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Spécial Serbie
Elections municipales du 19/09/2004
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http://www.balkans.eu.org/article4597.html
DANASPublié dans la presse : 20 septembre 2004
Mise en ligne : lundi 20 septembre 2004
La participation aux élections locales de dimanche n’a été que de 34% dans toute la Serbie, et 32% à Belgrade. Le Parti démocratique (DS) arrive en tête à Belgrade et beaucoup de grandes villes, mais l’extrême droite progresse encore, notamment en Voïvodine, où avaient également des élections pour le Parlement régional. Les partis de l’actuelle coalition gouvernementale essuient un nouvel échec.
Par B.T. et E.D.
Avec 34% des électeurs inscrits, la participation est arrivée à son plus bas niveau depuis les premières élections pluripartites en Serbie en 1990. Les électeurs devaient désigner les membres des futurs conseils municipaux, tandis que les maires des grandes villes étaient élus pour la première fois au suffrage majoritaire direct. Un second tour sera donc nécessaire dans la quasi-totalité des communes le 3 octobre.
Le Parti démocratique est en tête à Belgrade, Nis, Zrenjanin, Krusevac, tandis que la candidate radicale arrive en tête à Novi Sad. Le candidat du Mouvement serbe du renouveau (SPO) est en tête à Kragujevac, et celui de Nouvelle Serbie (NS) à Cacak. Le candidat du Parti de l’unité serbe (extrême droite) est en tête à Jagodina. Le Parti socialiste de Serbie (SPS) obtient de relativement bons scores, notamment à Cacak, et reprend la main à Pozarevac, la ville natale de Slobodan Milosevic, où il arrive en tête.
Les partis de l’actuelle coalition gouvernementale sont laminés, notamment le G17+, qui avait concentré ses efforts à Belgrade où sa candidate n’obtient que 2,8%. Le Parti démocratique de Serbie (DSS) accumule également les contre-performances, sauf à Belgrade. Le Premier ministre Kostunica se déclare pourtant satisfait, et écarte l’hypothèse d’élections législatives anticipées.
Les partis albanais dominent largement le scrutin à Presevo, tandis que la bataille pour le contrôle de Novi Pazar oppose violemment les partis bosniaques-musulmanes, la Coalition pour le Sandjak de Sulejman Ugljanin et le Parti démocratique du Sandjak (SDP) de Rasim Ljajic. Quelques incidents ont eu lieu à Novi Pazar.
Nenad Bogdanovic, le candidat du DS, l’emporte sur son adversaire radical Aleksandar Vucic, avec 33% des voix contre 29,8%. On ignore encore si la liste de Nebojsa Covic (Alternative démocratique / Parti social-démocrate) franchira le seuil nécessaire pour entrer au Conseil municipal, ce qui aura des conséquences importantes sur la répartition des mandats.
Sur 1 444 306 électeurs inscrits, 498 801 se sont rendus aux urnes. Nenad Bodganovic a obtenu 164 227 voix, Aleksandar Vucic 146 603. Le candidat du Parti démocratique de Serbie (DSS) au poste de maire, Zoran Drakulic, arrive en troisième position avec 15,2%. Il est suivi par Nebojsa Covic (5,9%). Jasmina Mitrovic-Maric, du Parti des forces de la Serbie de l’homme d’affaires Bogoljub Karic, obtient 3,6% et la candidate du G17+, Branka Bosnjak recueille 2,8%. Les candidats du SPS et du SPO ferment la liste.
L’analyste politique Vladimir Goati explique que ces élections révèlent une réalité politique bien différente de celle qui prévaut au gouvernement. Dans ces conditions, toutes les hypothèses sont possibles : un remaniement gouvernemental, de nouvelles élections anticipées, ou l’immobilité gouvernementale.
34% des 1 659 152 électeurs inscrits de Voïvodine se sont rendus aux urnes pour les élections municipales et régionales de dimanche. La Commission électorale régionale a indiqué qu’aucun incident sérieux n’avait été relevé, sauf dans la commune de Mali Idjos, où le scrutin sera annulé en raison d’une erreur figurant sur les bulletins de vote sur le nom d’un candidat.
La meilleure participation a été relevée à Bac, près de 54% des inscrits. À Novi Sad, elle s’établit à 40%, et tombe à seulement 20% à Alibunar, où les élections municipales n’avaient pas lieu dimanche.
