratie et les réformes ou la restauration de l'ancien régime". Ce professeur de philosophie, qui a toujours défendu la démocratie, même du temps de Tito et de Milosevic, apparaît aujourd'hui comme l'un des rares hommes politiques capables de ramener le calme au sein de la coalition au pouvoir. 

Son principal adversaire sera Tomislav Nikolic, 49 ans, vice-Premier ministre sous Milosevic. Cet ultra-nationaliste surnommé le "fossoyeur" parce qu'il a été gérant d'un cimetière, a repris le flambeau de Vojislav Seselj, le leader du Parti radical (SRS), en prison au Tribunal de La Haye où il est inculpé de crimes de guerre.

Le leader ultranationaliste, qui termine ses meetings par des tonitruants «Vive la Grande Serbie», le mot d'ordre du Parti radical, a dédié son improbable succès de dimanche à Ratko Mladic et Radovan Karadzic, les anciens chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, inculpés de génocide par le TPI. «Ma victoire sera celle de ceux qui se cachent dans les montagnes et les forêts», a-t-il affirmé.

Dans les derniers sondages, Dragoljub Micunovic est crédité de 51 % à 56 % des voix selon les instituts, loin devant Tomislav Nikolic (de 21 % à 28 %).

 

RADIO FREE EUROPE 17/09/2003 - SERBIA TO VOTE FOR A PRESIDENT  AGAIN

Belgrade (20/09) : Vojislav Kostunica ne se représentera pas aux prochaines présidentielles

L'ancien président yougoslave Vojislav Kostunica, qui était arrivé en tête des suffrages lors des deux élections présidentielles serbes l'année dernière, ne se représentera pas au prochain scrutin de novembre, a annoncé vendredi son adjoint Dragan Marsicanin. "Il n'y a aucune chance pour que Kostunica se représente", a affirmé M. Marsicanin dans le quotidien serbe "Blic". 

Ce scrutin sera la troisième tentative d'élire le président de la Serbie depuis l'automne dernier. La décision de Vojislav Kostunica pourrait à nouveau conduire à un échec du scrutin. L'ancien président yougoslave est en effet présenté comme l'homme politique le plus populaire de Serbie, et son retrait pourrait encourager les électeurs à ne pas se rendre aux urnes.

Si l’élection devait à nouveau échouer, Natasa Micic président de l’assemblée qui joue le rôle de Président serbe depuis décembre dernier, continuera dans ses fonctions, ce qui convient tout à fait à la coalition, puisqu’elle est membre de la DOS.