D’après les informations communiquées par les partis politiques, le Parti radical serbe (SRS) arrive en tête, suivi du Parti démocratique (DS), de l’Alliance des Hongrois de Voïvodine (SVM), puis de la coalition « Ensemble pour la Voïvodine » (autonomistes), du Parti des forces de la Serbie (PSS) et du Parti démocratique de Serbie (DSS), mais aucun résultat officiel n’était encore disponible dans la nuit de dimanche à lundi, et l’on ignorait quels partis seraient en mesure de franchir le seuil de 5% nécessaire pour pénétrer au Parlement régional.
60 députés étaient choisis au scrutin proportionnel de liste, et 60 autres par un scrutin majoritaire de circonscriptions. Ces élus ne devraient être choisis qu’à l’issue du second tour, le 3 octobre.
Les élections régionales ont été observées par la mission de l’Union européenne, le bureau de Belgrade du Conseil de l’Europe et l’association « Krov » de Subotica.
À Novi Sad, environ 40% des 274 000 électeurs inscrits ont accompli leur devoir électoral. La candidate radicale au poste de maire, Maja Gojkovic, arrive en tête. Selon des résultats partiels, elle obtiendrait 38% des voix, devant le candidat du DS, Borislav Novakovic, qui obtiendrait 36%. Le candidat de la coalition « Ensemble pour la Voïvodine », Branislav Pomoriski, arrive en troisième position, avec 9%.
Au conseil municipal, les Radicaux obtiendront un tiers des 78 sièges, le DS presque autant, « Ensemble pour la Voïvodine » 10%, tandis que le DSS, le PSS et le SPS devraient franchir le seuil de 3% des suffrages.
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Publié dans la presse : 17 septembre 2004
Mise en ligne : dimanche 19 septembre 2004
En plus de promesses identiques sur le règlement des problèmes de la circulation et de la voirie, les candidats à la mairie de Belgrade ont exprimé quelques idées plus originales : Belgrade doit ressembler à New York, Novi Beograd à Manhattan. Bilan d’une campagne électorale. Le contrôle de la capitale serbe est l’enjeu majeur des élections municipales de dimanche.
Par Vera Dedivanovic
Après des péripéties inattendues avec des signatures falsifiées de soutien, neuf candidats sont sur les listes pour la fonction de maire de Belgrade. Dans la lutte pour le pouvoir dans cette capitale de deux millions d’habitants, se sont engagées 39 listes électorales de partis politiques plus ou moins connus, de coalitions, d’associations de citoyens ou de candidats indépendants, qui se sont présentés pour l’élection de 90 conseillers municipaux dans la nouvelle assemblée municipale.
L’enjeu est de taille pour le « troisième homme de Serbie », et il est évident que la campagne électorale a été menée très soigneusement. Il n’y a pas eu de coups bas en public. Les candidats ont fait des promesses pratiquement identiques, basées sur les problèmes vitaux de Belgrade et des propositions déjà connues pour les régler, avec très peu de nouvelles idées exotiques comme certains candidats savaient autrefois en donner pour égayer l’opinion publique.
Néanmoins, les deux principaux concurrents ont appris ces dix derniers jours de campagne, une nouvelle peu agréable. À peine venait-il de démentir à tous les médias serbes la rumeur que le Président Boris Tadic, leader du parti dont il est candidat, ne le soutenait pas, mais qu’il « complotait » secrètement avec son concurrent Zoran Drakulic, le candidat du Parti démocratique (DS), Nenad Bogdanovic apprenait que son concurrent Drakulic avait rendu visite à Tadic à l’hôpital où il était entré en raison de « légers problèmes de santé » depuis plus d’une semaine.
Le candidat démocrate, qui a de grandes chances de battre son concurrent radical, Alexandre Vucic, a dû avouer publiquement qu’il n’avait pas rendu visite à son chef de parti et reconnaître ainsi sa mésentente avec Tadic. En déclarant qu’il avait parlé avec Tadic des futures relations entre le DS et le DSS, son rival Drakulic a donné comme argument une autre théorie qui alimente la rumeur dans les rues de Belgrade, et selon laquelle un accord fair-play aurait déjà été conclu entre le DS et le DSS sur une coalition post-électorale, au niveau municipal.
La raison de l’énervement des candidats n’est pas seulement une chance amoindrie d’obtenir un salaire pas si élevé d’environ 40.000 dinars (approximativement 700 euros). Outre l’influence du choix sur le développement de la situation politique globale, le parti qui obtiendra le rôle clé dans le pouvoir local à Belgrade aura aussi le droit de gérer le budget (cette année il était de 450 millions d’euros), les terres et les espaces commerciaux ainsi que la possibilité de prendre les décisions lors de nombreux concours et appels d’offres. En fonction de l’appartenance (pouvoir ou opposition), ces pouvoirs sont vus comme « un souci et des responsabilités », ou bien comme des « privilèges », voire une « occasion de s’enrichir ». Les opposants, comme d’habitude, accusent le pouvoir de corruption et promettent de faire une enquête détaillée pour établir la responsabilité après le changement de pouvoir, ce qui jusqu’à présent n’est jamais arrivé. Les représentants du pouvoir quant à eux affirment que tout ce qu’ils ont fait est « propre », ce pour quoi ils espèrent une prolongation de leur mandat afin de continuer les affaires en cours et celles planifiées.
Ces affaires sont justement celles que l’opposition promet d’effectuer mais, bien sûr, plus vite, de manière plus efficace et moins coûteuse. Ainsi, Belgrade devrait avoir un pont sur la Sava et un autre sur le Danube, un périphérique autour de la ville, le règlement des problèmes de voirie, y compris l’aqueduc... Le plus incertain reste la construction du métro tant désiré : tandis que Bogdanovic parle de la construction d’un métro « léger », avec une première ligne fin 2005 ou début 2006, Vucic promet un métro « lourd » dans une période de 4 ans, Jasmina Mitrovic-Maric est aussi pour le métro « lourd », Nebojsa Covic pense que « pendant les travaux de construction de Prokop, il faudrait examiner s’il faut construire un métro léger ou lourd », tandis que Zoran Drakulic affirme que ce sont des plans loin de la réalité et qu’il n’y a pas les conditions requises pour débuter les travaux du métro dans les huit prochaines années.
Cependant, le plus grand débat a eu lieu au sujet de la construction de nouveaux logements. En s’adressant au corps électoral des locataires, au nombre d’environ 400.000 à Belgrade, Vucic a été très prometteur en avançant la construction de 17 000 logements par an au prix de 350 à 400 euros le mètre carré. Drakulic évalue le prix de la construction à 500 euros/m2, Bogdanovic avance le prix de 600-700 euros, alors que l’architecte Branka Bosnjak, candidate du G17+ dit que le prix réel des logements pour l’année prochaine sera de 750 euros/m2.
Au cours de la campagne électorale, pratiquement tous les candidats ont annoncé le redémarrage de l’économie et la réduction du nombre de chômeurs. Mais c’est le candidat du DSS, Zoran Drakulic qui, en évoquant le fait qu’il se présente comme candidat à la fonction de maire et non pas de Premier ministre, a déclaré que « le maire devait sortir de la fonction bureaucratique » et que, s’il était élu, il s’occuperait de tout ce qui est sur le territoire de Belgrade. Zoran Drakulic a promis de faire venir des investisseurs dans la société agonisante de Rakovica, mais il n’est pas le seul en cela, car Jasmina Mitrovic-Maric a annoncé également la « relance de IMR ». On a évoqué de prochains investissements étrangers pour des montants de plusieurs millions.
Les prétendants à la fonction de maire ont dépensé beaucoup d’énergie en parlant de la santé, des enfants, des retraités, de la répression de la corruption et des monopoles, de la légalisation, des toxicomanes, des invalides, des nouvelles mairies de quartier, des services aux citoyens, de la propreté... Il y eut aussi des exemples : ainsi le leader du Parti radical, connu pour son anti-américanisme, Aleksandar Vucic, a promis de faire de Belgrade le « New York des Balkans ». Il se lèvera le matin à 5 heures du matin pour vérifier si les autobus et tramways sont propres, le vendredi de 8 à 24h il recevra les citoyens pour entendre leurs plaintes et suggestions... Jasmina Mitrovic-Maric, la candidate du parti de l’homme d’affaires Bogoljub Karic, a aussi évoqué New York en promettant aux citoyens de Novi Beograd que cette partie de la capitale, gérée par sa main, deviendrait un autre Manhattan. Elle a promis que les jardins d’enfant travailleraient en deux équipes, que chaque dispensaire aurait un service de gynécologie, et qu’elle renoncerait à son salaire à des fins humanitaires en se satisfaisant de sa rémunération de 93.000 dinars (environ 1400 euros), qu’elle reçoit de la Fondation Karic où elle continuera à travailler. Et, si elle devient maire, elle travaillera jusqu’à son accouchement car elle a l’intention d’avoir un troisième enfant. Or, on parle surtout de l’idée de son leader du parti (qu’elle a qualifié de « Bill Gates serbe »), selon laquelle les rives du Danube devraient avoir des plages « où les femmes se baigneraient en tanga et topless, tandis que les hommes pourront se baigner nus ».
En plus des thèmes principaux sur la circulation, la voirie, les logements, les autres candidats se sont aussi efforcés de mentionner au moins quelque chose pour se différencier des autres. Zoran Drakulic a annoncé la création d’une police municipale, Dragan Kojadinovic a proposé de donner le bâtiment de la Banque populaire de Serbie au Musée National, d’avoir à Belgrade 23 mairies au lieu des 17 actuelles, et il a promis des courses de Formule 1 dans la capitale. Branka Bosnjak, du G17+, outre son engagement à développer les 17 mairies de manière égale, a annoncé l’augmentation du nombre d’asiles pour les chiens errants, tandis que Nebojsa Covic s’est engagé pour la dénationalisation, le règlement du statut de Belgrade et le déplacement du Jardin zoologique sur l’île de Veliko ratno. Le candidat Slobodan Vuksanovic, qui s’est présenté bien avant que les élections ne soient organisées, a parlé surtout de la santé et de la sécurité, en mettant l’accent sur la lutte contre la drogue dans les écoles, et il a promis d’introduire une charte du citoyen d’honneur pour ceux qui se distinguent dans le travail humanitaire. Pour Zarko Obradovic, du Parti socialiste de Serbie, il s’agit en premier lieu de réexaminer les activités des autorités belgradoises, d’augmenter le nombre des mairies, et l’un de ses objectifs est de restaurer la tour du mont Avala, détruite lors des bombardements de l’OTAN en 1999, à l’époque du règne de son parti.
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© Le Courrier des Balkans pour la traduction
Publié dans la presse : 22 janvier 2004
Mise en ligne : mercredi 28 janvier 2004
La résurgence ultranationaliste des récentes élections en Serbie a été le détonateur d’une vague d’attaques contre les non-Serbes dans la province multiethnique.
Par Jan Briza à Novi Sad
Les communautés minoritaires de la province de Voïvodine dans le nord de la Serbie sont en ébullition après la progression stupéfiante des ultranationalistes serbes, ce qui a fait craindre le retour de la violence ethnique des années quatre-vingt-dix.
Les habitants de la capitale de la province, Novi Sad, ont été réveillés par des foules éméchées les 13 et 14 janvier, le Nouvel An serbe, aux cris de « Debout les Serbes, allons égorger les Croates ! Debout les Serbes, allons égorger les Hongrois ! »
Petar Dedjanski, un Serbe du coin, a été réveillé par un groupe d’une vingtaine de jeunes gens ivres sous sa fenêtre. « Ils criaient d’horribles menaces et chantaient des chants de Tchetniks », a-t-il rapporté, faisant allusion aux combattants nationalistes serbes de la deuxième guerre mondiale. Petar Dedjanski nous a confié qu’ils ne sont partis que lorsqu’il a appelé la police.
Marina Fratucan, journaliste d’origine roumaine à Novi Sad, a connu une peur identique. Réveillée par un coup de sonnette, il lui fallut faire face à un groupe de jeunes voyous qui criaient des insultes. « Ils ont terrifié mon fils de huit ans et ne se sont finalement enfuis qu’à l’arrivée de la police ».
Marina Fratucan a déjà été la cible fréquente des nationalistes serbes parce qu’elle travaille pour Radio Free Europe. Ils l’avaient étiquetée comme « traîtresse au peuple serbe ».
Le parti de Vojislav Seselj, qui pour l’instant est accusé de crimes de guerre au tribunal de La Haye, est devenu le plus important parti du nouveau Parlement et il a obtenu son meilleur score en Voïvodine, où il a remporté 35 des 45 municipalités. Les Radicaux n’ont été battus que dans huit municipalités hongroises du Nord et dans deux où dominent les Slovaques.
Ces résultats ont fait frissonner la trentaine de communautés ethniques de Voïvodine, où les Serbes représentent 65 % des deux millions d’habitants. Les Hongrois constituent la minorité la plus grande, avec 290 000 personnes, soit un peu plus de 14 %.
Tout de suite après le début de la campagne, le cimetière catholique de Novi Sad, où Hongrois, Croates et d’autres groupes minoritaires sont enterrés, a été saccagé. La police a accusé deux jeunes, même si les médias n’ont pas pu croire que seuls ces deux jeunes avaient pu faire tant de dégâts.
Comme dans les années 90, les attaques les plus violentes ont été menées contre les Croates qui restent en Voïvodine. Pendant les élections, le Président du Conseil national croate a été attaqué.
Pendant la célébration du Noël Catholique, des emblèmes serbes, dont une croix ornée de quatre S en cyrillique ont été étalés sur la voiture d’un journaliste du quotidien de Zagreb, Jutarnji List et d’autres visiteurs du centre culturel de Subotica, près de la frontière hongroise.
A Tavankut, la ville la plus au nord de Voïvodine, essentiellement peuplée de Croates, un monument dédié à Matija Gubec, dirigeant croate paysan du Moyen-Age, a été par deux fois vandalisé. La première fois dans la nuit du 28 décembre, alors que l’on décomptait les votes. Il fut à nouveau abîmé pendant les fêtes du Nouvel an.
Les fenêtres du centre culturel croate de Sombor ont aussi volé en éclats, alors que l’on faisait descendre une croix dans le village de Mala Bosna.
Les menaces les plus sérieuses ont été faites au téléphone à l’hebdomadaire Hrvatska Rijec, à plusieurs reprises à la mi-janvier par un homme prétendant représenter le Mouvement Tchetnik de Subotica. « Si votre journal sort encore une fois, je vais tous vous tuer. Vous avez tué mon fils », continuait la voix anonyme. Le rédacteur du journal, Zvonimir Perusic, a ajouté que la voix leur avait souhaité à tous « une heureuse nouvelle année Tchetnik » et répété la menace. « Nous allons tous vous tuer ».
Ces attaques ne sont pas passées inaperçues. Le Bureau d’information du Conseil des ministres du 15 janvier pour la Serbie et le Monténégro a exigé une réponse rapide de la police et des tribunaux.
Les organisations internationales de journalistes, y compris l’organisation des médias pour l’Europe de Sud Est, (SEEMO), ainsi que l’Institut de la Presse Internationale, (IPI) ont demandé aux autorités serbes de mener l’enquête.
Le Président de la Ligue des socio-démocrates de Voïvodine et le Président du Parlement de Voïvodine, Nenad Canak, a accusé les Radicaux de répandre des idées fascistes et ont demandé avec force que le parti soit interdit.
Nenad Canak a été l’un des rares dirigeants à oser s’opposer au nettoyage ethnique des Croates et d’autres minorités de Voïvodine par les Radicaux dans les années 90.
La vague d’attaques et de menaces a réveillé le pénible souvenir des guerres de 90, quand les Radicaux de Vojislav Seselj ont essayé de « nettoyer ethniquement » la Voïvodie. Les Croates étaient particulièrement visés et plus de dix mille ont été obligés de fuir en juin, juillet et août 1992.
L’incident le plus notable s’est passé au village de Hrtkovci, où plus de 450 Croates et de familles mixtes ont été jetées hors de chez eux après le passage de Vojislav Seselj. Ses partisans ont même « serbisé » le nom du village que l’on appela alors « Srbislavci ».
Jovan Komsic, sociologue, dit que la victoire des Radicaux en Voïvodine peut avoir des conséquences dramatiques. « La majorité de leurs électeurs ont effectivement choisi une vision de la Serbie constamment en guerre avec ses voisins puisque la plate-forme politique du Parti radical serbe est la Grande Serbie », confiait-il au quotidien de Voïvodine Dnevnik.
Portant, les Radicaux rejettent ces accusations qui veulent les rendre responsables des incidents nationalistes. Le vice-président, Tomislav Nikolic va même jusqu’à affirmer que ces accusations sont infondées.
« Il ne nous faudra que cent jours au pouvoir pour que tous ceux qui disent que nous sommes fascistes, changent d’avis. Nous prouverons qu’ont tort tous ceux qui pensent que nous ne savons que harceler, insulter ou persécuter les gens. Nous prouverons qu’ont tort ceux qui pensent que nous sommes incapables de former un gouvernement démocratique ».
Quant aux victimes des attaques, elles paraissent déterminées à mettre de côté la dernière vague d’hostilité. Antun Merkovic, Croate de Tavankuta, a affirmé que les dernières intimidations n’avaient pas réussi à faire s’enfuir les Croates. « Quoi que puissent dire les Radicaux, nous resterons tous ici. »
Il a même osé l’humour noir sur le sort de sa communauté : « après avoir remporté le scrutin, Vojislav Seselj a envoyé des sandwiches à tous les membres des minorités ethniques de Voïvodine. Il en a donné un à chaque Croate et un à chaque Hongrois, mais deux à chaque Slovaque. Interrogé sur cette iniquité, Seselj répond : "ils ont plus de route à faire" »...
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